Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires d'immeubles

La maison du Petit Chaperon Rouge

La maison du Petit Chaperon Rouge : un magasin de nouveautés traversant plusieurs régimes politiques du XIXe siècle

 

Existante depuis le Moyen Age, la rue Saint Honoré était déjà à l’époque de la Monarchie de Juillet un axe de vente de mode et nouveautés. Le magasin du Petit Chaperon rouge, situé à l’angle de la rue et de celle du marché Saint Honoré en est un souvenir.

 

Les agrandissements d’une ancienne maison

« Grand magasin de nouveautés du Petit Chaperon Rouge, rue Saint Honoré 326, au coin de celle du Marché Saint Honoré.

Bonnet et Delaisse, venant de donner une extension considérable à leur maison, préviennent les dames qu’ils pourront donner de très grands assortiments d’étoffes pour l’hiver à des prix très modérés. » Journal des débats politiques et littéraires du 18 novembre 1838.

Ainsi, comme ce fut le cas pour plusieurs maisons de la rue Saint Honoré, le Petit Chaperon Rouge fit des agrandissements pour se transformer véritablement en marchands de nouveautés et pouvoir « prévenir les dames » de la sorte…

Noter la date : novembre 1838… dix ans avant la Révolution aboutissant ensuite la prise de pouvoir par Louis Napoléon Bonaparte, pourtant considéré comme l’époque où les grands magasins sont apparus… Nous sommes alors au temps de la Monarchie de Juillet et Paris commence à se couvrir de ce type de magasins, comme le Petit Chaperon Rouge le témoigne.

 

Reconduction d’une société

L’histoire se poursuit bien des années plus tard. Bien sûr, le magasin du Petit Chaperon Rouge avait poursuivi ses ventes de nouveautés. Mais on trouve une trace intéressante dans le Moniteur du 18 septembre 1863.

« D’un acte sous seings privés fait double à Paris, le neuf septembre mil huit cent soixante-trois, enregistré dans la même ville le dix du même mois.

Entre M. François Antoine Brémontier, négociant, demeurant à Paris, rue Saint Honoré, n° 326, et M. Stanislas Brémontier, négociant, demeurant à Paris, rue Saint Honoré, n° 326, il appart :

Qu’une société en nom collectif a été formée entre les parties pour l’exploitation d’une maison de nouveautés, sise à Paris, rue Saint Honoré, n°326, à l’enseigne du Petit Chaperon Rouge ;

Que la durée de la société sera de cinq années qui ont commencé à courir le premier septembre mil huit cent soixante-trois, pour finir le trente et un août mil huit cent soixante-huit ;

Que le siège est à Paris, rue Saint Honoré, n°326 ;

Que la raison sociale est Brémontier Frères ;

Que la signature sociale appartient aux deux associés mais qu’ils n’en pourront faire usage que pour les besoins et affaires de la société ».

 

Récit d’un vol à l’étalage

Tout comme Emile Zola le décrivait dans le Bonheur des Dames, les magasins de nouveautés étaient confrontés à de nombreux vols. Voici le récit d’une histoire arrivée en 1864, et publiée dans le Moniteur du 5 avril.

« Samedi, vers huit heures du soir un homme de fort haute taille, paraissant âgé d’une quarantaine d’année, passait sur le trottoir de la rue Saint Honoré, lorsqu’arrivé à hauteur des magasins de nouveautés du Petit Chaperon Rouge il avisa des pièces de reps pliées et empilées les unes sur les autres près de la porte d’entrée. Se haussant sur la pointe des pieds, il atteignit la pièce la plus élevée la mit sous son bras et continua son chemin sans plus de façon.

Cependant, si prompte qu’eût été l’action de cet homme, un garçon limonadier l’avait vu enlever la pièce et se mit à crier : Au voleur ! L’alerte ainsi donnée, les employés de la maison de nouveautés sortirent aussitôt et se précipitèrent à la poursuite de l’audacieux voleur, qui malgré sa vive résistance, fut saisi et conduit au poste de sergents de ville de la place du Marché Saint Honoré. Là, cet homme qui avait l’allure de quelque repris de justice, répondit avec une moqueuse ironie au chef de poste, qui lui annonçait qu’il allait être conduit au dépôt de la préfecture : « On y va, mais on peut en revenir ».

 

La liquidation finale s’étalant sur plusieurs mois

Même si le magasin était apparu sous le format de nouveautés dés la fin des années 1830, il ne survécut pas aux années 1860. Ainsi, on publia à partir de mai 1869, de nombreux avis sur sa liquidation.

« Lundi 3 mai et jours suivants, au Petit Chaperon Rouge, pour cause de changement d’industrie, liquidation de 2 millions de marchandises à 50% de rabais. »

Il y avait tellement de marchandises que la liquidation prit fin seulement en octobre de la même année.

 

Sources bibliographiques :

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