Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Les reines du bal Mabille

Les reines du bal Mabille, éphémères, mais qui marquèrent les différentes époques de ce bal, près des Champs Elysées

 

Les premières reines de Mabille au temps de la Monarchie de Juillet

Mademoiselle de Pomaré, dite Brin d’amour, était la reine du Bal Mabille. Née à Paris en 1813 d’un père bedeau de Notre Dame des Champs, et d’une mère revendeuse de linge. Après s’être exercée de nombreuses fois au Bal de l’Opéra, elle vint à Mabille danser la polka. Elle ne brillait pas par sa beauté mais ses hanches amplifiaient son jeu de quadrille.

 

Née dans le faubourg Saint Jacques, dans le sud de Paris, Maria avait débuté à la Chaumière et au Prado. Une nuit d’hiver, un étudiant du Prado l’invita Maria à la sortie du bal masqué. Toutefois, il logeait au-dessus d’un boulanger qui refusa de la laisser passer. Pour outrepasser l’interdiction, il proposa de la faire monter à l’aide d’un panier et d’une poulie. Toutefois, il cessa de la faire monter, une fois arrivée au milieu de l’immeuble.

Maria faisait partie des lorettes, ces prostituées qui avaient investi le Bal Mabille. Pendant sa période faste, elle apparaissait couverte de perles.

 

Céleste Mogador fut la légende des lieux. Elle marqua avec sa danse le bal du 26 septembre 1844. Ce soir-là, les participants du bal lui donnèrent une couronne de fleur pour sa polka.

 

Clara Fontaine arriva à Mabille avec la polka, qu’elle dansait auparavant à la Chaumière. Elle était connue pour ses formules scientifiques qu’elle utilisait dans sa conversation.

 

Mademoiselle Ruminante naquit le 1er avril 1820 au pied de la chaîne du petit Atlas en Algérie. Au moment de la prise d’Alger, elle s’éprit d’un soldat. Surprise par son père, elle dut s’enfuir et devint cuisinière de l’armée française. Arrivée à Paris, elle alla au théâtre des Variétés. Elle fut repérée par Pomaré qui l’emmena avec elle au Bal Mabille.

La seconde dynastie des reines de Mabille régna au cours des années 1850

Rigolette venait du quartier latin. Paul Mahalin raconte qu’elle ne portait pas de corset et était toujours accompagnée par un des premiers négociants de Paris. Rose Pompon était une fumeuse invétérée. Musquette menait vie de bohème avec des jeunes hommes de la rue Laffitte ou du faubourg Saint Germain.

Frisette était brune. On raconte que lorsqu’un étudiant lui déclara sa flemme, elle aurait répondu : « Mon cher, on vient de m’offrir une douzaine d’huitres : c’est onze de plus, et il y a un citron par-dessus le marché. »

Amélie Panache portait perles, bracelets et dentelles à Mabille. Elle était fameuse pour son éventail.

Louise Mousqueton était aussi un grand personnage des lieux. Née à Metz, elle rejoint Paris, suivant un écolier partant en vacances. Trainant dans les rues, elle fut placée dans un magasin de mode. Habituée du bal de l’Opéra, elle faisait fureur à Mabille, sous le patronage de Pomaré.

Pélagie attirait nombre de soupirants et bénéficiait de leur largesse.

Enfin, on peut citer également quatre transfuges du Prado : Séraphine, Pavillon, Pochardinette et Miss Fauvette.

 

Les dernières reines de Mabille

Alice la provençale était une reine du quadrille. Elle y consacrait toute son énergie, intégrant dans sa danse diverses clowneries. Pendant deux ans, elle donna des soirées sur le Boulevard du Temple.

A force de l’entendre, Finette crut qu’elle était créole en raison de la teinte de sa peau. Elle revendiquait en effet être la fille d’un charbonnier.

Rosalba compensait sa laideur par une formidable technique de danse, amplifiant ses mouvements par les jeux de robe. Un soir, on lui demanda pourquoi elle avait pris pour amant un brésilien noir : « Mes enfants, parce que je suis en deuil. »

 

Sources bibliographiques :

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