Histoires de Paris

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Histoires de quartier

Le Montmartre de Roland Dorgelès

Le Montmartre de Roland Dorgelès : la vie de bohème avant 1914 et les souvenirs d’un écrivain journaliste…

 

Pour comprendre Montmartre, il nous semble utile de partager des histoires de parisiens qui ont connu son heure de gloire. Bien sûr, il y a les célèbres artistes, peintres et écrivains… Mais il y a aussi d’autres personnages, influant dans leurs temps mais dont les souvenirs disparaissent progressivement. C’est ainsi qu’en lien avec un article du Blog de Paris Libris, nous évoquons le Montmartre de Roland Dorgelès et ses souvenirs de bohème.

 

Qui était Roland Dorgeles ?

Voici un brin de l’histoire d’un parisien étrange ! Né en 1885 à Amiens, sous le nom de Roland Maurice Lécavelé et diplômé de l’école d’architecture de Strasbourg, c’est pourtant Montmartre qui marqua son œuvre, entre récits littéraires et récits journalistiques.

A pratiquement vingt ans, la guerre le rattrapa, lui qui avait pourtant été dispensé de rejoindre l’armée en raison de ses soucis de santé. Avec elle, il participa aux combats en Argonne et à Rouen, puis aux batailles d’Artois, laissèrent des traces dans son œuvre poétique. C’est ainsi que le rappelle un de ses amis, André Billy, qui lui dédie un portrait dans les Annales politiques et littéraires du 1er juin 1928.

Peu de temps avant la fin des hostilités, il s’engage dans le journaliste, rejoignant ainsi Paul Vaillant Couturier et Henri Béraud au Canard Enchaîné. Il n’hésite pas dénoncer ceux qu’il juge profiter du conflit. En parallèle, il publie son roman, les Croix de Bois sur la guerre. Ainsi, le conflit occupa aussi une part importante de son œuvre.

Au cours des années folles, il poursuit ses publications et entre dans l’Académie Goncourt à partir de 1929. Il présida même la prestigieuse institution littéraire à partir de 1954, jusqu’à sa mort en 1973.

A en croire Maurice Astruc, dans son article de la Femme de France du 28 septembre 1930, son élection « a fait plus parler d’elle qu’un scrutin à l’Académie Française ». Il était dés le début favori, mais il fallait pour que cela fonctionne à merveille que le décorum du restaurant Drouant lui donne son prestige.

 

Montmartre et Roland Dorgelès

C’est à Montmartre, que Dorgelès fait ses premières armes littéraires, juste avant la Première Guerre mondiale. Il voulait ressembler à Baudelaire et à Nerval, épris de ce romantisme et soutenu en 1912 les gilets rouges

A la sortie de la guerre, Roland Dorgelès retourne à Montmartre pour retrouver sa véritable vie de bohème. André Billy, dans son portrait publié dans les Annales politiques et littéraires du 1er juin 1928, le décrit comme un personnage en mouvement, avec un charisme fort en petit comité mêlant au rythme de ses récits les grands gestes.

A Montmartre, d’après André Billy, ce n’était pas véritablement un flâneur. « Il s’avance et il n’a pas l’air de presser le mouvement mais il va vite. » « Il a toujours l’air de suivre une idée ».

Ainsi le Montmartre de Roland Dorgelès est celui du mouvement. Pour André Billy, il ressemble sur ce point à Henri Béraud, assumé ses habitudes bourgeoises, partageant sa vie entre Paris et Arcachon.  

A la fin des années 1920, il vivait, non à Montmartre mais dans le quartier de l’Europe, dans une ambiance de style Directoire, avec des châles de Chine et d’Espagne, mais sous le regard d’un portrait de Bruant réalisé par Toulouse Lautrec.

 

Une source d’inspiration littéraire

Pour Roland Dorgelès, Montmartre et la vie de bohème qu’il y avait vécu après la guerre était une véritable source d’inspiration. C’était là, finalement qu’il rattrapait ses années de jeune adulte au front, pris par les soirées au Lapin Agile…

Ainsi, en 1925, il publie « Montmartre, mon pays ».

Les années suivantes, il aimait donner des conférences sur ses souvenirs à Montmartre, y racontant sa vie aux côtés de Francis Carco, d’Utrillo, d’André Warnod, Henri Béraud, Van Dongen, Gaston Modot, Pierre Mac Orlan. Dans ses récits, il évoquait aussi Guillaume Apollinaire et Picasso…

En 1932, c’est au tour de « Château des brouillards » dont nous lisons une critique de Georges le Cardonnel dans le Journal du 6 septembre 1936. On y trouve ses souvenirs, mélangé selon ce dernier, avec « des histoires qui devaient contribuer au folklore montmartrois ».

 

« Montmartre, mon pays »

Intéressons-nous plus en avant sur cet ouvrage, décrit également dans le blog de Paris Libris. Nous sommes ici dans un Montmartre à la veille de la guerre, où Dorgelès, ayant moins de vingt ans vivaient avec des artistes à l’extérieur du centre de la capitale.

Cette vie de bohème, c’était du pur romantisme, entre la détente en buvant du lait sur le bord de la fenêtre, et les vieux arbres du château des Brouillards. Ce qui regroupait ces jeunes gens, c’était leurs convictions « antitout », regroupant ainsi leur diversité d’origine sociale. Tous vivaient sous les lilas, ainsi qu’une célèbre chanson le rappelle.

Dorgelès raconte d’ailleurs qu’alors, des jeunes artistes, peintres comme écrivains, qui peignaient en haut de la butte avec de dures difficultés financières et qui rencontraient le succès après la guerre.

 

Sources bibliographiques :

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