Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de Seine

Les bateaux militaires à Saint Cloud lors de la guerre de 1870

Les bateaux militaires à Saint Cloud lors de la guerre de 1870 : à la place des canotiers des soldats armés !

 

Pour cet article, nous allons céder à la plume au Petit Journal du 9 septembre 1870. En ce moment, Paris et sa banlieue se préparent. Ce n’est pas le temps de la fête. Non, les fusils menacent. Les Prussiens filent vers la capitale et compte par un lourd siège faire tomber la ville.

Ainsi, pour eux, la victoire serait totale.

Plusieurs moyens de préparer la défense de la ville : renforcer le nombre de soldats, inspecter et muscler le système d’enceinte et de forts et installer sur la Seine des bateaux militaires. C’est le cas à Saint Cloud.

 

Des bateaux de guerre à la place de ceux de plaisance

« Qui l’eût jamais pensé ! Saint-Cloud, la ville des mirlitons, la patrie des pains d’épices, cette oasis des Parisiens en gaieté, a renoncé aux flonflons et à la gaudriole, et prenant une physionomie sévère, s’est mis au diapason de ‘la France, et s’est improvisé port de mer. En effet, les flots paisibles de la Seine sont sillonnés par de vrais navires de guerre, des navires cuirassés et des marins, qui n’ont rien de commun avec les marins d’eau douce, voir même avec les intrépides canotiers d’Asnières et d’Argenteuil, ont dressé leurs tentes, et sont campés : « Sur ces bords fleuris qu’arrose la Seine, une flottille de chaloupes canonnières se balançait aujourd’hui devant l’avenue du Château et, pour que l’illusion fut complète, un vent violent de nord-ouest soulevait les flots de la rivière, si calme d’ordinaire, d’une façon inaccoutumée les embarcations diverses étaient ballotées par le roulis et le tangage et plus d’un voyageur sur le bateau à vapeur la Mouche éprouvait les symptômes du mal de mer. »

 

Des bateaux en fer, lourdement armés

« Les chaloupes canonnières, de dimension beaucoup plus restreinte que les bateaux à vapeur de la Seine, sont complètement construits en fer, mais leur ressemblent sous plus d’un rapport.

Seulement, les deux côtés de l’avant sont protégés par des plaques de métal qui se dressent fort au-dessus du niveau du pont, formant paravent, mais d’une façon assez disgracieuse. Entre les plaques qui se joignent sur l’avant, un étroit espace est ménagé pour laisser passer un canon en cuivre poli, de longue portée, qui est servi par des artilleurs de la flotte.

 

La partie la plus étrange de cette flottille est sans contredit celle qui se compose des bombardes ou batteries flottantes.

Ce sont des sortes de pontons en fer, carrés aux extrémités :  dont le pont bombé ressemble à une chaudière de machine vapeur. Elles sont comme les canonnières mues par un système particulier d’hélices, et surmontées de deux cheminées jumelles. L’aspect de ces bombardes est loin d’être flatteur à l’œil ; elles sont armées de fortes pièces d’artillerie lançant des engins meurtriers et pouvant au besoin vomir la mitraille.

Ces petits bâtiments ayant un faible tirant d’eau, se prêtent à tous les genres d’évolution sur la Seine, avec la plus grande facilité.

Celles qui sont mouillées devant le parc de Saint-Cloud sont destinées à protéger Paris, du côté de la Basse-Seine ; tandis que le côté d’en haut est défendu par une pareille flottille, stationnant dans les parages de Charenton. »

 

Une vision terrible

« En voyant ces terribles machines de guerre prêtes à vomir la mort et la destruction, ancrées le long de ces rivages, on croit rêver réellement ; et on est obligé de promener plusieurs fois un regard indécis sur les coteaux verdoyants du parc, sur la ville étagée en amphithéâtre, sur l’église et le clocher pittoresque, pour s’assurer qu’on est bien éveillé et qu’on est en face d’une triste et fatale réalité.

 

Oui, Saint-Cloud est en ce moment un petit port de guerre car, les coups de la hache alternent sur ses rives avec le marteau du calfat, et ses échos retentissent du bruit strident de l’enclume, battue par les ouvriers de nos usines maritimes »

 

Sources bibliographiques :

 

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