Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

L’étymologie de l’argot des gamins de Paris

L’étymologie de l’argot des gamins de Paris : des mots aux origines anciennes et véritablement inattendues…

Dans les années 1850, sous le Second Empire, le gouvernement s’intéressa au langage utilisé dans les théâtres parisiens. Parmi ceux-ci, on trouvait l’argot que pouvaient utiliser les gamins de Paris dans les rues. A cette occasion, Edouard Fournier revient dans ses Enigmes des rues de Paris sur l’étymologie de certains mots.

La binette : de la perruque à la tête

Quand on connait son histoire, étonnant de voir ce mot dans les bouches des gamins des rues de Paris au milieu du XIXe siècle. En effet, cette histoire est en lien avec Louis XIV. Le roi soleil faisait faire sa perruque pour masquer ses troubles capillaires à un certain M. Binet.

De fait, sa boutique, située dans la rue des Petits Champs fut rapidement « hantée par la plus nombreuse et la plus noble clientèle » pour reprendre les mots de Fournier. Toute la journée, on lui criait : « Vite, vite, une de vos plus belles perruques, M. Binet ! »

Ainsi, il était très couru de déambuler dans Paris coiffé d’une volumineuse binette.

Rapidement, les intellectuels s’y mirent. Comme le rapporte de Salgues dans livre De Paris, des mœurs… les « médecins, docteurs et magistrats s’aperçurent qu’une binette donnait de la dignité, indiquait la science et imposait la multitude. »

Bien sûr, dans la moitié du XIXe siècle, la binette du roi Louis XIV n’était plus lointain souvenir. Cependant, les gamins gardèrent l’usage, pour ne pas évoquer la coiffure mais ce qui la soutenait, la tête.

L’ardent

Utilisant l’argot, certains bandits désignaient les chandelles en parlant d’ardent. Il se trouvait que ce terme était ainsi utilisé à l’Hôtel des Rambouillet, dans le cercle des précieuses.

On y entendait : « Inutile, ôtez le superflu de cet ardent ». Le laquais comprenait et éteignait la chandelle.

Le chenapan

En parlant de chenapan, le gamin du XIXe siècle reprenait un mot d’origine hollandaise, le snaphaamen. De ce mot, on le transforma en snaphaan, soit un voleur de coq. En effet, ce voleur ne voulait pas utiliser de mousquet à mèche, dont la lumière pourrait le trahir. Pour cela, le snaphaan transforma son fusil en lui mettant un mécanisme dont il lui donna son nom.

En 1690, ces pillards se rendirent sur la frontière lorraine. Il fallut les chasser, ces schnapans… Le mot resta : les chenapans.

C’est rigolo

Cette expression provient d’une farce de Maistre Pathelin. Dans le texte, l’auteur joue avec le verbe rigoler placé dans de nombreux endroit. C’est rigolo !

La carotte

Ils utilisaient ce mot pour parler de mensonges. Ici, c’est d’un proverbe italien que provient le terme. Les italiens parlent d’ailleurs de planter une carotte. La carotta est un mensonge.

Faire une brioche

Cette expression provient de l’orchestre des musiciens  de l’Opéra. A une certaine époque, cet orchestre ne se caractérisait pas par la grande qualité de ses musiciens. Aussi, il était fréquent d’entendre le public gronder  à la suite de fausses notes. Certains compositeurs allèrent même jusqu’à taxer chacune d’entre elles. Avec ces amendes, on pouvait acheter une brioche.

Cette pratique se développa et on dériva le mot brioche en faute. Mais vexés, les musiciens se refusèrent de payer ces amendes.

Sources bibliographiques

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