La bande du Petit Salé à l’assaut des grands magasins
La bande du Petit Salé à l’assaut des grands magasins : drôle de manière d’approvisionner un magasin de jouets
« Les Parisiens ne sont plus en sûreté, en plein jour, au cœur de Paris. »
Voici une phrase qui fait peur… et pourtant nous l’avons tiré d’un article… du Rire du 7 décembre 1907. Faut-il la prendre au second degré comme on pourrait être tenté de le faire ou autrement !
Nous allons essayer de voir sur la base du fait divers que l’article rapporte.
L’assaut !
« Hier le quartier de la Chaussée d’Antin fut mis en émoi par l’invasion de deux malfaiteurs redoutables, les deux frères Durand, surnommés le « Lardon « et le « Momignard » du Sébasto qui commandent la terrible bande des « Petits Salés ».
L’un a huit ans, l’autre douze et déjà ils comptent de nombreux méfaits à leur actif. »
Un véritable groupe de petits criminels qui dont n’en étaient pas à leur coup d’essai. Seulement là, ca commence à devenir gros, comme nous allons le constater ensemble.
« Ces sinistres gamins pénétrèrent dans les magasins du Grand Bazar au moment où une affluence considérable se pressait devant les étalages. La visière de leur casquette rabattue sur les yeux, ils se faufilèrent jusqu’au rayon des jouets.
Là, tandis que le « Lardon a s’emparait de deux bonshommes à mécanique, représentant MM. Jaurès et de y Pressensé en généraux de pompiers, le « Momignard » faisait disparaître, sous sa blouse, un chemin de fer à catastrophes dont le mécanicien ressemblait à M. Barthou, et un cuirassé à explosion dont le commandant était le portrait saisissant de M. Thomson. »
Des vols plus ou moins discrets, en cherchant à se fondre dans la foule.
L’intervention de la police
Toutefois, ils ne parvinrent pas éviter d’attirer l’attention sur eux :
« Un inspecteur les surprit à cette besogne.
L’inspecteur Baube est un de ces anciens sous-officiers à qui les directeurs des grands magasins confient volontiers la surveillance de leur personnel et de leurs étalages. Les dix ou quinze années passées au régiment les ont assujettis à des habitudes de discipline et de dévouement qu’ils apportent dans la vie civile. M. Baube a fait la campagne de Madagascar comme adjudant d’infanterie coloniale. En débarquant, il fut des premiers atteints d’une épidémie de dysenterie qui le fit, presque immédiatement rapatrier. A sa boutonnière est épinglée la médaille coloniale. C’est un brave. »
Un joli CV donc ! Totalement de circonstance dans le contexte !
« Il attendit que les gamins fussent sortis sur le trottoir. Et là, seul, sans armes, il se rua sur eux. Les deux bandits se voyant pris poussaient des hurlements, le « cri de guerre » des « Petits Salés » sans doute, pour attirer leurs compagnons qui opéraient dans le voisinage. »
La panique
« Le bruit se répandit rapidement parmi l’élégante clientèle du Grand Bazar que les apaches étaient dans le quartier.
Ce fut une inexprimable panique. Les visiteurs se précipitèrent en masse vers les issues. Des dames comprimées jusqu’à la suffocation s’évanouirent ; d’autres, énergiquement pincées par des doigts anonymes poussaient des cris aigus. Cependant, une vingtaine de citoyens audacieux prêtaient main forte à l’inspecteur Baube. Les apaches ne durent leur salut qu’à l’arrivée des agents. »
La panique était dangereuse pour tous : visiteurs, policiers mais aussi pour nos apaches. Et manifestement, dans ce contexte, ces derniers risquaient gros.
Suite de cette histoire
« Au commissariat de police, on trouva sur eux des pistolets à baguette dits « Eurêka » et des toupies à clous acérés, qui peuvent devenir des armes terribles entre des mains exercées.
Leur corps était entièrement couvert de sillons et taches brunes, qu’au premier abord on pouvait attribuer à un manque de soins de propreté, mais qui en réalité étaient des tatouages symboliques.
Le père des jeunes apaches. M. Durand, fut mandé au commissariat. C’est un honnête homme, membre d’un comité radical-socialiste. Il gagne sa vie à vendre sur les boulevards des jouets à mécanique. Ses fils l’approvisionnaient de marchandises.
En apprenant que les deux enfants allaient être envoyés dans une maison correctionnelle, le malheureux père fut pris d’un accès de désespoir que nous renonçons décidément à décrire. »
Ainsi, nos apaches réalisaient leurs vols dans la rue et les grands magasins… pour achalander le magasin de leur « honnête » père.
Alors d’après vous ? Cette histoire prête à rire. Pas sûr et semble si criant de réalité
Sources bibliographiques :