Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

Le restaurant du père Lathuile

Le restaurant du père Lathuile : institution pour les peintres impressionnistes et les auteurs naturalistes !

 

Fondé au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, le cabaret du père Lathuile connaissait un certain succès. Mais comme nous avons pu le constater dans l’article dédié à cette période, il attirait principalement des noces, des grandes retrouvailles plus ou moins populaires. Certains parisiens de proximité aimaient la tranquillité de son jardin.

Seulement, à partir des années 1830, c’est un monde plus littéraire qui vient chez le père Lathuile. Progressivement, sa clientèle devient de plus en plus bourgeoise. Aussi Jean Marie Lathuile qui a le sens des affaires accompagne cette montée en gamme, en transformant son installation en véritable restaurant.

 

Un restaurant pour attirer les bourgeois des environs

Dans ses colonnes du 27 novembre 1864, le Figaro résume très bien la situation :

« Les Batignolles avaient leur Véfour, et un Véfour dont l’air comme il faut rassura les bourgeois timorés. Le monde de la fantaisie s’éloignait, mais les bourgeois accouraient des quatre coins de Paris tous les dimanches, et il fut bientôt du bel air chez les plus gros rentiers de ne marier leurs filles que chez le père Lathuille. »

Alors certes, on faisait la noce chez le père Lathuile, mais c’était de belles noces avec un prix singulièrement plus élevé.

Il faut dire que le lieu était prisé des écrivains comme Hugo et consorts.

 

Une cuisine réputée

Gil Blas nous donne davantage de précision sur les plats servis chez le père Lathuile dans ses colonnes du 26 janvier 1906 :

« La cuisine était délicate ; les petits salons discrets, bien disposés pour les intrigues galantes.

Le succès de la maison dura jusqu’à la fin du second Empire.

Puis elle subit les lois de l’évolution, comme tant d’autres établissements, célèbres, il y a quelque trente ans encore.

Elle, n’avait point perdu sa réputation de restaurant de gourmets, mais la clientèle s’était singulièrement raréfiée tout en se modifiant. »

 

Puis, à la fin du XIXe siècle, le boulevard de Clichy se recouvre de cabarets d’une autre mode : celle des spectacles de danse. Le propriétaire d’alors tente de suivre les tendances

« Le propriétaire actuel, qui appartient à la septième génération des Lathuile, vient de se décider à la transformer de fond en comble en en faisant un café-concert.

Cependant, la façade de cette petite maison quasi-historique sera conservée. »

 

Les restaurants des impressionnistes et des écrivains naturalistes

Après 1870, une nouvelle population profite du restaurant : les impressionnistes et les naturalistes. Ainsi, Manet, Degas et leur bande écumaient les environs. On les trouvait aussi bien dans le café Guerbois que chez le père Lathuile.

De cet épisode, on garde le souvenir du tableau de Manet, chez le père Lathuile, où un homme conte fleurette avec une parisienne, profitant tous les deux du jardin du restaurant.

Parmi les habitués, on pouvait trouver Emile Zola. Il faut dire qu’il habitait à deux pas.

 

Sources bibliographiques :

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