Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

Le cabaret du père Lathuile

Le cabaret du père Lathuile : la guinguette à la mode de la place de Clichy dans la 1e moitié du XIXe siècle.

 

Nous vous proposons ici un voyage dans la première moitié du XIXe siècle. Direction la place de Clichy ! Nous sommes alors aux abords de la barrière, presque à la campagne. Des anciens fermiers avaient eu la bonne idée d’établir un petit cabaret. Là, ils profitaient des envies des parisiens de sortir en fin de semaine pour manger, boire et danser… le tout à un prix exonéré d’un certain nombre de taxes.

Il s’agit du cabaret du père Lathuile, une jolie petite guinguette pittoresque qui marqua les esprits.

 

Le cabaret du père Lathuile dans les années 1820

Le Figaro dans son édition du 27 novembre 1864 revient pour nous sur la situation du cabaret du père Lathuile au début du XIXe siècle :

« Au milieu du bouleversement de la Restauration, le cabaret était d’abord le lieu de rendez-vous de quelques moustaches grognardes, de quelques boutonnières obstinément fleuries d’œillets. Puis la galanterie, qui commençait à pouvoir filer en paix, sans trompettes ni tambours, ses intrigues et ses aventures, vint s’ébattre hors barrière, dans les bosquets et le jardin de Lathuille ; car il y avait, à cette époque primitive, un jardin et des bosquets. Le marchand de vins ajouta à son nom la qualité de traiteur. »

 

Rappelons que pour beaucoup, le père Lathuile est ce jeune batignollais qui s’était fortement investi lors de la bataille pour la défense de la place de Clichy au cours du siège de 1814. Il avait utilisé l’établissement général comme base arrière pour une attaque, bien que n’ayant aucune chance de changer le cours des événements.

Ainsi, comme nous pouvons le voir, le cabaret se prêtait bien pour échanger de manière discrète.

 

Le repère d’écrivains

Les auteurs romantiques aimaient se retrouver à l’extérieur de Paris, dans le calme de la campagne. Pas loin de Montparnasse, ils allaient chez la mère Saguet. Près de la porte de Clichy, le père Lathuile les accueillait.

« Vers 1830, la littérature, cette vagabonde qui sème la fortune partout où elle passe, et, seule, n’en récolte rien, envahit le cabaret des Batignolles. Les dandys même du monde littéraire, Musset, en habit vert, à boutons luisants ; Roger de Beauvoir, en gilets multicolores et en transparents éclatants, franchirent gaiement la barrière. Le père Lathuille était décidément inventé…

Des fantaisistes titrées, piquées des mouches de la Régence, ne craignirent pas de s’y compromettre : les actrices les suivaient, les filles à la mode arrivaient sur les talons des actrices. L’humble établissement du traiteur semblait indigne de toute cette fringante clientèle. Jean-Marie, le démonteur de Prussiens et enleveur de chevaux, était devenu un fin commerçant : il fit bâtir le restaurant que nous connaissons en lui laissant l’enseigne populaire du cabaret. »

 

Le cabaret des noces

Mais au fait qu’est-ce qu’un cabaret à cette époque ? Un endroit pour voir des spectacles de danse ?

En réalité, il s’agissait de guinguettes où on venait pour faire la noce, à savoir la fête. On y venait nombreux pour célébrer quelques choses, comme un mariage, mais aussi des retrouvailles de famille, de corps professionnels.  

Ainsi, chez le père Lathuile, on aimait se retrouver en profitant d’un jardin à l’arrière où on trouvait de l’ombre mais aussi du bon vin et de la bonne chère.

 

Cependant, le père Lathuile avait le sens des affaires. Avec l’agrandissement de Paris, une population aisée de plus en plus nombreux, certes aux côtés d’une population ouvrière encore plus fournies, il devint intéressant de monter en gamme. Il transforma son cabaret en restaurant.

 

Sources bibliographiques :

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