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Le tarot de Charles VI : Une carte de la déraison royale et du pouvoir

Le tarot de Charles VI, souvent considéré comme l’un des jeux de cartes les plus énigmatiques et fascinants de l’histoire médiévale, est un reflet singulier de la cour française au début du XVe siècle. Commandé par un roi frappé par de graves troubles mentaux, ce jeu de cartes ne se contentait pas d’être un simple divertissement. Il incarnait une forme de miroir de la société de son époque, en particulier à travers les symboles royaux et religieux qui y étaient représentés. En tant que souverain du royaume de France, Charles VI était non seulement confronté aux tumultes de la guerre de Cent Ans, mais également à des crises personnelles majeures dues à la folie qui l’affligeait. Si ce tarot a longtemps été perçu comme un jeu noble et mystérieux, il mérite aujourd’hui d’être étudié sous un prisme plus profond : celui de l’impact de la maladie mentale du roi sur la culture royale et la manière dont il a utilisé le tarot comme outil de distraction, mais aussi, peut-être, de réflexion sur son propre pouvoir et ses luttes intérieures. Cet article se propose donc d’explorer les liens entre la folie de Charles VI et la création de ce tarot, tout en analysant son rôle à la cour, ses implications symboliques et son héritage à travers l’histoire.

Contexte historique : le règne de Charles VI et ses troubles mentaux

Le règne de Charles VI, qui s’étend de 1380 à 1422, se caractérise par une instabilité profonde, tant sur le plan politique que personnel. Surnommé “le Bien-Aimé” au début de son accession au trône, il voit rapidement son royaume être plongé dans une série de crises majeures. La guerre de Cent Ans oppose la France à l’Angleterre, et la cour est déstabilisée par les luttes internes entre factions, notamment entre les Bourguignons et les Armagnacs, ce qui nourrit une atmosphère de méfiance et de division. Toutefois, c’est la maladie mentale de Charles VI qui va marquer durablement son règne et impacter l’histoire de France.

Dès 1392, alors qu’il est encore jeune, le roi est frappé par des crises de folie qui se manifestent par des comportements erratiques, des hallucinations et des épisodes violents. Lors de l’une de ces crises, en 1392, Charles VI aurait été pris d’un accès de démence pendant un voyage dans le Béarn, où il se serait comporté de manière incontrôlable, attaquant ses propres compagnons et mettant en danger sa cour. Ce moment est souvent considéré comme le point de départ de ses troubles mentaux, qui s’aggraveront au fil des années, alternant périodes de lucidité et épisodes de délire total.

Cette folie a des répercussions considérables sur la gestion du royaume. En raison de son incapacité à gouverner de manière stable, Charles VI est souvent sous la tutelle de régents, notamment son oncle Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et plus tard, son fils, le futur Charles VII. Ces périodes de régence marquent la France d’une instabilité politique majeure, chaque faction cherchant à prendre le contrôle du pouvoir royal. Le royaume est alors fragilisé, d’autant plus que la guerre de Cent Ans continue de faire rage, exacerbant les divisions internes et affaiblissant la monarchie.

La folie de Charles VI est un événement marquant dans l’histoire de la monarchie française, car elle remet en question le rôle du roi en tant que garant de l’ordre et de la stabilité. Dans une société médiévale où le souverain est perçu comme le représentant divin sur Terre, le déclin mental du roi a des conséquences à la fois symboliques et pratiques. Les courtisans et les membres de la famille royale sont contraints de trouver des moyens pour compenser son absence de gouvernance effective, ce qui met en lumière l’importance de l’image du roi dans l’exercice du pouvoir.

C’est dans ce contexte de crise politique et personnelle que Charles VI commande le tarot, un jeu qui, au-delà de son aspect ludique, pourrait refléter des préoccupations plus profondes liées à son propre état mental. Le tarot devient ainsi une forme de distraction à la cour, mais aussi un moyen possible pour le roi de se confronter, de manière indirecte, à ses angoisses et à son pouvoir. Cette première partie nous permet de mieux comprendre les circonstances du règne de Charles VI, sa folie et les implications que cette maladie a eues sur sa politique et ses décisions.

Le tarot de Charles VI : un jeu royal et symbolique

Le tarot de Charles VI, bien que largement méconnu aujourd’hui, a joué un rôle significatif à la cour du roi, à la fois comme divertissement royal et reflet des préoccupations symboliques de l’époque. Contrairement à la plupart des jeux de cartes de l’époque, le tarot ne se contentait pas d’être une distraction ordinaire, mais incarnait des significations profondes liées à l’ordre social, la politique et les croyances mystiques qui prévalaient au Moyen Âge. Conçu probablement vers 1392, au cœur des premiers symptômes de la folie de Charles VI, ce tarot se distingue par ses images hautement symboliques et ses références à des figures royales et religieuses.

Le jeu se compose de 78 cartes, dont 22 arcanes majeurs, représentant des personnages et des concepts puissants, et 56 arcanes mineurs, qui ressemblent aux cartes classiques de jeux de société, divisées en quatre séries : coupe, denier, épée et bâton. Les arcanes majeurs sont particulièrement intéressants, car ils regroupent des images évocatrices de la royauté, de la justice, de la force, et du destin, avec des figures telles que “L’Empereur”, “La Justice”, “Le Jugement” ou “Le Diable”. Ces cartes ne sont pas seulement des images de pouvoir et de valeurs chrétiennes, mais aussi des métaphores d’un monde qui cherche à rétablir l’ordre à travers des symboles forts.

La symbolique religieuse est omniprésente dans le jeu, comme en témoignent les cartes associées à des thèmes comme le jugement dernier, les vertus théologales et les péchés capitaux. Les figures divines et célestes apparaissent fréquemment, illustrant une vision du monde où le divin est constamment présent et actif dans le destin des humains, et où le souverain, en tant que représentant de Dieu sur Terre, est censé maintenir cet ordre divin. Toutefois, l’aspect mystique et spirituel du tarot s’accompagne d’un élément plus terre-à-terre : les représentations de l’ordre social et des relations de pouvoir. Les cartes comme “L’Empereur” ou “La Papesse” renvoient directement à des figures politiques et religieuses influentes de l’époque, des archétypes du pouvoir royal et clérical.

Dans le contexte de la folie de Charles VI, ces cartes prennent une dimension particulière. Si le roi souffrait de crises mentales récurrentes, le tarot, avec ses figures allégoriques et ses symboles de pouvoir, pouvait offrir une manière de se confronter indirectement à ses propres angoisses. La représentation d’un monde ordonné, régit par des forces divines et humaines, peut aussi être perçue comme un miroir de l’aspiration du roi à retrouver une stabilité personnelle et politique. La répétition des symboles de force et de contrôle dans les arcanes majeurs pourrait être vue comme un moyen de rétablir un semblant d’ordre dans un monde intérieur chaotique.

Il est aussi possible que ce jeu ait eu une fonction plus pratique et politique. Le tarot pourrait avoir été un outil de divertissement à la cour, permettant aux membres de la noblesse de se distraire tout en restant immergés dans une réflexion symbolique sur la royauté et l’ordre social. L’aspect mystérieux du tarot, avec ses images fascinantes et ses significations multiples, en faisait sans doute un jeu particulièrement apprécié dans les cercles aristocratiques, mais il était aussi un moyen de renforcer l’idéologie royale et de rappeler, à travers ses figures, la place de chacun dans l’ordre divin et politique.

Le jeu pouvait ainsi s’intégrer à des rituels de cour, où le roi, entouré de ses courtisans et conseillers, pourrait avoir utilisé les cartes pour prendre des décisions ou se divertir dans des moments de répit. Les jeux de cour, souvent utilisés pour renforcer les liens sociaux et le contrôle politique, servaient également à maintenir un semblant d’unité et de stabilité face à la crise intérieure du roi. Le tarot, avec sa richesse symbolique, offrait non seulement une distraction, mais aussi une manière de renforcer les relations entre les membres de la cour tout en fournissant un reflet indirect de la situation politique et personnelle du roi.

En somme, le tarot de Charles VI était bien plus qu’un simple jeu. À travers ses arcanes, il servait à renforcer la vision de l’ordre divin et social, tout en offrant une forme de réflexion sur les luttes intérieures du roi, entre folie et pouvoir. Ce jeu, créé dans un contexte de crise mentale et politique, constitue ainsi un élément précieux pour comprendre les tensions qui régnaient à la cour de Charles VI et la manière dont les symboles et l’imaginaire de l’époque pouvaient être utilisés pour apaiser une conscience royale troublée.

La folie de Charles VI et l’influence sur la conception du tarot

L’une des dimensions les plus intrigantes du tarot de Charles VI est son lien potentiel avec la folie du roi. En effet, à l’époque de la création de ce jeu, Charles VI était déjà régulièrement frappé par des crises mentales qui affectaient non seulement sa gouvernance, mais aussi sa perception du monde. Les épisodes de démence du roi, souvent caractérisés par des hallucinations et des comportements erratiques, ont eu un impact considérable sur son règne et sur la manière dont il était perçu par ses contemporains. Ces troubles mentaux pourraient avoir influencé la conception même du tarot, dans ses choix d’images et de symboles, qui peuvent être interprétés comme des métaphores de la déraison du roi.

Les arcanes majeurs, qui sont souvent considérés comme les cartes les plus symboliques et les plus puissantes du jeu, présentent des images de figures divines, d’archétypes sociaux et de concepts philosophiques universels. Certaines de ces cartes pourraient bien être vues comme des reflets indirects des crises de folie de Charles VI. Par exemple, la carte de “La Lune”, souvent associée à la confusion, à l’illusion et à l’incertitude, semble particulièrement pertinente dans le contexte de l’état mental du roi. Elle pourrait symboliser les moments de troubles profonds que Charles VI vivait, où la réalité et l’imaginaire se confondaient dans une nuit de confusion.

De même, la carte du “Diable”, représentant des forces chaotiques, pourrait être perçue comme une métaphore de l’angoisse intérieure et des tourments personnels du roi. Le “Jugement”, quant à lui, avec son imagerie d’une résurrection ou d’une rédemption, pourrait avoir été une manière pour Charles VI de se confronter à son propre destin et à sa souffrance mentale, comme si les cartes, en offrant une vision d’un jugement ultime, proposaient un moyen d’explorer l’idée de rédemption dans le cadre d’une crise profonde.

La conception des cartes pourrait donc avoir été, d’une manière ou d’une autre, influencée par la perception altérée de la réalité du roi. Dans un contexte où Charles VI était à la fois roi et malade, un jeu de cartes comportant des symboles aussi puissants que ceux du tarot aurait pu servir de miroir pour un souverain en proie à la confusion. Le tarot devient ainsi une sorte de réflexion symbolique de l’état intérieur du roi : un moyen de comprendre, ou du moins de structurer, ses angoisses et ses perceptions de plus en plus déformées. En ce sens, chaque carte pouvait offrir au roi une vision de l’ordre et de la désorganisation, un contraste entre son rôle divin et les troubles qui le déchiraient.

Le tarot comme outil d’idéologie royale

Au-delà de son lien avec la folie personnelle de Charles VI, le tarot revêt également une dimension politique et idéologique. Dans un royaume où la dévotion au roi était souvent associée à la divinité, chaque geste du souverain pouvait être perçu comme ayant des répercussions spirituelles et sociales profondes. La monarchie, en particulier la royauté française, se trouvait au sommet de l’ordre divin, et le roi était vu comme l’élu de Dieu. C’est dans ce cadre que le tarot de Charles VI prend tout son sens : il pourrait être vu comme un outil d’affirmation de la royauté et de renforcement de l’idéologie royale.

Les arcanes majeurs, avec leurs figures de pouvoir et de sagesse, illustrent des concepts profondément ancrés dans la pensée chrétienne et la vision du monde médiéval. Par exemple, des cartes telles que “L’Empereur”, “Le Pape” ou “La Justice” symbolisent des valeurs comme l’autorité divine, la sagesse et l’ordre social. Ces symboles renforcent l’idée d’un roi investissant son pouvoir dans un cadre divin et moral, et il est probable que ces figures aient été choisies spécifiquement pour rappeler à la cour le rôle du souverain en tant que garant de l’ordre et de la justice divine.

Le jeu pourrait également avoir eu un rôle pratique à la cour de Charles VI. Il est possible que les cartes aient été utilisées pour renforcer des alliances politiques, établir des stratégies de gouvernement ou même justifier certaines décisions à la cour. À une époque où les monarchies étaient souvent fragiles et où les régents exerçaient un pouvoir en l’absence du roi, les cartes du tarot, avec leur symbolisme d’ordre et de pouvoir divin, pouvaient être utilisées pour légitimer des choix politiques et souligner la continuité de l’autorité royale malgré l’instabilité mentale du roi.

Enfin, le tarot pouvait aussi servir à renforcer l’unité de la cour en consolidant des croyances communes et des valeurs partagées. À travers les symboles religieux et sociaux des cartes, le jeu de tarot offrait un moyen d’évoquer les principes de solidarité et d’ordre social, tout en rappelant aux courtisans et à la noblesse leur place dans l’ordre monarchique. L’idée que le tarot pouvait, en quelque sorte, contribuer à structurer et à renforcer les hiérarchies sociales et politiques de la cour n’est pas à écarter, notamment à une époque où les jeux de cour étaient des instruments puissants de contrôle et de manipulation des relations sociales.

En résumé, le tarot de Charles VI dépasse largement le cadre d’un simple jeu. En s’inscrivant dans un contexte de folie royale et de crise politique, il s’impose comme un artefact symbolique, profondément lié à l’idéologie de la royauté et à la quête d’un sens dans un monde intérieur de plus en plus perturbé. À travers ses cartes, Charles VI aurait pu chercher à structurer son monde chaotique, tout en renforçant l’ordre social et politique autour de lui.

Les répercussions de la folie de Charles VI et la postérité du tarot

La folie de Charles VI et la conception du tarot ne se limitent pas à l’époque de sa régence. En effet, la postérité de son règne et de son jeu de tarot ont marqué la perception de la folie royale et de l’usage symbolique des cartes. Après la mort du roi, la question de la déraison monarchique devient un sujet récurrent dans la littérature, la peinture et les chroniques historiques, et le tarot en vient à être associé à cette mélange de pouvoir et de déstabilisation qui caractérise la fin du Moyen Âge. La manière dont les générations suivantes ont interprété le tarot, et son lien avec la folie de Charles VI, nous donne un aperçu précieux de l’évolution de la perception de la monarchie, de la folie royale et du symbolisme dans les jeux de société.

L’impact sur la représentation de la folie royale

L’un des aspects les plus intéressants du tarot de Charles VI est la manière dont il a influencé la représentation de la folie royale dans les siècles suivants. Le roi malade, et en particulier la folie du souverain, devient un thème récurrent dans les récits historiques et les œuvres littéraires de la période. Alors que la folie de Charles VI est souvent perçue comme un signe de déclin pour le royaume, elle est également exploitée dans la culture populaire et la mémoire collective comme une image de la fragilité humaine, même au plus haut niveau du pouvoir. La symbolique de la folie royale dans le tarot, notamment à travers des figures comme “Le Diable” ou “La Lune”, se retrouve dans les œuvres littéraires et artistiques qui explorent la déraison des rois, de l’Antiquité à la fin de l’Ancien Régime.

La représentation de la folie de Charles VI, au-delà de sa crise personnelle, devient ainsi un mythe politique dans lequel le roi perd son autorité divine. Ce thème de la monarchie vacillante se retrouve dans des œuvres comme les chroniques de l’époque, ainsi que dans les tableaux et sculptures du XVIIIe siècle, où le roi malade est parfois représenté dans des postures de perte de contrôle, une métaphore de la fin d’une époque.

L’évolution du tarot et sa place dans l’histoire des jeux de cartes

En outre, le tarot de Charles VI a laissé une empreinte durable sur l’histoire des jeux de cartes. Après sa création, le tarot se répand à travers l’Europe et devient un élément central dans de nombreux pays, notamment en Italie et en Allemagne, où il subit diverses évolutions. Alors qu’il était à l’origine un jeu royal et symbolique, il se transforme au fil des siècles, notamment à partir du XVIe siècle, en un outil divinatoire, un jeu de prédiction de l’avenir. L’aspect mystique et ésotérique des cartes prend alors de l’importance, modifiant leur signification au-delà des préoccupations politiques et royales qui les avaient initialement inspirées.

Le tarot se fait progressivement connaître comme un jeu de cartes de fortune, dans lequel les joueurs ou les cartomanciens utilisent les arcanes pour lire l’avenir ou guider les décisions personnelles. Cette transformation est marquée par la transition du tarot médiéval au tarot ésotérique, que l’on connaît aujourd’hui. Cependant, l’héritage du tarot royal de Charles VI, avec ses symboles forts et ses images d’autorité, reste perceptible, notamment dans les jeux modernes qui continuent de porter des traces de l’influence médiévale et royale.

Le tarot devient alors un moyen d’aborder des sujets tels que le destin, la destinée royale et même la folie personnelle, mais dans un contexte plus large. Il est remarquable que l’usage divinatoire du tarot ait fait sa place dans des sociétés où la royauté et la souveraineté divine étaient encore largement perçues comme étant interconnectées. Le tarot de Charles VI, en tant que jeu royal de son époque, conserve de ce lien symbolique entre pouvoir et spiritualité, même lorsque ses usages se tournent vers des pratiques plus occultes.

L’héritage du tarot de Charles VI dans la culture populaire

Enfin, le tarot de Charles VI continue de fasciner et d’influencer la culture populaire et académique à travers les siècles. Son histoire mêlant folie royale, symbolisme mystique, et politique nourrit l’imaginaire collectif, donnant lieu à des explorations littéraires et artistiques. Des écrivains, historiens et artistes se sont emparés de ce jeu pour alimenter des récits sur la fragilité humaine, la recherche de sens et la quête du pouvoir. Le tarot, en tant qu’objet de contemplation mystique et symbolique, reste un instruments puissant pour exprimer les tensions entre la raison et la folie, entre l’ordre politique et le chaos intérieur, thèmes qui trouvent un écho à la fois dans les récits sur la vie de Charles VI et dans l’imaginaire collectif qui s’y est formé.

La richesse de son symbolisme et de ses interprétations diverses a permis au tarot d’évoluer bien au-delà de ses origines royales et mystiques. Aujourd’hui, il fait partie intégrante de l’histoire des jeux de cartes, tout en maintenant une place dans la culture moderne comme outil divinatoire et objet d’art, tout en restant un témoignage de l’époque médiévale et de la crise qui a frappé le royaume de France sous le règne de Charles VI.

Le tarot de Charles VI représente bien plus qu’un simple jeu de cartes : il est le témoin d’une époque marquée par la guerre, la folie et les luttes de pouvoir. À travers ses images symboliques, il incarne la quête du roi pour maintenir l’ordre et la légitimité royale, tout en offrant une réflexion complexe sur les troubles intérieurs du souverain et sur la fragilité humaine face au pouvoir. Dans ce cadre, le tarot ne se limite pas à être un objet de divertissement, mais devient un miroir de la psyché royale, un moyen de comprendre les tensions entre l’ordre divin et la déraison. En ce sens, le tarot de Charles VI, bien que né d’une crise politique et personnelle, reste un élément clé pour comprendre non seulement la folie royale, mais aussi les mécanismes de légitimation du pouvoir et les représentations symboliques du Moyen Âge.

Sources bibliographiques :

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