Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires d'art

Vue du jardin des Tuileries par Israël Silvestre

Vue du jardin des Tuileries par Israël Silvestre : composition axée sur la perspective dessinée par Le Notre.

 

Au sein du département des arts graphiques du musée du Louvre, de nombreux dessins d’Israël Silvestre sont conservés. Certains ont été numérisés et nous aident à nous projeter dans le Paris monumental du grand siècle que façonne Louis XIV.

 

A ce titre cette vue du jardin des Tuilerie est clef.

 

Une vue prise du château

Pour réaliser cette vue, Israël Silvestre se place au centre de la perspective construite par Le Notre. En effet, le grand jardinier de Louis XIV avait reçu au début des années 1660 la décision de Colbert de redessiner le jardin des Tuileries.

Ce dernier avait déjà un siècle, à la suite de sa fondation par Catherine de Médicis. La reine avait alors apporté de son Italie et de sa Florence natales cet art de vivre si recherché lors de la Renaissance.

Depuis lors, le jardin avait sans cesse été aménagé pour l’embellir.

 

Le jardin à la française

Avec André Le Notre, nous sommes à l’apogée du jardin à la française. Certes, nous ne sommes pas encore à Versailles, mais le jardin royal dans Paris est bien prestigieux.

Avec cette vue, nous pouvons bien repérer des parties caractéristiques.

Tout d’abord, les deux parterres juste devant le château forment un magnifique ensemble en triangle avec le bassin central. Ainsi, les trois sommets du triangle sont matérialisés par des bassins.

A l’aide de buis, Le Notre avait dessiné des formes géométriques très travaillées. Nous sommes dans le temps où tout doit être domestiqué et surtout la nature.

 

La perspective au loin

Placée au centre de la composition, la perspective se poursuit devant nous. La ligne va au loin, prenant la direction de qui sera ensuite occupé par l’avenue des Champs Elysées (qui n’existe pas encore au XVIIe siècle). Avant d’aller au loin, le jardin se termine par un autre bassin dont le jet semble bien petit vu du château.

Frappant de voir que plus on s’éloigne du devant du jardin, plus la hauteur des végétaux croit.

Cet effet se retrouve amplifié par l’allée d’arbre, sur le côté droit et le bosquet au fond à gauche.

La Seine sur la gauche appuie la perspective, dont on voit au loin le mont Valérien.

On peut constater que sur le côté droit, la ville de Paris se poursuit, dont la vue est agrémentée de maisons et affiche des clochers qui dépassent

 

Un jardin ouvert au public

Au XVIIe siècle, le jardin était ouvert au public. A un moment, Colbert pensa réserver le jardin à la famille royale. Cependant, cette idée ne passait pas. On le convainquit même qu’il était mieux que les parisiens viennent traiter leurs affaires de négoces, de mariages ou d’autres choses dans l’ouverture du jardin, plutôt que dans une église.

En tout état de cause, on voit bien les visiteurs avancer dans les allés du jardin.

 

La composition du dessin

Dans cette vue du jardin des Tuileries, l’ambition d’Israël Silvestre est que le lecteur perçoit bien que son œil va partir au loin, dépassant l’horizon. Pour cela, il est en face de la composition et se perd dans une direction qui ne souffre d’aucun obstacle.

Rien ne l’arrête. Pas même les collines qui sont placées au loin des deux côtés. Pas même la ville et la Seine, dont on voit qu’elles avancent sur les flancs mais sans jamais rompre avec l’axe central.

Dans ce dessin, nous n’observons aucun effet de premier plan. Tout est orienté sur la perspective. Même les personnages qui rendent vivant la scène ne sont que des petits points, comme des figurants de cette représentation. Ils sont là, mais ne troublent pas la perspective.

 

Sources bibliographiques

%d