Histoires de Paris

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L’hôpital Boucicaut évacué lors de la crue de 1910

L’hôpital Boucicaut évacué lors de la crue de 1910 : Le départ se fait en urgence malgré une première alerte

Dans le quartier de Javel, l’Hôpital Boucicaut fut rattrapé par la crue qui s’enfonçait dans la ville, suivant les rues comme celle de la Convention.

Plusieurs alertes furent donnés. Mais on dut s’y résigner : il fallut évacuer devant l’avancée des flots.

Retour sur cette histoire à la lumière des quotidiens d’alors !

Première alerte : les caves sont touchées

Il ne fallut pas attendre longtemps pour que l’établissement de soin, situé tout de même pas si proche de la Seine, fut rattrapé par l’actualité.

Cela fait cinq jours que l’eau de la Seine monte. Et elle monte vite.

Dans ses colonnes du 23 janvier 1910, le Figaro annonce :

« Pareillement, le directeur de l’hôpital Boucicaut a demandé une pompe, les sous-sols étant envahis. »

De son côté, avec un peu de retard, la Lanterne complète le 24 janvier :

« A six heures du soir, on envoyait à l’Hôpital Boucicaut, 62, rue de la Convention, sur la demande du directeur, une pompe à vapeur, le sous-sol étant envahi. »

La Radical poursuit le 25 janvier :

« Beaucoup de caves sont envahies, notamment celles de l’Hôpital Boucicaut où se trouvent les pompiers. »

Arrivée des flots : on doit évacuer

Seulement voila ! L’inondation ne concerne pas que les sous-sols. Elle touche aussi la surface et la chaussée. Le Matin, dans son bulletin quotidien alerte le 28 janvier 1910 :

« A midi, l’Hôpital Boucicaut était complètement cerné par les eaux. »

Le lendemain, le constat est sans appel : « On évacue l’Hôpital Boucicaut »

Ainsi le journaliste du Matin décrit :

« A l’Hôpital Boucicaut, où il y a quatre cents malades, dont quelques-uns mourants, le directeur, alarmé, téléphonait pour qu’on vint évacuer tous ses services. Avec la plus grande hâte, il était bientôt procédé, en présence du préfet de police, à ce lamentable transfert sur d’autres hôpitaux. Des pompiers transportaient les malades enveloppés dans des couvertures et les plaçaient dans des voitures qui partaient pour Necker, Cochin ou Laënnec. Tout fut terminé un peu après neuf heures.

Détails du déménagement en urgence

Le Petit Parisien du même jour complète

« L’eau, hier matin, venait de gagner l’hôpital Boucicaut. Rapidement, elle montait, envahissant le rez-de-chaussée, puis les salles de consultation, puis les services de chirurgie.

D’urgentes mesures s’imposaient. M. Lépine fut prévenu. A grande peine, il put atteindre en barque la rue de la Convention. »

Des mourants, des femmes opérées de la veille devaient être sauvées sur l’heure. Le froid gagnait les salles. Le calorifère était inondé. »

Le journaliste décrit un peu plus précisément les opérations :                 

« Une compagnie du génie fut réquisitionnée. MM. Remongin et Meyer, officiers de la paix des quatorzième et quinzième arrondissements, prirent la direction des travaux et sous le porche central de l’hôpital, prirent la direction des travaux et sous le porche central de l’hôpital, on construisit une passerelle, sur laquelle, pendant trois heures, passèrent, portés à bras ou dans des civières, des malades, des agonisants…

Les pompiers de l’état major, de l’eau jusqu’au ventre, armaient leurs prolonges, et vers les hôpitaux Laënnec, Cochin, Broussais, Necker, ce fut, jusqu’à midi, un lent, un poignant cortège de brancards et de civières… » 

La conclusion montre également l’esprit du temps :

« Oh ! Le lamentable et héroïque spectacle, que tant de misère alliée à tant d’héroïsme, au sein de cette cité rieuse, aujourd’hui étreinte par l’angoisse des cataclysmes !… » 

Sources bibliographiques :

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