Histoires de Paris

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Histoires de place

Le métro de la place de l’Opéra inondé par la crue de 1910

Le métro de la place de l’Opéra inondé par la crue de 1910 : Les effondrements et incidents se multiplient !

 

En janvier 1910, Paris fut totalement sous le coup de la crue centennale. Plus de 9 mètres d’eau ! Même si ce n’était pas un record pour la capitale, la situation était particulièrement effrayante.

Ne nous imaginons que seules les parties près des rives du fleuve étaient touchées ! Ce fut bien difficile aussi à la place de l’Opéra

Revue de presse d’alors !

 

Des caves inondées

Démarrons par cet extrait du Petit Parisien du 28 janvier :

« Les quartiers du centre s’étaient crus à l’abri des effets de la crue. Il n’en est rien.

Hier, en effet, dans l’après-midi par suite de l’engorgement ou de l’éclatement des égouts, l’eau a fait son apparition dans leurs caves et son niveau ne cesse d’augmenter.

Cet envahissement a eu pour résultat de contraindre certains cafés restaurants des quartiers de l’Opéra ou du faubourg Montmartre de fermer, dans l’impossibilité où ils se trouvaient de faire de la cuisine. »

Comme on le constate, les égouts représentaient un gros danger alors.

 

Les impacts du tunnel du métro inondé :

De son côté, le Petit Parisien du 28 janvier est beaucoup plus alarmiste :

« Cette malheureuse place de l’Opéra, depuis des années éventrée, creusée, fouillée, minée, est, en moment, dans une situation des plus critiques – si critique même qu’une partie vient d’être interdite à la circulation.

Hier soir, en effet, vers quatre heures, les étais de la galerie en construction de la ligne Auteuil –  Opéra, détériorés par les eaux, ont cédé et se sont enfoncés dans le sol humide.

Le trottoir s’est affaissé devant l’immeuble qui l’angle de la place de l’Opéra et de la rue de la Paix.

Il a fallu installer des barrages devant le point le plus dangereux. »

 

Le journaliste poursuit pour qu’on se rende bien compte du péril :

« Dans les galeries de la ligne Auteuil-Opéra, que les eaux ont envahi, la nappe affleure maintenant les quais. Elles montent d’heure en heure et gagne de plus en plus de terrain. On peut s’imaginer aisément combien est puissante la poussée des eaux, si l’on songe que le niveau de la place de l’Opéra est à la cote 35 et le niveau actuel de la Seine à celle de 33,50 seulement.

Toutes les mesures de sécurité ont été prises. Les étals qui menaçaient ont été consolidés, les boisages renforcés. On n’a donc aucun accident à redouter.”

 

Description de l’inondation du métropolitain

Grâce au Matin du 28 janvier nous disposons d’un peu plus d’informations sur l’inondation qui se passe sous les pieds des parisiens à la place de l’Opéra

« A cinq heures, un barrage subitement établi place de l’Opéra, à droite des chantiers du métropolitain, en descendant vers le Louvre, indiquait que dans le sous-sol de la place de l’Opéra, l’eau venait de sourdre. En effet, trois lignes, 8, 7, 13 se superposent et se coupent en ce lieu. Or la ligne 8, Auteuil Opéra, complètement noyée par les flots qui s’engouffrent à la Concorde, menaçait d’envahir la ligne 7, Palais Royal – Place Daumesnil. Comme d’autre part, les voies du numéro 3, Villiers – Place Gambetta se remplissent des eaux venues de Saint Lazare par la Nord Sud, un affouillement se produisit sous l’immeuble situé au coin de la place de l’Opéra et du boulevard des Capucines, dans une galerie destinée au passage des voyageurs. »

 

Pour limiter l’impact de l’incident, des travaux d’urgences sont entrepris :

« Grâce à la présence d’esprit de M. Gillet, représentant de l’entreprise, un accident a pu être évité : deux mille sacs vides bouchèrent la crevasse. D’énormes madriers étayaient maintenant les sous-sols dangereux. On fut aussitôt cherché une pompe à vapeur. Mais les puits pratiqués dans la paroi de béton pour la cage d’ascenseur sont des chemins naturels, et malgré les barrages établis on peut toujours craindre que l’envahissement d’une galerie ne cause de plus graves désastres.

Par mesure d’élémentaire prudence, on interdit la circulation au-dessus de la galerie sinistrée. »

 

Situation critique à la surface

Le lendemain, la situation s’est aggravée, comme le signale le Matin du 29 janvier 1910 :

« La Seine déchaussait les pavés rue Royale, défonçait la place de la Madeleine, provoquait place de l’Opéra un affaissement brusque. »

 

Le Petit Parisien précise alors ce nouvel incident :

« Du côté du boulevard de la Madeleine, la place de l’Opéra est barrée. Les voitures ne passent que par l’avenue où prennent les rues voisines. L’entrée de la rue de la Paix n’est plus accessible, ni aux voitures, ni aux piétons. Là encore, on a tout lieu de craindre l’inondation. 

A six heures dix, un léger affaissement du sol ayant été constaté à l’angle de la rue Louis le Grand, M. Michel, l’officier de paix du deuxième arrondissement, a fait cesser des voitures à cet endroit.

En un mot, la place de l’Opéra est complètement interdite aux voitures. »

 

« Le métro fléchit place de l’Opéra »

« A trois heures quarante, éboulement place de l’Opéra dans le chantier du métro. Une pompe mise en action pour l’épuisement des eaux est rendue inutilisable. L’eau monte à l’assaut de la ligne numéro 7. Elle est à la cote 29, à cinq mètres au-dessous du niveau de la Seine. Le nivellement va-t-il s’établir ? Les barrages sont reculés jusqu’à la rue de la Paix. »

 

« La dérivation des voitures se fait par la rue du Quatre Septembre, par la portion de l’avenue de l’Opéra comprise entre la place et la rue Louis le Grand. On craint que ne se produisent d’autres excavations. »

 

Sources bibliographiques :

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