Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Le Moulin de beurre

Le Moulin de beurre : une institution du XIXe siècle de Montparnasse, avant d’être annexée par la capitale !

 

Montmartre avait ses moulins, mais pas seulement. On en trouvait aussi sur le sud de Paris entre Montparnasse et Vaugirard. Le Moulin de Beurre faisait partie de ceux-là et lui aussi avait une histoire très riche.

 

 

Un moulin entre Montparnasse et Vaugirard

Le Rappel du 15 décembre 1885 nous décrit les différents moulins dans le quartier :

 

« A la jonction du chemin de Vaugirard et du chemin des Tuileries, sur le territoire de Plaisance, nous rencontrons le moulin de la Pointe, vis-à-vis de l’Enfant-Jésus, il est en avant-garde d’un groupe d’autres moulins, qui sont : le moulin Vieux et le moulin Neuf ; celui des Cornets ; le moulin de Beurre dont nous reparlerons un peu plus loin ; la Tour de Vanves et la Tour de la Charité : cette dernière se trouve aujourd’hui isolée au beau milieu du cimetière de Montparnasse. C’est une construction en pierre de forme ronde, d’environ quinze mètres de hauteur, percée de deux portes et coiffée d’une couverture qui ressemble à une gigantesque poivrière. Ce moulin aurait été édifié à cet endroit, au commencement du dix-septième siècle, par les frères de la Charité, venus à Paris, vers 1620, sur la demande de Marie de Médicis. Pendant longtemps, il a servi de logement au brigadier des agents préposés à la surveillance du cimetière.

Notons en passant que tous les moulins en maçonnerie sont désignés, sur le plan de Roussel de 1730, sous le nom de tours. »

 

 

Un moulin devenu cabaret

Détrompez-vous, vous qui pensez que ces moulins servaient à faire de la farine. C’était souvent des prétexte pour accueillir des guinguettes, profitant de la tranquillité des lieux, mais surtout de l’air de la campagne.

 

« Parmi les moulins célèbres en joyeuses beuveries, gardons – nous d’omettre le Moulin de Beurre, où il n’y avait plus de moulin dans les derniers jours de sa splendeur. Ce cabaret, situé à deux pas de la barrière du Maine, fut fondé un peu avant 1789 ; mais c’est seulement sous l’empire et la Restauration qu’il commença à être florissant. Il était tenu par la mère Saguet. C’est alors qu’il eut des hôtes qui ont laissé trace : Thiers, David le statuaire, Bellangé, Chenavard, Armand Carrel, Alexandre Dumas, les Devéria, Raffet, Gavarni, Tony Johannot, Louis Boulanger, Théodore Rousseau, Victor Hugo ! »

 

La Mère Saguet

Nous consacrons un article complet au moulin de la Mère Saguet. Cependant, en voici tout de même quelques lignes.

Ce fut la véritable tenancière du lieu, celle qui jusqu’en 1830 l’animait avec ses petits plats et son ambiance.

Ainsi que vous avez pu le lire dans les lignes ci-dessus, le moulin attirait du beau monde. On avait ainsi de nombreux romantiques, autour de Victor Hugo mais aussi Gérard de Nerval. Bellanger, le grand chansonnier y avait ses habitudes.

 

La ferme du moulin de beurre

Juste à côté du moulin et de la guinguette de la Mère Saguet, la ferme du moulin de beurre était aussi réputée pour ses galettes. C’est d’ailleurs à la suite d’une visite dans la ferme que le frère de Victor Hugo découvrir le restaurant de la Mère Saguet. L’ambiance lui plus tellement qu’il y revint accompagné avec le succès que nous connaissons.

 

Un lieu qui poursuivit après la Mère Saguet

En effet, le moulin survécut à la Mère Saguet.

« Bref, la vogue du Moulin de Beurre avait fait succomber quantités d’autres guinguettes, situées dans les mêmes parages et à Montrouge, et où, dimanches et fêtes, se rendait en foule la jeunesse des écoles. D’autre avaient disparu en 1820, par suite de l’agrandissement du cimetière Montparnasse. Chacun d’eux avaient pour enseigne le nom d’un moulin disparu. C’étaient, entre autres, le Moulin janséniste, le Moulin molinite, celui du Bel-Air, puis le Moulin d’Amour, que ne hantait même plus le souvenir de son ancien hôte Fréron. »

 

On raconte qu’il cessa son activité dans la seconde moitié du XIXe siècle. La raison fut d’abord l’avancée de la ville. Paris avait alors annexé les communes voisines et poursuivait son inexorable progression.

 

Sources bibliographiques :

 

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