Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

Visites parisiennes à la morgue au XVIIIe siècle

Visites parisiennes à la morgue au XVIIIe siècle : quand le morbide devient un spectacle attirant les curieux

Bien qu’une rumeur circulait en ville, racontant qu’y récupérer le corps d’un proche coûtait excessivement cher, cent et un écus, de nombreux parisiens venaient souvent voir ce qui s’y passait. En effet, souvent le seul moyen de procéder à l’identification d’un mort était qu’il soit reconnu par une connaissance.

La salle de la morgue était au XVIIIe siècle ouverte au public, afin de permettre ces passages.

La tête cuite avec du sel et du gros lard

En mai 1741, une foule de parisiens se précipita à la morgue. En effet, le 10 mai de ce mois, on avait apporté à la morgue, la « tête d’un homme cuite avec du sel et du gros lard ». Ce ragoût avait été retrouvé dans le fond d’une marmite. Cette dernière avait été déposée par un inconnu dans l’allée d’un faïencier de la rue Saint Martin, non loin de la rue aux Ours. Pendant quelques instants, cet homme avait été aperçu, assis sur des marches à proximité, posant son bras sur la marmite. Une servante s’était alors approchée pour lui parler, mais ne trouva plus que la marmite. C’est alors qu’elle découvrit la tête à l’intérieur. Rapidement, elle appela un commissaire de quartier et une enquête fut diligentée.

La tête fut apportée à la morgue. Le tout Paris s’y rendit. Mais jamais on ne résolu l’énigme.

Le massacre des Innocents

En mars 1734, on conduisit à la morgue un sinistre convoi. Seize enfants morts furent installés dans la salle. Le plus âgé n’avait pas trois ans.

Pareil évènement attira également à la morgue une foule de curieux. Les références religieuses se firent : s’agissait-il d’un nouveau massacre des Innocents. En effet, la bible raconte qu’après la naissance du Christ à Bethléem, le roi Hérode fit massacrer tous les nouveaux nés, craignant qu’il ne soit renversé de son trône : le massacre des Saints Innocents.

La momie de Fontainebleau

En 1767, un particulier venait du Caire en Egypte avait amené avec lui, une momie. Il voulait ainsi orner son cabinet comme un objet de curiosité.

En passant par Fontainebleau, il prit le coche d’eau pour rejoindre Paris. Cependant, il oublia à ce moment la boite qui contenait la momie. Après que des commis ne l’eurent ouverte, on pensa y trouver à l’intérieur un jeune homme mort étouffé. Un commissaire se chargea de l’enquête et ne comprenant pas la situation, il envoya la momie à la morgue.

Attiré par la rumeur d’une mort abjecte, nombre de curieux affluèrent à la morgue pour voir le cadavre.

Cependant, voilà, après s’être rendu compte de son oubli, le voyageur revint sur ses pas à Fontainebleau. Il fut aussitôt arrêté. C’est alors qu’il expliqua l’origine de la boite. Cependant, il fallut ensuite se rendre à la morgue pour la récupérer. Cette histoire servit d’intrigue pour une pièce donnée dans les spectacles de foire.

Sources bibliographiques

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