Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de tour

Vue de la Tour de Nesle par Israël Silvestre

Vue de la Tour de Nesle par Israël Silvestre : dernier souvenir avant la disparition de ce vestige médiéval !

 

Dans ce blog, nous proposons au fil du temps de réaliser un panorama du Paris du Grand Siècle, en nous appuyant sur les dessins d’Israël Silvestre. Ce dessinateur officiel du roi – il avait ses appartements au Louvre – réalisa en la moitié du XVIIe siècle un grand nombre de représentations de lieux dans Paris. C’est donc pour nous une véritable mine d’information et un magnifique témoignage du Paris dans ce Grand Siècle, avec ses vestiges historiques mais aussi ses transformations.

 

La Tour de Nesle, est dans ce cas d’espèce, un exemple très illustratif.

 

Rapide histoire de la Tour de Nesle

Pour un grand nombre d’entre nous, les passionnés d’histoire et de celle de Paris en particulier, nous avons été des lecteurs attentifs et très intéressés des Rois Maudits de Maurice Druon. Dans ce cadre, la Tour de Nesle a une signification toute particulière. Là, les belles filles du roi avaient rejoint leurs amants profitant d’un temps de repos des princes, tout occupés à assister au même moment au supplice de Jacques de Molay, ancien grand maître du Temple.

Cette tour faisait partie du mur d’enceinte entourant Paris au Moyen Age, sur la rive gauche.  Elle avait pris le nom d’un hôtel particulier qui du temps de Philippe le Bel appartenait au roi.

Elle survécut au Moyen Age et à la Renaissance.

C’est enfin au temps de Louis XIV entre 1663 et 1665 qu’elle fut détruite. Le lieu fut très rapidement réutilisé pour héberger le Collège des Quatre nations, devenu ensuite l’Institut de France.

 

La Tour de Nesle au temps d’Israël Silvestre

Les contemporains d’Israël Silvestre furent les derniers à pouvoir voir ce vestige du Paris médiéval. Sa position incontournable à proximité de la Seine fut un prétexte pour accueillir le lancement de feux d’artifice au temps de Louis XIII.

Comme nous pouvons le voir dans la vue d’Israël Silvestre, la Tour de Nesle était à proximité d’une porte de Paris. Il fallait pour cela traverser le fossé de la rive gauche, tout près de l’endroit où il rejoignait la Seine.

Dans ce dessin, la Tour de Nesle est bien ancienne et d’une grande vétusté. Cette impression est renforcée par les nombreuses traces de végétation, y compris au sommet. Cela faisait bien longtemps que les tours de garde en hauteur pour surveiller des éventuels assaillants avaient cessé. Paris s’est fortement agrandie et les guerres de Louis XIV avait éloigné les frontières. Pour ces raisons, le roi Soleil fit abattre toutes les fortifications entourant la capitale. La Tour de Nesle en faisait partie.

 

La composition de la vue

Dans ce dessin, c’est à la fois la Tour de Nesle qui est intéressante, se dressant droite vers le ciel, que la vue au loin du Louvre.

Du temps de Louis XIV, le Louvre avait fait l’objet de nombreux travaux d’aménagement. Sur le côté de la Seine, que l’on peut voir sur cette vue, une nouvelle galerie était édifiée. Elle visait ensuite à rejoindre le Palais des Tuileries.

Ainsi, Silvestre met en avant le contraste entre le Paris monumental moderne que se trouve de l’autre côté de la Seine et les vestiges médiévaux symbolisés par la Tour de Nesle.

La propreté des façades du Louvre s’oppose au délabrement de ce côté.

Nous sommes donc ici dans un moment de transition urbaine, comme le voulait alors le roi Soleil.

 

Les personnages au premier plan

Dans la plupart de ses dessins, Silvestre met en scène au premier plan des personnages, renforçant la vie de ses compositions.

Ils sont de plusieurs natures ici.

On peut, ainsi, s’arrêter sur un groupe d’hommes, sur les berges à proximité du fossé. Des pêcheurs ? Des chiffonniers voulant récupérer des objets dans l’eau ? En tout état de cause, leur place n’est pas enviable en raison de l’odeur que devait faire circuler les fossés.

Ensuite, un peu plus loin, on peut voir les passants rentrant ou sortant dans Paris, traversant le fossé et la porte.

 

Sources bibliographiques :

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