La Tour de Nesle
La Tour de Nesle, un vestige d’une enceinte médiévale et centre de nombreuses histoires, contes et légendes.
La Tour de Nesle était une tour médiévale, qui s’élevait pratiquement au niveau de l’Institut de France. Sur la rive gauche, à l’emplacement au bout du pont des arts. Cette tour est dans l’imaginaire collectif celle du scandale relaté dans les Rois Maudits de Maurice Druon, où les belles filles du roi Philippe le Bel, s’adonnèrent à l’adultère.
Une tour à la croisée de l’enceinte de Philippe Auguste et la Seine
Afin de protéger Paris, le roi Philippe Auguste fit construire une enceinte à partir de 1190. Deux parties furent ainsi construites :
- sur la rive gauche, l’Université,
- la rive droite, la Ville.
Au bout du bourg Saint Germain, la Tour de Nesle fermait cette enceinte au niveau de la Seine. Elle faisait ainsi partie des quatre tours qui terminaient la muraille au bord du fleuve :
- la tour Billy, sur la rive droite, au niveau de l’entrée de la Seine dans Paris,
- en face, la tournelle,
- la tour de Bois, sur la rive droite, à la sortie de Paris,
- en face, la Tour de Nesle.
Des chaînes de fer pouvaient être levées sur l’eau, supportées par des pieux et des bateaux.
A ce niveau, le fossé entourant l’enceinte rejoignait la Seine.
A l’origine, on l’appela la tour Hamelin. Elle avait en effet été construite aux alentours de 1200 par Philippe Hamelin
Avec les pieds dans l’eau, la Tour de Nesle était ronde. Elle mesurait 20 pieds de hauteur, soit un peu plus de 65 mètres. Une autre tour était accolée. Plus étroite mais plus haute, elle contenait une escalier à vis à l’intérieur.
L’hôtel de Nesle
Adossé à l’enceinte de Philippe Auguste, aux côtés de la tour, se dressait l’hôtel de Nesle. Ce monument disposait d’une façade avec 11 arcades, avec un enclos. Aujourd’hui cet espace est occupé par l’hôtel de la Monnaie et l’Institut de France.
C’est le propriétaire de l’hôtel, Amauri de Nesle, qui lui donna son nom. Il le vendit à Philippe le Bel en 1308 pour 5 000 livres. Le roi le donna à Jeanne de Bourgogne, sa femme. Celle-ci voulait faire fonder un collège après sa mort.
Toutefois, Charles VI le céda au duc de Berry. Ce dernier, fit agrandir le jardin en 1385, au delà des fossés de la ville, tout en construisant un pont. Le prince en profita également pour transformer les différents corps de logis. A côté de la tour, il fit installer une construction pour abriter un jeu de paume.
En 1570, Charles IX aliéna l’hôtel. Sur le terrain on construisit alors l’hôtel de Nevers, qui deviendra par la suite, l’hôtel de Conti.
La destruction de la tour
Malgré l’aliénation de l’hôtel de Nesle en faveur de la ville de Paris, la Tour resta debout encore. Suivant les récits, elle fut louée à un marchand ou servit de prison.
En tout état de cause, elle fut utilisée pour lancer un feu d’artifice, en face du Louvre pour Louis XIII. La Tour de Nesle fut enfin détruite entre 1663 et 1665, en amont des constructions du collège des Quatre Nations (l’Institut de France actuel).
Les histoires de la Tour de Nesle.
La vieille tour avait son lot de mystères et de légendes. En voici quelques histoires :
Tout d’abord, des parisiens racontaient qu’une reine épiait des écoliers qui passaient à proximité. Elle les faisaient monter pour participer à ses fêtes, ses “orgies”, on disait. Une fois les réjouissances terminées, on les jetait du haut de la tour. Cette histoire fut racontée dans un drame écrit par Alexandre Dumas.
Ce serait dans ces lieux également que les belles filles de Philippe le Bel, Marguerite de Bourgogne et Blanche de la Marche y recevaient leurs amants : Philippe et Gauthier d’Aulnay.
Lors de la captivité de Jean II, Charles de Navarre s’installa à l’hôtel de Nesle. Le dauphin Charles, l’autorisa à y vivre, à la condition qu’il lui accepte la réunion du royaume de son invité, à sa mort, sans fils. Toutefois, Charles de Navarre profita de cette période trouble pour organiser des troubles face à l’autorité du régent. C’est alors que l’hôtel de Nesle fut donné au duc de Berry.
En 1407, la Tour de Nesle fut le lieu des réjouissances de la réconciliation entre les maisons de Bourgogne et d’Orléans, en pleine folie du roi Charles VI. Toutefois, la trêve fut de courte durée. Elle fut suivie par l’assassinat de Louis d’Orléans sur ordre de Jean sans peur, duc de Bourgogne, en pleine ville.
Sources bibliographiques :
- Lunel, Adolphe Benestor. Histoire de la Tour de Nesle. 1839.
- Marcy, Léon. Cauder, Paul de. Histoire de la Tour de Nesle. 1877
- Mystère de la Tour de Nesle. 1850