Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les brodeurs chasubliers

Les brodeurs chasubliers, ou l’histoire d’une profession riche, affichant fièrement son égalité homme femme.  

 

 

Histoire médiévale d’une profession de patience et d’égalité homme femme

Même si on ne trouve pas de trace des brodeurs dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau, on retrouve des statuts donnés par un de ses successeurs, le prévôt de Paris Guillaume de Hangest, datés de 1292 :

  • apprentissage de 8 ans,
  • un seul apprenti par maître,
  • défense de travail la nuit, les dimanches et jours de fête,
  • 3 ou 4 jurés, dont au moins un devait être une femme,
  • le broché devait utilisé de la soie et un fil d’or de bonne qualité.

Selon René de Lespinasse, historien des métiers parisiens, les brodeurs vécurent sans heurts avec leurs voisins, en raison de la dureté, la longueur, l’ingratitude de leur travail.

 

En 1316, le métier est fixé à 20 sols. Les maîtres obtiennent alors l’autorisation de lever l’interdiction du travail de nuit, lorsque la charge était très importante.

A cette date, Paris comptait 260 brodeurs, avec un même nombre de femmes  que d’homme.

 

Histoire d’une confrérie érigée au XVe siècle

Les brodeurs établirent leur confrérie en 1469, dans l’église Sainte Opportune. On sait qu’en 1648, elle était dédiée à Saint Clair et Sainte Marie.

En 1483, les statuts furent modifiés légèrement :

  • Acceptation de l’usage d’un or de qualité secondaire : or de bassin,
  • autorisation de 2 apprentis par maître,
  • 6 ans d’apprentissage.

 

L’art de la broderie parisienne à XVIe siècle

Le XVIe siècle est une époque de précision de l’art de la broderie  : Les statuts de 1551 et 1567 reviennent largement sur la production.

Le fond était de la grosse toile, dite bougran ou du treillis d’Allemagne. Sur celui-ci, l’ouvrier réalisait à la main avec de la laine, du fil d’or, de la soie ses oeuvres, en relief, les points, les rachures, les lancés, les taillures, les couchés, les profilures, les étoffes guipées, les cannetilles, les milanaises, les torsades. Ensuite, ils réalisaient les chairs avec de la soie, mais aussi, les manteaux, draperies, cordons, lisières, armoiries, croix, palmes, lauriers…

Les supports de ces broderies pouvaient au choix être de vélin, de toile, bougran, taffetas, velours…

Les contrôles étaient stricts et si on découvrait un usage mélangé avec de l’or faux, la pièce était brûlée et une amende était fixée à 250 livres. 

 

La broderie était bien sûr utilisée pour les ornements d’église mais aussi les uniformes des compagnies militaires. Lorsqu’un maître obtenait un marché pour une compagnie, il le répartissait avec ses voisins. 

Pour obtenir la maîtrise, l’aspirant devait réaliser son chef d’oeuvre en brodant un personnage entier, ce qui demandait 2 mois de travail. Ce chef d’oeuvre fut ensuite réduit pour s’établir à 3 semaine d’ouvrage, puis  à une semaine. 

 

Le XVIIIe siècle, lorsque  la limitation du nombre de maître fut retenue pour organiser la puissance d’une corporation

1704 : revue des statuts. A cette date, le nombre de maîtres se réduit à 200. La volonté d’alors était de les faire revenir au nombre de 1292. En effet, ce fut un moyen de maintenir l’organisation communauté tout en autorisant l’usage de nombreux compagnons et d’ouvriers travaillant chez les maîtres. 

Ils durent s’acquitter de 7 000 livres pour l’union des offices des jurés au début du XVIIIe et de la même somme en 1745 pour celle des offices des inspecteurs des jurés. Pour ce faire, ils vendirent l’argenterie à la Monnaie.

 

En en  1776, la communauté fut unie avec celle des passementiers, puis en 1784 avec les tissutiers rubanniers. A cette occasion, ils entrèrent dans les Six Corps. 

 

Sources bibliographiques :

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