Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

Les cachemires de la rue de Richelieu

Les cachemires de la rue de Richelieu : ces magasins enrichissaient les toilettes des spectatrices de l’Opéra

 

Les connaisseurs actuels de la rue de Richelieu pourraient s’attendre à ce que nous parlions de ce quartier de numismates, de collectionneurs en tous genres, mais pas de cachemire.

Et pourtant, dans la seconde partie de la rue de Richelieu, entre la rue Feydeau et les Grands boulevards, on trouva au cours de la première moitié du XIXe siècle, de nombreux vendeurs de tissus en cachemire. Ils faisaient rêver et approvisionnait celles qui recherchaient des sales doux et soyeux, avec un dessin toujours plus original et différent.

 

Une mode de la monarchie de Juillet pour les élégantes voulant sortir

Dans les années 1830 et 1840, la mode était à l’exotisme. Tout ce qui évoquait l’orient était accueilli très favorablement : dans les peintures du Salon, dans les soirées mondaines…

La révolution de Juillet avait mis sur le trône, un prince d’Orléans, dont la famille avait œuvré dans le dos de Louis XVI lors de la grande Révolution. Les bourgeois de Paris voyaient le régime d’un bon œil et le soutenaient, tout en constatant bien que son autorité n’était pas très puissante.

Cela n’avait que d’importance dès qu’il s’agissait de sortir et de s’amuser dans les bars, devant le théâtre ou à l’Opéra. Il fallait y briller et les toilettes étaient des attributs essentiels. De ce fait, les châles en cachemire étaient arrachés par les élégantes qui voulaient s’amuser et profiter du temps.

Il faut dire que la famille entourant Louis Philippe ne se faisait pas prier également pour mettre en valeur les tenues à porter alors. Aussi, les maisons de nouveautés et de châles recherchaient avec beaucoup de soin et d’attention leurs faveurs.

 

Des produits venant de différents horizons

Tout d’abord, bien sûr, le cachemire renvoie à une région du nord de l’Inde, actuellement faisant l’objet d’un contentieux territorial entre les états indiens et pakistanais.
De ce fait, les châles en cachemire à la mode au XIXe siècle provenaient de manufacture indienne. Certaines venaient de Chine, à en croire les publicités. En tout état de cause, l’approvisionnement et le lien avec ces productions étaient des circuits au secret jalousement gardé.

A cette date l’Inde n’était pas encore une possession à proprement parler anglaise, mais les britanniques avaient réussi à contrôler un partie de ses productions et cherchaient le monopôle dans l’importation de ces produits vers l’Europe.

Aussi, réussir à passer outre les anglais n’était pas donner à tous. Seules certaines maisons avaient pu établir leur propre réseau de fournisseurs.

En tout état de cause, comme les produits indiens restaient très chers, des manufactures s’étaient mises à produire ces châles et les concurrençaient. Certains n’hésitaient même pas à imiter les indiens, tant dans le dessin que la texture des tissus.

 

Quelques belles maisons

Pour poursuivre, nous allons revenir sur quelques magasins de châles en cachemire du quartier de la rue de Richelieu. Comme vous pouvez l’imaginer, il s’agit de description rapide, dont il vous possible de disposer de davantage de détail en vous rendant sur les articles qui leurs sont dédiés.

 

La maison Brousse

Brousse était une référence dans le cachemire. Son tenancier avait développé ses propres réseaux dans de nombreuses régions asiatiques. Toute arrivée dans son magasin venue de si loin faisait l’objet d’une communication riche. Ces arrivages étaient ainsi événementialisés pour attirer le plus possible et probablement permettre de tirer des prix intéressants.

Brousse utilisait différents leviers pour se faire connaître. Il avait ainsi réussi à obtenir le patronage de la jeune duchesse de Nemours, jeune épouse d’un des fils de Louis Philippe.

Ensuite, il diffusait des articles touts écrits à l’avance dans différents journaux. En les lisant, on avait l’impression qu’un journaliste expert dans le domaine s’était rendu chez lui et louait ses produits.

 

Le magasin de la Compagnie des Indes

En 1840, un magasin ressuscite le souvenir d’un nom illustre entre le Grand Siècle et la Révolution : la Compagnie française des Indes. Bien qu’en dehors du nom, il n’y avait aucun lien, il fallait bien faire rêver et donner l’impression que les cachemires qui y étaient vendus étaient exceptionnels par leur circuit d’approvisionnement.

Toutefois, à la Compagnie des Indes, les sources étaient multiples. On pouvait y trouver des fabrications françaises, tout comme des produits venus d’Asie. Les opérations commerciales étaient nombreuses et les réclames donnaient l’impression d’un lieu plein de succès.

 

Fraisnais et Gramagnac

Voici le magasin d’un fabricant français. Fraisnais et Gramagnac disposaient de leur propre usine dans l’Aisne ! Elle revendiquait aussi des produits venus d’Inde, mais elle cherchait surtout à faire en sorte qu’on puisse voir ses produits portés par des femmes en vue à l’époque à l’Opéra et au théâtre.

La maison portait une qualité très fournie pour ses dessins et ses traits.

 

Huguet

Finissons avec ce détaillant qui revendiquait une qualité : l’imitation du cachemire indien. En vous rendant chez Huguet, vous saviez que ce n’étaient pas des produits indiens, mais que leur dessin, l’aspect et la texture du tissu feraient illusions.

 

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