Histoires de Paris

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Le début de la mode des hameaux au XVIIIe siècle

Le début de la mode des hameaux au XVIIIe siècle : la recherche de magie et d’émotions pour la vie rustique !

 

Au-delà de la caricature des plaisirs d’une reine voulant « jouer à la fermière », comment comprendre cette mode des hameaux qui occupa un grand nombre de princes français dans les années 1780 ?

Il faut, pour cela, faire un retour en arrière. Juste avant la construction du hameau de la reine ! Découvrons les nouvelles tendances artistiques et les envies des princes !

 

L’absence d’intérêt pour la situation populaire dans les arts du Grand Siècle et l’évolution des Lumières

Tout d’abord, ainsi que le rappelle Gustave Desjardin dans son histoire du Petit Trianon, les artistes et les écrivains ne s’étaient que très peu préoccupés de la situation populaire au cours du règne de Louis XIV. En effet, dans les œuvres classiques, on allait rechercher des traits de caractères dans les personnages de l’antiquité, ainsi que parmi les nobles. Jamais auprès des bourgeois et encore moins des paysans.

Aussi, Rousseau fut un des premiers à s’aventurer sur ce terrain-là. Diderot vit parmi les villageois des héros tragiques qu’il mit en scène.

Des peintres les suivirent. Greuze, par exemple, s’intéressa aux bergers. Il habillait ses personnages avec les tenues de l’époque. Là, il montre des gens avec leurs sentiments, leurs émotions. En outre, ces représentations furent vendues à des hauts personnages du pays alors.

 

La fête des bonnes gens

Avec la baisse de la représentation à la Cour de Versailles au début du règne de Louis XVI, de nombreux seigneurs vécurent davantage dans leurs maisons. Là, ils se mirent à imiter Elie de Beaumont qui avait institué en 1777 la fête des bonnes gens. A cette occasion, M. de Beaumont avait récompensé un vieillard béni par leurs familles, un bon père avec ses enfants, la fille dévouée. La reconnaissance de la famille, y compris parmi les paysans fait son apparition.

Le comte d’Artois, second frère de Louis XVI et futur Charles X, devint même par la suite le parrain de la fête des bonnes gens.

 

La transition vers la vie rustique

La suite logique de cette nouvelle tendance concerne l’ambiance de la vie de ces bonnes gens. Ainsi, les artistes mettent en avant les fermes, les laiteries, les basses-cours… bref le cadre de la vie rustique fait son entrée dans les maisons du luxe.

La littérature poursuit sa mutation, en cherchant dans des anciens textes médiévaux des illustrations de cette vie simple. Le jardinier Duchesne évoque lui aussi cette représentation dans les jardins.

Les princes sont alors à la recherche de la magie et du rêve, comme les contes de fées mais aussi les Mille et une nuits peuvent soulevées. Et cette magie se retrouve dans les jardins d’inspiration anglaise et qui font fureur alors en France.

 

L’exemple du prince de Condé

Le premier à se construire un hameau est le prince de Condé. Dans son domaine de Chantilly, il fait établir à l’extrémité du jardin, sur les bords du canal, sept bâtiments laissant entre eux une place irrégulière.

Ces maisons représentent une étable, une laiterie, un moulin, un cabaret de village et une grange. Chacune d’entre eux sont totalement équipées et sont habitées. Ainsi le prince pouvait aller voir sa meunière entrain de préparer sa farine.

A proximité, le prince dispose d’un cabinet de lecture et des bibliothèques.

Couvertes de chaumes, elles sont totalement rustiques. Mais ne nous y trompez pas, l’intérieur était luxueux.

 

C’est cet ensemble qui inspire Marie Antoinette et qui demande à Richard Mique de confectionner son propre hameau.

 

Sources bibliographiques :

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