Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires d'immeubles

Le Magasin Jeanne d’Arc

Le Magasin Jeanne d’Arc s’était spécialisé dans la liquidation des magasins de nouveautés ayant fait faillite

 

Installé au 247 de la rue Saint Honoré, le magasin Jeanne d’Arc proposait lui aussi des nouveautés. Cependant, elles étaient d’un genre particulier. Alors que nombreux de ses concurrents cherchaient les faveurs de maisons de production pour des gammes propres, le magasin Jeanne d’Arc s’était développé une spécialité : être le dépôt de vente à la suite de grandes faillites.

 

Une première très grande vente

A la fin de l’année 1840, une très grande compagnie de nouveautés fait faillite. Pour rembourser les créanciers, il est essentiel de vendre le stock. Seulement, les locaux sont jugés trop loin du centre de la capitale. Aussi, les liquidateurs retiennent le magasin Jeanne d’Arc, située rue Saint Honoré. Découvrons cette vente, en lisant le Siècle du 3 octobre 1841 :

« Une vente extraordinaire de nouveautés doit avoir lieu depuis le 14 septembre jusqu’au 15 octobre dans les magasins de Jeanne d’Arc rue Saint Honoré, 247. C’est là, que par suite de la faillite considérable d’une maison située dans un quartier moins central, les syndicats ont transféré les étoffes de toutes espèces pour une valeur représentant plus de 800 000 francs. Le public et la dames principalement seront attirés aux magasins de Jeanne d’Arc par les avantages que cette grande vente à l’amiable doit leur procurer. Parmi les nombreuses marchandises à bon marché, nous avons remarqués un joli choix de Naples ravé à 1 franc 25 centimes, des toiles de laine pour robes du matin à 55 centimes. Cette vente offrira les articles les plus variés pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Nous recommandons aux dames qui visiteront cette vente, une immense quantité de toiles fines de dentelles et broderies, dont le prix bas contraste avec la belle fabrication et la nouveauté des dessins. Le 15 octobre ayant été fixé pour le versement des fonds réalisés, cette vente n’aura aucune prolongation. »

 

Une initiative qui fait mouche

Cette vente est un véritable succès. Et malheureusement, ainsi que le rapporte la Presse du 29 novembre 1841, ce ne sont pas les faillites qui manquent en cette fin d’année.

 « La rapidité avec laquelle plus de 800 000 francs de marchandises provenant de la faillite de J. K. et compagnie ont été vendues le mois dernier dans les magasins de Jeanne d’Arc, rue Saint Honoré, 247 a donné lieu, de la part des syndics des faillites considérables qui affligent le commerce depuis plusieurs mois, à de nombreuses demandes de dépôt.

Le propriétaire de l’établissement, ayant dû nécessairement accorder la préférence à ceux des créanciers qui se sont imposés les plus grands sacrifices, vient de recevoir en consignation, pour être vendu immédiatement à un rabais de 50 pour 100, une immense quantité d’articles de nouveautés de toutes espèces, évaluée à près de dix huit cent mille francs.

Cette vente, qui commencera le 29 courant, pour être continuée les jours suivants depuis dix heures du matin jusqu’à cinq heures du soir, est une bonne fortune pour le public. Entre autres articles d’un prix vraiment extraordinaire par sa modicité, comparé à leur valeur intrinsèque, on y trouvera des flanelles pure laine, de la largeur de 120 centimètres, à 2 francs 25 centimes, des satins persans, à 3 francs 25 centimes, des barèges Isabelle pour robes de soirées à 93 centimes, des toiles de laine chinée à 55 centimes, de très beaux velours des Indes, à 3 francs 75 centimes, et le choix le plus varié en soieries chinées et brochées, à 2 francs 45 centimes.

 

Sources bibliographiques :

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