Histoires de Paris

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Vies de travail

Les émailleurs et patenôtriers

Les émailleurs et les patenôtriers furent les artisans de petites pièces d’orfèvrerie pour le peuple parisien

 

Pater noster, chapellets… voici l’origine du nom des patenôtriers pour les fabricants des patenôtres, objets de piété quotidien des parisiens médiévaux. Certains étaient simples, d’autres plus élaborés.

 

Les patenôtriers au Moyen Age

D’après le Livre des Métiers d’Etienne Boileau, Paris au crépuscule du XIIIe siècle, comptait quatre corporations de patenôtriers :

  • les patenôtriers d’os et de corne,
  • les patenôtriers de corail et de coquilles,
  • les patenôtriers d’ambre et de jais,
  • les patenôtriers fabricants de boucles, noyaux et de boutons de robe.

Ces communautés se différenciaient par la matière première qu’ils utilisaient, allant pour les premiers de l’os, pour aller progressivement vers les pierres de plus en plus précieuses et les métaux pour les derniers : archal, laiton.

Contrairement aux orfèvres qui leurs étaient très proches, ils destinaient leurs marchandises au peuple, très religieux, beaucoup moins fortuné que les élites.

 

Les émailleurs, une profession  qui apparaît au début du XVIe siècle

C’est au début du XVIe siècle que les premiers statuts des émailleurs furent donnés.

Tout comme les patenôtriers, l’émaillerie était aussi une spécialité des orfèvres, mais les émailleurs commercialisaient leurs objets au peuple.

Dix ans d’apprentissage étaient nécessaires pour obtenir la maîtrise et le droit de travailler l’or et l’argent, en refusant verre de plomb, cristaux teints.

Alors, en ce début du XVIe siècle, Paris comptait pas moins de 40 maîtres.

 

La réforme des patenôtriers dans la seconde moitié du XVIe siècle

En 1566, sont publiés les statuts des patenôtriers boutonniers d’émail, probables successeurs des patenôtriers faiseurs de boucles selon René de Lespinasse :

  • tout ouvrier exerçant le métier depuis 6 ans est reçu alors maître,
  • 5 ans d’apprentissage,
  • ils fabriquaient des boutons d’émail, des patenôtres, des dorures sur verre, boucles d’oreille, ceintures, colliers, bracelets, cordelières, chapelets…

Henri III confirma leurs statuts et les autorise à contrôler les marchandises vendues dans les foires parisiennes, ainsi que de vendre verrerie, flacons et bouteilles. Son successeur élargira également les autorisations en leur permettant de vendre aussi objets en verre, dorés et émaillés.

 

Les autres communautés des patenôtriers profitèrent du moment pour refondre leurs statuts, en 1571, tout en conservant deux métiers : 

  • les patenôtriers de corail, qui fusionnèrent avec ceux d’ambre, 
  • les patenôtriers d’os et de corne

Les patenôtriers de corail s’inscrivirent alors dans la continuité de leurs statuts donnés dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau, renouvelant l’apprentissage à 6 années. Quatre jurés contrôlaient la communauté. 

En 1603, l’apprentissage est réduit à 3 ans Il est alors décidé que les maîtres quittant la ville, perdaient alors leurs privilèges.

 

Les patenôtriers d’os et de corne renouvelèrent alors les statuts d’Etienne Boileau avec, quatre ans d’apprentissage, trois jurés. Ils façonnaient les os et la corne, en boule, en carré ou en tête de mort. 

Ces statuts sont renouvelés en 1614, en leur donnant le nom de cornetiers faiseurs de dés.

Enfin, au cours de XVIIe siècle, ils s’unirent aux bouchonniers qui n’étaient pas encore constitués en communauté.

 

La fusion des communautés au XVIIIe siècle

Au début du XVIIIe siècle, les émailleurs et patenôtriers furent regroupés. A la différence des verriers, considérés comme marchands de gros, ils furent autorisés à vendre au détail.

Toutefois, cette fusion souhaitée par les patenôtriers n’étaient pas du goût des émailleurs. En effet, les deux communautés de patenôtriers avaient alors de graves difficultés. Parmi les motifs de discorde, on recensait alors l’invention de fausse perle par un patenôtrier de corail, qui aurait du rentrer dans la spécialité des émailleurs.

 

Sources bibliographiques : 

Une réflexion sur “Les émailleurs et patenôtriers

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