Histoires de Paris

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Repères

Idée pour déblayer la neige

Idée pour déblayer la neige : s’équiper de puissantes locomobiles à vapeur sur la route et le chemin de fer !

 

Les tempêtes de neige à Paris ne sont pas si nombreuses. Quelques hivers, la ville se trouve prise par une tourmente, notamment sur les axes extérieurs en banlieue. Ces nuits-là sont dures pour de nombreux automobiles pris au piège, malgré les alertes météo.

A chaque fois, les médias évoquent cette situation, s’insurgeant contre les pouvoirs publics n’anticipant pas ces coups de neige en ne recourant pas au matériel adéquat.

A l’occasion de nos recherches sur l’hiver 1879 – 1880, pour comprendre la terrible débâcle de janvier 1880, nous avons retrouvé cet étonnant éditorial du Petit Journal du 7 décembre 1879. Face à ce qu’il considère comme l’incapacité des pouvoirs publics, l’éditorialiste, Thomas Grimm propose son idée. Révolutionnaire ? A vous de juger !

 

Pourquoi se trouver dans une telle situation ?

« Oui, nous sommes sous la neige !

Oui, la vie normale de Paris est arrêtée !

Plus d’arrivages ; plus de circulation ; plus de commerce ; plus d’industrie !

Ce qui m’irrite, c’est que cela ne devrait pas être.

Depuis quinze ans, à chaque tourmente, nous disons qu’il est simple et facile de se rendre maître de la neige. Comment ? Oh. ! C’est bien simple. Je comprends très bien qu’avant l’invention de la vapeur, on ait employé les tombereaux d’enlèvement ; qu’on ait réquisitionné les hommes et les chevaux ; que, au besoin, Charles X, grand chasseur, philanthrope à ses heures, ai offert 10 francs pour une nuit aux hommes sans travail et de bonne volonté pour enlever la neige du Louvre à Vincennes et sabler le parcours. »

 

La solution ? la machine à vapeur

« Mais depuis l’invention de la vapeur, on nous dit que le service de la voirie à Paris a réquisitionné des tombereaux, des chevaux, des hommes, et qu’une activité dévorante, est déployée. On nous dit que l’autorité militaire a mis à la disposition des compagnies de chemin de fer des bataillons et des régiments entiers. Très bien ; mais il faudra trois ou quatre jours au moins avant le déblayement complet !

Pendant ce temps tous les services auront été désorganisés, et la France aura été séparée de Paris ; Paris lui-même aura été un désert sans relations de quartier à quartier, isolé de la banlieue.

Eh bien ! Le système que je préconise est tellement facile à appliquer qu’il faudra cinquante ans encore avant qu’on l’emploie. Il consiste tout uniment à avoir sur les chemins de fer des locomotives-fond-neige et, dans les villes, des locomobiles-fond-neige. »

Rappelons tout de même que la neige est tombée avec beaucoup de densité dès début décembre. Toute la ville se retrouve surprise par cette situation.

 

 

Deux types de machines : pour la route et sur les chemins de fer

« Une tourmente de neige est signalée ; la neige s’accumule dans la tranchée du chemin de fer lancez en avant une locomotive puissante, organisée de telle manière que des jets de vapeur prennent toute la voie. La neige fondra comme par enchantement entraînant des flots liquides sur sa route. Que si l’eau menace de manquer, la locomotive sera, rendue momentanément sans jets, sera lancée en avant et l’on refera avec la neige une provision d’eau. Si l’on craint des stations trop longues devant les amoncellements trop tassés, que l’on combine le système avec celui des-locomotives-charrues.

A Paris et dans les grandes villes, au lieu des locomotives, on aura des locomobiles et l’effet produit sera le même. Je mets en fait qu’avec 80 locomobiles, une par quartier, Paris sera entièrement déblayé en une heure. Une tourmente de neige comme celle d’hier et de cette nuit ne laisserait pas plus de traces qu’une forte averse de pluie, que les trous d’égout absorbent. Je n’insiste pas »

Le XIXe siècle est celui de la gloire du progrès. Grâce aux machines et à l’industrie, les différents maux seront corrigés. Telle est la croyance d’alors !

 

« Voilà le système exposé pour la centième fois. Que les administrations fassent leur de voir, nous avons fait le nôtre. »

 

Sources bibliographiques :

 

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