Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de Seine

La noyade du caporal Tripier au quai Debilly

La noyade du caporal Tripier au quai Debilly : emporté … après que sa barque fut prise dans un tourbillon !

 

Avant la seconde guerre mondiale, l’avenue actuelle de New York qui longe la Seine portait le nom du général Debilly. De nos jours, ce nom se retrouve encore dans la passerelle qui traverse le fleuve à ce niveau, offrant une vue imprenable sur la Tour Eiffel.

Lors de la crue de 1910, comme on peut se l’imaginer, le quai Debilly fut touché par l’inondation. Ici, les flots avançaient davantage du fait du débordement des égouts que du dépassement du quai.

Toutefois, au plus fort de la crue, autour du 29 janvier, le fleuve était plus haut que les parapets. C’était là une grande étendue d’eau.

Là se joua, dans la journée du 28 janvier, un drame : la noyade d’un des soldats chargés des secours.

 

« Une victime du devoir »

Comme le précise le lendemain, le 29 janvier, le journal Le Matin, « Le caporal Tripier, de la 7e Compagnie, 5e d’infanterie, avec les deux soldats Rozier et Pouligny, conduisaient en barque un télégraphiste au numéro 30 ». Il était huit heures et demie.

Le Petit Parisien poursuit : il avait pour « mission d’accompagner le télégraphiste Boulanger, 30, quai Debilly, au domicile du marquis de Barbentane, pour lequel il avait une dépêche. »

 

La barque entraînée par le tourbillon

La barque commençait son chemin et avançait dans le quartier :

« Après avoir longé la rue de la Manutention, l’embarcation venait de s’engager dans la rue Foucault. Soudain, prise dans un tourbillon, la barque décrivit plusieurs cercles sur elle-même, et, rapidement, fut entraînée vers la Seine.

Affolés, comprenant le péril qu’ils couraient, le soldat Rozier et le télégraphiste se jetèrent à l’eau.

Tous deux savaient nager. En quelques brasses vigoureuses, ils purent regagner la rive. »

 

Comme le rapporte, le Matin, ils furent recueillis et « transportés à l’Hôpital Beaujon. »

 

La détresse de deux soldats

Cependant, tous ne fuirent pas tout de suite de la barque :  

« Mais le caporal Tripier et le soldat Pouligny – ce dernier ignorait la natation – s’en allèrent dans le bachot en dérive.

A certain moment, nous dit Rozier, que nous pûmes voir quand il fut ramené sur la berge, le caporal se jeta dans la Seine. En vain, hélas, il lutta contre le courant. Je le vis disparaître dans un remous, reparaître encore, puis s’engloutir…. Quand retrouvera-t-on son cadavre ? »

 

Qu’était devenu le soldat Pouligny ?

« En ce qui concerne le soldat Pouligny, il n’avait pas perdu son sang froid.

Des mariniers, prévenus, se tenaient prêts à rejoindre l’embarcation avant qu’elle se brise sur le pont de Passy.

C’est ainsi que l’un deux, Clément Ollivier, domestique à bord de la péniche le Roi des marins, parvint à approcher Pouligny, à lui tendre une gaffe et à l’amener sur la rive. 

Le soldat Pouligny, lui, a été transporté au Val de Grâce, car il était gelé et ne pouvait articuler une seule parole. »

 

Hommage dans la presse pour le pauvre caporal

« Le caporal Tripier, humble héros de ces journées tragiques, était originaire de Gaillon (Eure). Sa conduite avait déjà été très remarquée par ses chefs au cours des opérations qui lui furent confiées depuis les inondations.

Montlahuc, commissaire du quartier de Chaillot, avait même été frappé de l’audace et du sang froid de l’infortuné caporal. »

 

Sources bibliographiques :

%d