Les pensions
Les pensions étaient des maisons d’éducation pour accompagner les études dans les collèges et lycées de Paris.
Les pensions parisiennes étaient pour la plupart des endroits destiné à accompagner l’enseignement. Ainsi, un élève en pension se rendait dans un collège. Il était logé dans l’établissement qui se chargeait de compléter et l’aider dans ses études.
Les pensions au XVIIIe siècle : la naissance
Pendant le siècle qui amène à la Révolution, la profession de maître de pension se professionnalise. Aussi, cette activité est réservée aux seuls :
- permissionnaires du chantre, dépendants du chapitre de Notre Dame, ayant la tutelle des écoles, à condition qu’ils disposent d’une maîtrise en arts et qu’ils s’installent dans les faubourgs de Paris.
- maîtres agréés par l’Université, qui détenait le monopôle de l’enseignement supérieur.
Selon Françoise Huguet, 236 établisements furent répertoriés à la veille de 1789. Plusieurs d’entre eux marquèrent les mémoires : Jacques Doilot, installé rue de Picpus, Georges Huvey rue de Charonne…
Ces pensions n’étaient pas toujours associés à un endroit. Elles pouvaient tout à fait se déplacer. Ainsi, la pension Savouré déménagea à plusieurs reprises : rue Copeau près de la place Maubert, puis à la toute fin de son existence rue de Ménilmontant.
En savoir plus sur la pension Savouré
A partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, ces pensions aidèrent à réaliser les plus hautes études. On peut citer notamment la pension Gournai qui grâce à l’enseignement des mathématiques, histoire de la guerre, géographie, hydrographie et le dessin promettait des hautes fonctions militaires.
Pour les jeunes commerçants, Choquart enseignait les calculs. Il réalisait des études de cas sur les magasins et allait jusqu’à apprendre à rendre des jugements de commerce.
Toutefois, pour la plupart des pensions, l’enseignement se limitait aux matières de base : latin, français, langues étrangères, histoire, géographie, morale, catéchisme. Nombre d’entre elles étaient installées près du quartier Latin.
Les pensions à la Révolution et au début du XIXe siècle : la croissance
Loin de les détruire, la Révolution a plutôt stimulé les pensions. En effet, elle supprima le monopôle de l’Université et ouvrit une porte aux pensions. Cependant, plusieurs d’entre elles élargirent leur enseignement à la préparation des grandes écoles, notamment Polytechnique mais aussi l’école centrale des arts et manufactures.
En outre, les pensions profitèrent des faveurs que les grands noms des Lumières leurs avaient attribuées. Ils y voyaient en effet des terrains d’innovation, face aux collèges de l’Université.
A noter qu’en 1806, Paris comptait 116 pensions. Une vingtaine avait passé les tourments révolutionnaires : Savouré, Lepitre, Fleuriselle, Lisarde, Muraine, Paté, Lottin… Aussi, la majorité des pensions d’alors se réclamaient des idéaux révolutionnaires. On peut citer parmi celles-ci la pension Sainte Barbe, remplaçant le collège du même nom, fondée par Lanneau.
Toutefois, dés la fin de la Révolution, des nouvelles pensions apparaissent. Celles-ci sont alors hostiles aux idées de 1789. La pension Liautard qui deviendra par la suite le collège Stanislas en fait partie.
A partir de 1808, l’Université reprend son monopôle. Les pensions retrouvèrent leurs rôles d’accompagnement.
En savoir plus sur la pension Lepitre
Les pensions après la deuxième moitié du XIXe siècle : la stabilité
1850 est marquée par la Loi Falloux. Cette nouvelle réglementation proclame la liberté de l’enseignement. Dorénavant le maître de pension doit juste pouvoir prouver avoir réaliser un stage pendant 5 ans de professeur, être bachelier et avoir un local.
Cette nouvelle liberté ne joue pas franchement favorablement pour les pensions. En effet, nombre de congrégations religieuses créent leurs propres collèges, créant de fait une très large concurrence. Aussi, le nombre de pensions reste stable pendant la période.
Pour se maintenir, ces pensions choisissent de préparer au baccalauréat ou des d’aider les élèves inscrits à l’école primaire.
Pour la préparation aux grands concours, au cours de cette période, on notera la création de l’Ecole Péclet sur le boulevard Pereire, pour former à l’Ecole Centrale, aux Ponts et Chaussée, à l’Institut agronomique, à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales.
Les pensions à l’ère de la République : le déclin
Avec la IIIe République, l’école devient totalement encadrée, marquée par une forte lutte avec les écoles religieuses. C’est aussi le déclin des pensions destinées à préparer aux concours. En effet, les lycées proposent alors des formations meilleures pour ces préparations.
Les pensions pour survivre se transforment vers l’enseignement professionnel, industriel et commercial.
Sources bibliographiques :
- Huguet, Françoise. Les pensions et institutions privées secondaires pour garçons dans la région parisienne (1700 – 1940)
- Compère, Marie Madeleine. Les pensions à Paris (1789 – 1820) dans la Revue du Nord, tome 78, n°317. 1996