La place de la navigation en ruine en 4908
La place de la navigation en ruine en 4908 : quand une curieuse pierre attire l’attention des explorateurs…
Nous sommes en 4908, dans les ruines de Paris. Comme le rapporte le roman de ce nom d’Alfred Franklin, un groupe d’explorateurs venus de Nouméa, en Calédonie, descendants des Français, se rend à la découverte des lieux. Dans un rapport destiné au ministre de la marine et des colonies, le responsable de l’exploration détaille ses découvertes.
Une grande place avec une grande pierre au milieu
« L’avenue des chefs illustres aboutit à une vaste place, autrefois décorée avec magnificence. Mais un seul de ses ornements subsiste intact : c’est une immense aiguille, formée d’une seule pierre, haute de vingt-cinq mètres, et entièrement couverte de caractères que nous n’avons pu déchiffrer. »
A la recherche de la signification des lieux
« Nous pensons qu’on doit y reconnaître soit un ex voto, soit un monument religieux élevé à la mémoire des anciens nautes qui inaugurèrent le commerce par eau, resté toujours si actif sur la Seine. La situation de cette place au bord du fleuve, un fragment d’inscription ainsi conçu :
‘Ere de la Marine’
Et les débris de nombreuses colonnes rostrales, tout concourt, en effet, à démontrer que les intérêts et les services de la navigation fluviale se centralisaient à cet endroit. »
Que représente les signes ?
Une précieuse découverte résulte de ces constatations et de l’impossibilité où nous sommes de comprendre un sol mot à l’écriture symbolique dont le monolithe est revêtu. Nous y voyons la preuve que chez les français, comme chez beaucoup d’autres peuples de l’antiquité, les prêtres avaient une langue spéciale, connue des initiés seuls et inintelligibles pour le vulgaire.
J’ajoute, fait dont la haute portée n’échappera pas à Votre Excellence, que M. Ph. Verger a cru apercevoir dans ces mystérieux caractères une vague ressemblance avec l’écriture hiératiques des égyptiens primitifs. »
Quelques commentaires sur cette recherche !
A la manière d’archéologues, les explorateurs recherchent la signification des lieux, en s’appuyant autant que possible sur les textes à leurs dispositions.
Bien sûr, la grande pierre est l’obélisque de la Concorde, recouverte des hiéroglyphes égyptiens laissés lorsqu’il était devant le temple de Louxor.
Ensuite, les explorateurs font le lien avec une communauté importante : les nautes de Paris. A l’origine de la municipalité de Paris, ils avaient le monopôle au Moyen Age du commerce sur la Seine, en aval de la ville. Cependant, pour faire le lien avec eux, les explorateurs reprennent la symbolique des installations de la place. Certes, lors de la rénovation de la place par Hittorf dans les années 1840, de nombreux éléments de navigation furent repris (fontaines des mers et des fleuves, colonnes rostrales pour les lampadaires…), mais il s’agissait alors de mettre en avant le commerce de la France dans son ensemble.
Sources bibliographiques :
- Franklin, Alfred. Les Ruines de Paris en 4908.
- Image : Place de la Concorde en 1919 par Agence Rol – crédit BNF