La promenade des masques
La promenade des masques déambulait, dans les rues, dans une sorte de grand théâtre où chacun s’invectivait…
Dans son histoire du Carnaval au XIXe siècle, Alain Faure décrit la promenade des masques qui se tint jusqu’au milieu du XIXe siècle. Découvrons là !
Un regroupement de masque d’abord dans l’est de Paris, pour ensuite se retrouver rue Saint Honoré et aller enfin sur les Grands Boulevards.
Au XVIIIe siècle, la foule parisienne se retrouvait au niveau de la porte Saint Antoine les lundis et mardis gras. Tous étaient masqués. Le temps de la fête avant d’entrer dans les privations du carême.
A la veille de la Révolution, cette promenade des masques s’était déplacée dans la ville. Elle envahissait alors la ville, entre la rue de la Ferronnerie et la porte Saint Honoré. A cheval ! Sur des ânes ! Chacun s’affichait ainsi dans son déguisement pour faire la fête.
Avec les temps révolutionnaires, le Carnaval et les masques font une pause de 10 ans. Interdits ! Toutefois, la fête peut reprendre au début du XIXe siècle. Les masques réinvestissent la rue Saint Honoré. On compte en 1803 jusqu’à 100 000 participants. Chacun devait veiller à ne pas se retrouver écrasé.
Avec le temps, ces regroupements de masque commencent à investir la rue de Richelieu pour aboutir enfin aux grands boulevards.
Des costumes les plus variés les uns que les autres, souvent empruntés de la comédie
Au début du XIXe siècle, les masques sont montés sur des chars de plus en plus grands. Ainsi, en 1808, un d’entre eux est tiré par 12 chevaux. 60 masques le montent.
Polichinelle, Arlequin, Pierrot ! Les grands personnages de comédies sont présents. Chacun porte des masques les plus grotesques les uns que les autres. On y refait vivre des périodes historiques : Charlemagne et sa cour, Louis XV se mariant, les chevaliers médiévaux, les mousquetaires… On pouvait croiser Don Quichotte et son fidèle Sancho Pança.
Le catéchisme poissard, guide qu’on déclamait pour ses tirades
Chacun jouait son rôle ! Avançant dans la rue pour amuser et s’amuser. Ils criaient haut et fort leurs pièces de théâtre. L’injure et l’insulte était centrales dans ce jeu. Elles étaient au cœur du catéchisme poissard. Reprenant le langage populaire d’alors, les masques s’invectivaient entre eux. Chacun lance son trait, n’hésitant pas à débiter des répliques toutes écrites.
En effet, les catéchismes poissards collectaient des grandes tirades écrites au fil du temps. Ainsi, ils donnaient du corps aux rôles de chacun des masques : jaloux comme Polichinelle, naïf comme Arlequin, prude comme la bergère… Au centre de ces attentions, la poissarde, comme on désignait alors la marchande de rue. Représentante du peuple de Paris, elle était jouée comme incorruptible, ne se faisait pas avoir par le jeu des autres.