Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de place

Le 14 juillet à la Statue de la République

Le 14 juillet à la Statue de la République : moment de fête populaire et de point d’étape de manifestations !

 

A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, la statue de la République avait une place à part lors de la fête nationale du 14 juillet. C’était, comme nous allons le voir, une fête très populaire, avec de nombreuses manifestations dans la rue, s’étendant dans la plupart des quartiers de Paris.

 

Les 14 juillet d’inauguration

Les 14 juillet 1880 et 1883 ont, pour la Statue de la République, une signification bien particulière. En effet, juste quelques semaines après l’avoir choisi, les édiles parisiens présentent à la population le projet retenu pour la statue monumentale qu’ils voulaient pour honorer et représenter la République.

Ensuite, en 1883, c’est la grande inauguration du monument. La statue colossale venait d’être fondue et était parvenue, non sans mal il faut le reconnaître, à son emplacement définitif.

Enfin, dans les deux cas, ces inaugurations signifient à la fois cérémonies officielles, incluant des discours, mais aussi moments populaires. En 1880, les chorales se relaient pour chanter Marseillaises et autres chansons patriotiques devant le monument. En 1883, ce sont les sociétés ouvrières qui défilent au pied de la statue. Puis, après le temps officiel, vient le temps populaire. Pour leur part, les parisiens, en foule, vinrent admirer la statue, l’adoptant avec une grande ferveur et aux cris de Vive la République !

 

Des illuminations puissantes et des nombreux décors

Tout d’abord, ce qui frappe dans les comptes rendus de la presse des 14 juillet de cette période, ce sont les grandes représentations festives à travers des rues et des quartiers. Des comités de fêtes sont organisés pour couvrir les façades de drapeaux, mais aussi de lampions colorés. Les illuminations sont largement présentes, s’inscrivant dans la mise en scène de la Ville Lumière.

Le Mot d’ordre rapporte 16 juillet 1885 : « Sur le parcours des boulevards jusqu’à la place de la République, bon nombre de maisons particulières étaient largement pavoisées et les illuminations étaient répandues avec une certaine profusion. Le soir, les illuminations étaient très brillantes. »

La Lanterne du 16 juillet 1886 va plus loin : « Autour de la statue de la République, sur la place du Château d’eau, un éblouissement de lumières, des guirlandes de verres multicolores relient les grands mâts placés aux angles ».

Pour le 14 juillet 1900, le Rappel écrivit :

« Place de la République, les illuminations ont été faites par la municipalité, et sur son piédestal violemment éclairé, la statue de la République donnait l’impression d’un abîme… en hauteur. La fête foraine et les orchestres installés un peu partout à cet orient de Paris ont obtenu le plus vif succès. »

 

En complément, les parisiens installent des arcs de triomphe derrière le monument. Le 14 juillet est une fête et ça se manifeste à grands cris et avec beaucoup de couleurs.

 

La Statue de la République, un lieu d’étape des manifestations

Les proscrits de 1851

Dans les années 1880, pour le 14 juillet, les groupes républicains se rassemblaient et manifestaient. Plusieurs d’entre eux plaçaient la Statue de la République, comme une étape de leur procession.

Le Siècle du 16 juillet 1886 indique à ce propos :

« Les proscrits de 1851 – 1858 ont fait, eux aussi, leur manifestation traditionnelle.

Convoqués rue de Bondy, derrière l’Ambigu, ils se sont formés en cortège, à deux heures et demie. Trois cents personnes environ, tant proscrits que membres de leurs familles, parmi lesquels des dames en assez grand nombre.

Ils sont allés, bannière en tête, déposer une couronne de roses au pied de la statue de la République, puis accrocher une couronne de chêne à la grille de la colonne de Juillet. Là, des discours et des chants ont été entendus, aux applaudissements des manifestants, qui se sont séparés en criant : Vive la République ! »

 

Une manifestation antinationaliste

En 1902, on rapporte cette fois une grande manifestation antinationaliste. En effet, ce jour-là, des groupes républicains se sont regroupés pour venir manifester en s’opposant à la guerre et aux conflits entre les pays. Le Rappel du 16 juillet 1902 nous donne un compte rendu de cette journée, ainsi que l’usage réalisé alors de la Statue de la République.

« Les républicains se rassemblèrent place de la Bastille, et montèrent ensuite le faubourg jusqu’à la statue du Triomphe de la République, pour se diriger ensuite, en passant par le boulevard Voltaire, place de la République où ils s’arrêtèrent pour déposer une gerbe de fleurs à la statue de la République et fêter le succès républicain remporté aux élections législatives dernières. 

La gerbe de fleurs était portée par un camarade. La gerbe cravatée de 4 rubans rouges portait les inscriptions suivantes : Guerre à la guerre – la paix par le droit – Tout pour la fraternité des peuples – Vive la République universelle !

Les rubans étaient tenus par Mlle Métay, âgée de 10 ans, de la Ligue Anticléricale, les citoyennes Sornas de l’Utilité sociale et Kassky, du Groupe féministe mixte du 13e arrondissement, et le citoyen Gombert, âgé de 14 ans, de la Jeunesse socialiste du 13e arrondissement.

Sur la corbeille étaient inscrits ces mots : Aux victimes des tyrans. »

 

Egalement, le passage devant la Statue de la République fut l’occasion de discours et de quelques mots des militants.

« A la statue de la République, la citoyenne Kassky a prononcé une courte allocution qu’on a vivement applaudie : ‘Au nom de la maternité, crions : « A bas la guerre ! Vive l’union des peuples et la République mondiale !’

Les camarades ont répondu : ‘Vive la sociale !’ et l’on s’est séparé aux cris de ‘A bas la calotte ! Vive la milice !’ »

 

Sources bibliographiques :

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