Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

L’arrestation de Simon Morin

L’arrestation de Simon Morin : quand un mauvais papier utilisé pour l’éclairage tend un piège à son porteur !

 

Du temps de Louis XIV, lorsqu’avec beaucoup de courage, on circulait en ville, on utilisait des lanternes portatives. Elles étaient du reste très modestes dans leur composition, grâce à une flamme portée sur une chandelle. Pour éviter qu’elle ne s’éteigne du fait d’un coup de vent, on plaçait autour une feuille de papier, notamment extraite d’une bible. Ainsi, on se sentait protégée par la lumière de la flamme et celle de la protection divine.

Cette pratique n’était pas une pratique de tous et pu porter à un fâcheux désagrément.

 

Qui était Simon Morin ?

Simon Morin était un des membres influents de ce qu’on appelait la secte des Illuminés au début du règne de Louis XIV.

Il s’était fait connaître pour des publications interdites et non reconnues par l’Eglise. Cette situation l’avait fait conduire à la Bastille.

Après sa sortie de la prison, Morin reprit ses productions. Il avait fait publier en 1647 un nouveau livre, les Pensées. Cette initiative avait conduit le curé de Saint Germain l’Auxerrois de reprendre les poursuites.

Mais notre homme avait changé de nom et s’était établi dans l’île Saint Louis.

 

Son identification

Aussi, comme on peut l’imaginer, il avait pris foule de précaution pour ne pas être reconnu.

Cependant, alors qu’il rentrait de souper de chez un de ses amis, le commissaire de police Picart remarqua un jeune homme qui avançait dans la nuit. La feuille de sa lanterne ne comprenait par un extrait de la Bible, mais une représentation des pensées de Simon Morin. Comme il s’agissait de la première page, elle était parfaitement lisible.

Le commissaire se rapprocha en lui indiquant pour le rassurer qu’il était un ami de Morin. Pour cette raison, il souhaitait le voir pour lui compter une bonne nouvelle. Aussitôt, l’homme expliqua qu’il était son fils et il proposa de le mener à son père.

 

Une arrestation progressive

Au moment d’arriver à la maison de Morin, le commissaire envoya discrètement son laquais rechercher sa tenue d’officier de police et de revenir accompagné par le guet. Il put ainsi rentrer dans la maison pour rencontrer le fugitif.

Il le rassura de ses motivations en lui disant qu’il venait le voir pour rechercher ses instructions de nouveau messie. Il n’hésita pas à présenter les Pensées comme un ouvrage inspiré par le divin.

Mais le guet finit par arriver et il arrêta Morin. On saisit également les nombreux ouvrages des Pensées présents dans les lieux et l’homme fut envoyé une nouvelle fois à la Bastille.

Il y resta deux ans. Une fois sorti, il cessa de recourir à habiller ses lanternes de ses publications litigieuses.

 

Sources bibliographiques :

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