Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de parc

Le café spectacle du petit Ranelagh de Morisan

Le café spectacle du petit Ranelagh de Morisan : établissement de musique à la mode anglaise au XVIIIe siècle

Détruit en 1859, le Ranelagh avait été édifié en 1774, à la fin du règne de Louis XV. Comme l’explique Edouard Fournier dans ses Enigmes des rues de Paris, la mode était alors à l’anglaise. Ainsi, comme s’amuse l’historien, on avait des jockeys et non des valets, des redingotes (ridingcoat) et non des habits de chasse…

La manie d’imiter les anglais allait jusqu’à l’allure prise à cheval. On distinguait alors le trot à l’anglaise au bon vieux trot Louis XIV.

L’exemple anglais

Dans les années 1750, un noble anglais, lord Ranelagh avait fait construire dans ses jardins de Chelsea, près de Londres et au bord de la Tamise une belle rotonde. Là, il donnait des concerts publics. A la musique, il joignait également des rafraichissements. Ainsi, grands seigneurs anglais pouvaient écouter l’orchestre tout en buvant son café ou son thé.

Madame de Boccage publia dans son numéro du Nouveau magasin français de Londres en 1750 quelques vers décrivant cet établissement.  Arrivés à Paris, ils attirèrent l’attention, ce d’autant que tout ce qui venait d’outre Manche intéressait. Toutefois, les parisiens ne reprirent pas tout de suite l’initiative.

La reprise du concept par un garde du bois de Boulogne

Il fallut attendre 1754. Cette année là, un garde du bois de Boulogne, un certain Morisan, proposa au maréchal de Soubise, gouverneur du domaine de la Muette (qu’on appelait alors la Meute), le droit de construire dans une portion de l’esplanade du château, un établissement qui proposerait café, mais aussi concert et bal.

Une fois l’autorisation acquise, Morisan se lança et ouvrit le Petit Ranelagh. Il l’inaugura le 25 juillet 1774, et préleva 24 sous pour chacune des entrées.

Bien qu’il ait fait des frais énormes, il connut autour de 4 ou 5 années de prospérité. Toutefois, le grand maître des eaux et forêt se plaignit de ne pas avoir été consulté. Il se rapprocha du Parlement de Paris, qui dans un arrêt rendu le 2 juillet, déclara l’établissement illégal. Le pauvre Morisan se trouva alors totalement ruiné.

Cependant, l’histoire ne s’arrêta pas là. En effet, Louis XVI cassa la décision prise et rétablit Morisan dans ses droits. Ainsi que, le 17 juillet de la même année, le petit Ranelagh put rouvrir.

Réouverture et privatisation du samedi

Cette réouverture fut encore plus grandiose. Le passage de la reine à la Muette y fut en effet pour beaucoup de choses. Ainsi, on pu la voir avec madame de Polignac dans le bal du Ranelagh en avril 1780.

En 1783, les aristocrates trouvèrent qu’il y avait trop de peuple dans ce spectacle à l’anglaise. Aussi, une centaine d’entre eux proposèrent de payer par an 7 200 livres, à la condition que Morisan accepte de leur laisser les samedis. Rapidement, ces bals furent très recherchés par la haute société. Une fois de plus la reine se joignit à ses festivités.

Les spectacles du petit Ranelagh

Au Ranelagh, les plaisirs et les spectacles étaient variés. Tout comme  au Vauxhall d’été du faubourg du Temple, on pouvait y voir des feux d’artifice de Toré.

Dans ce théâtre, Franklin fut reçu en qualité de franc maçon en 1778.

Comme il était petit, les pièces l’étaient également. Ainsi, les représentations ne comptaient qu’un acte, avec des enfants comme acteurs. La troupe s’appelait le Théâtre des petits comédiens du bois de Boulogne, sous la direction de M. Bertin.

On trouvait également des spectacles musicaux.

Difficultés à la Révolution

Malgré les évènements de Révolution, l’activité du Ranelagh continua à ses débuts. On y dansa pendant la Terreur. Toutefois, sous le Directoire, Morisan du démolir une partie de son établissement. Il avait besoin de vendre les pierres pour  pouvoir continuer à faire danser

Cependant, le bois de Boulogne retrouva vite ses attraits auprès des parisiens, qui revinrent se délaisser sur ses pelouses. A cette époque, une concurrence s’organise dans les alentours. Cependant, peu de temps après, l’armée du Directoire vint déloger dans le café spectacle des muscacadins qui campaient dans le bois de Boulogne.

Son genre, Gabriel Herny, prit ensuite le relais.

Sources bibliographiques

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