Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

La canicule de 1898

La canicule de 1898 : deux pics de chaleur à partir du 15 août, qui prolongèrent l’été jusqu’à mi-septembre…

 

Il fit chaud en 1898 ! Grâce à la presse de l’époque, nous pouvons nous replonger dans ces jours, longs et difficiles pour les parisiens.

En effet, avec deux pics de chaleur en  mi août mais aussi début septembre, la canicule de 1898 fut particulièrement tardive.

 

Un premier pic de chaleur au 15 août qui entraîne toutefois ses accidents et ses pénuries

Au 15 août 1898, la température dépasse soudainement les 30°C. Pour les parisiens c’est un choc car les températures avaient été en dessous de la normale jusque là.

Cependant, les conditions restent bonnes pour les récoltes en cours, avec quelques pluies apportant de l’eau et de chaleur favorisant la croissance des cultures.

En attendant, les parisiens poursuivent leur activité, certes un peu au ralenti. Mais pour beaucoup d’entre eux, la chaleur rend la vie difficile. Certains journaux n’hésitent pas alors à parler déjà de canicule. D’autres relativisent, comme le Temps expliquant qu’il a fait trois jours à 39°C à Londres, bien plus qu’à Paris.

 

De nombreux incidents mortels

Il n’empêche que plusieurs reviennent sur des incidents et des malaises :

« La chaleur continue de faire des victimes. Boulevard Voltaire, hier matin, M. Emile R… maraicher, frappé d’un coup de soleil est tombé de sa voiture, dont une des roues lui a écrasé la poitrine. Le malheureux est mort dans une pharmacie où on lui donnait des soins » écrit le Petit Troyens rapportant les nouvelles de Paris le 16 août.

La Lanterne du même jour continue : « Plusieurs morts subites, causées par la chaleur, ont été constaté hier matin. »

Le journal indique qu’un pécheur à la ligne s’était installé sur le quai des Tuileries. Frappé d’une congestion, il est tombé dans la Seine. On ne trouva son corps qu’après 30 minutes de recherche. En outre, un maraicher est mort subitement avenue de Choisy après avoir passé sa matinée à vendre ses légumes aux Halles. Enfin, une blanchisseuse tomba inanimée, en marchant sur le pont de la Concorde.

 

Une crainte de manque d’eau

Rapidement, les autorités constatèrent que la consommation d’eau dépassait largement la capacité d’approvisionnement. Aussi, les stocks dans les réservoirs se mirent à décliner rapidement.

Elles firent aussi vite des communications invitant à limiter l’usage de l’eau. En effet, elles mirent en avant le risque de devoir recourir à l’eau de la Seine

 

Première accalmie avec une baisse de la chaleur

A partir du 23 août, la chaleur commence à retomber, sous l’action notamment des orages. Rapidement, il fait entre 20°C et 25°C. Paris souffle et respire !

Les craintes de pénurie d’eau cessèrent aussitôt. En effet, les parisiens diminuèrent leur consommation rapidement.

Cependant l’accalmie est de courte durée. On annonce en effet le 31 août une remontée à prévoir des températures.

 

La chaleur qui revient dés début septembre

Le 3 septembre 1898, le Journal La Cocarde rapporte qu’une forte pression atmosphérique s’installe sur le nord de la France. Mais à ce moment là, le thermomètre reste à des niveaux habituels pour la saison. Le journal le Soleil complète alors : « En France, un temps nuageux ou beau et chaud est probable ».

Toujours est-il que les parisiens apprécient alors ces jours d’été qui se prolongent ! « Très pittoresque et tout à fait exquis ce coin de Seine, en plein Bois de Boulogne avec le concours du soleil le plus radieux et le moins gênant, car ses rayons étaient tamisés par les ramures du bois », selon la Presse du 5 septembre 1898. Le journal complète : « La température de l’eau était aussi à souhait et bien des assistants ont regretté de n’y pas pouvoir  se plonger dans le costume pratique et peu gênant des concurrents (un simple caleçon). »

 

Influence de Mercure et de Vénus ?

Les jours passent et la température monte.

 « Si l’on en crois les astronomes, nous serions menacés avant peu de nouvelles chaleurs tropicales. C’est à Mercure et à Vénus que nous devrons cette prochaine élévation de la température » ira même à écrire le journal La République Française du 7 septembre 1898. « Ces deux planètes, en effet, seront exceptionnellement brillantes du 18 au 28 septembre. Et voilà pourquoi, durant ces dix journées nous aurons à nous plaindre de la chaleur. »

Devant l’Hôtel du Figaro, on constata 34°C le 7 septembre. Les parisiens recommencent à rechercher de la fraicheur comme ils peuvent. Aussi, les mêmes scènes qu’observés moins d’un mois plus tôt reprennent. Ainsi, comme en août, la problématique de l’approvisionnement de l’eau se pose de nouveau.

 

Nouveau ralentissement de la vie parisienne

Le Matin du 9 septembre rapporte également que la réouverture des Folies Bergères serait décalée. La vie des parisiens commence à être de nouveau gênée.

Les ventes aux bestiaux se font moins actives. On compte de nouvelles victimes, comme un prêtre devenu fou furieux suite à une insolation lors d’un pèlerinage au Sacré Cœur.

On rapporte aussi à Paris une pénurie de glace.

 

Les parisiens ne retrouvèrent qu’une température plus clémente qu’à partir du 10 septembre. La Gazette de France écrit le lendemain : « La température s’est soudainement abaissée dans la nuit de vendredi à samedi. Un vent assez fort soufflait sur Paris. Aujourd’hui samedi, la température est normale, avec un ciel gris et couvert ». Comment ne pas retrouver le climat parisien avec cette conclusion ?

En tout état de cause, les prévisions de astronomes, annonçant une canicule jusqu’à fin septembre ne se réalisèrent pas totalement.

 

Sources bibliographiques :

%d