Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les lingères

Les lingères, un métier ancien mais qui dut attendre longtemps pour contrôler le commerce du linge aux Halles

 

Entre les halles et le cimetière des Innocents, étaient établies les lingères. Là se tenait droite parallèle au cours de la Seine la rue des lingères. Cette voie existe toujours de nos jours : la rue Berger.

 

Les lingères, au cœur de la ville du Moyen Age

Philippe Auguste leur donna le privilège de faire le commerce des toiles et des friperies. Ces lettres patentes datent de 1189 et furent confirmées par la suite.

Au XIVe siècles, les lingères virent d’une mauvais œil l’édification d’une halle aux cuirs sur leur terrain et obtinrent l’autorisation par le Parlement de Paris de conserver leur place fixe de commerce.

 

La concurrence des canevassiers

Profession avec leurs statuts propres, les canevassiers étaient installés dans Paris dés le Moyen Age. Toutefois, cette profession reconnue dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau faisait l’objet de la concurrence de clercs ou d’hommes installés dans des territoires concernés par une immunité religieuse. Aussi, en 1293, les autorités de la ville déclarèrent que les jurés des canevassiers se devaient d’être laïcs.

Comme les lingères, les canevassiers ne fabriquaient les produits qu’ils vendaient. Aussi,  le canevas et le linge étaient importés de l’extérieur de la ville. Aussi, ils s’approvisionnaient auprès des marchands forains qui venaient vendre leurs marchandises aux halles. Ces commerçants étaient spécialisés sur la vente des grosses toiles, nappes, treillis, sacs. En revanche, la revente de toiles usées leur était totalement interdite.

Les canevassiers disparaissent des règlements parisiens à compter du XVIe siècle. C’est alors que les lingères réaffirment leur ancienneté et sont érigées définitivement comme un métier.

 

L’érection en métier juré à la fin du XVe siècle

En 1485, les lingères deviennent un métier à part entière . Leurs statuts sont confirmés ensuite au XVIe siècle :

  • 3 ans d’apprentissage,
  • 2 ans de service avant l’autorisation de tenir leur propre boutique,
  • visite des toiles aux Halles par les jurés.

Les forains venaient à Paris pendant les trois jours de marchés (mercredi, vendredi et samedi) sous le contrôle du hallier. C’était d’ailleurs le garde qui gardait les invendus entre deux jours de marché.

Les crocheteurs ne pouvaient entrer dans les Halles sans autorisation et étaient interdis de tout commerce. Les colporteurs ne pouvaient transporter que les vieux linges.

La vente aux Halles se faisaient sous le contrôle des auneurs jurés. Pour éviter toute difficulté, il était interdit pour ces auneurs de se rendre dans les tavernes avec les marchands.

Pour conserver leurs commerce et pouvoir approvisionner les merciers, chaussetiers, pourpointiers et teinturiers en fil, les lingères maintenaient leur présence aux Halles. Aussi, il était interdit aux maris des lingères d’être auneur juré.

 

La confrérie des lingères étaient dédiée à Sainte Vénitienne et à Sainte Véronique

 

Une profession très nombreuse au XVIIIe siècle

Au début du XVIIIe siècle, les lingères durent verser 20 000 livres pour l’union des offices de jurés et auditeurs de comptes.

Cela n’empêcha pas la profession de prospérer : Paris comptait 659 maîtresses en 1750. Elles durent alors verser 40 000 livres pour l’union  des inspecteurs des jurés.

 

Sources bibliographiques

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