Histoires de Paris

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Le Printemps lors de crue de 1910

Le Printemps lors de crue de 1910 : quand le grand magasin déménage ses collections et doit fermer ses portes

 

A la fin de janvier 1910, Paris est considérablement touchée par la crue de 1910 ! Le quartier de Saint Lazare se retrouve pris en étau, avec une inondation alimentée par les égouts et les tunnels du métro.

A proximité, les grands magasins du Boulevard Haussmann. Le Printemps lui aussi se retrouva pris dans l’engrenage.

 

L’inondation touche les sous-sols

Comme l’indique le Petit Parisien, les sous-sols sont menacés le 27 janvier 1910

« De plus, un égout a éclaté, rue Caumartin, vers onze heures du matin. Une venue d’eau considérable s’est produite au pied même des ouvrages de maçonnerie des nouveaux magasins du Printemps, et l’eau a envahi le souterrain reliant les deux corps de bâtiment des magasins.

Dans la crainte que les échafaudages et surtout les « sapines » ne viennent à s’effondrer, on a barré le boulevard Haussmann entre les rues Charras et Caumartin d’une part, et la rue de Provence, entre les même points d’autre part. »

 

Il faut donc déménager en urgences les collections, ainsi que le rapporte le Matin

« Les magasins du Printemps sont situés dans ce quartier de Paris, qui est baigné par la nappe souterraine. Des infiltrations se sont produites dans le second sous-sol dont on eut le temps de déménager tout le contenu, le premier sous-sol a été complètement évacué.

Cette opération venait d’être terminée sans incident, quand l’eau apparut vers onze heures, en crue incessante dans ce sous-sol jusqu’à la fin de l’après midi. A partir de cinq heures, le niveau, lequel est d’environ 1m50 au dessous du rez-de-chaussée, est resté stationnaire. »

 

Une tentative de message rassurant

Dans un communiqué, le magasin tente d’expliquer qu’il reste ouvert :

« Les Grands Magasins du Printemps ont l’honneur d’informer leur clientèle que malgré l’inondation d’une partie de leurs sous-sols, ils ont pris les mesures nécessaires pour assurer la marche normale de tous les services.

Les magasins seront donc ouverts comme d’habitude aujourd’hui vendredi. »

 

La direction de l’établissement se trouva également prise au dépourvu pour le déjeuner de ses employés. Le fournisseur ne pouvant pas venir apporter les repas

 

Mais il faut se résoudre à fermer

Les heures passent et l’inondation s’aggrave. Le 29 janvier, le Matin indique que la situation s’est empirée.

« Dans la rue du Havre, devant les magasins du Printemps, des équipes de maçons improvisés élèvent des barrages en brique et ciment. En manche de chemise, la truelle en main, tous les commerçants du quartier font de même devant la porte de leurs magasins. »

 

Le Printemps communique alors :

« Les magasins du Printemps sont restés ouverts jusqu’à 3 heures et demie ; mais devant l’envahissement progressif, boulevard Haussmann par un flot venant de la gare Saint Lazare et qui menaçait de noyer à bref délai le rez-de-chaussée des magasins, la direction a jugé prudent d’interrompre la vente, afin de pouvoir prendre toutes les dispositions, aussi bien pour les clients et les employés que pour les marchandises.

Les magasins resteront fermés aujourd’hui samedi. »

 

Retour progressif à la normal

Puis, avec l’atteinte du pic de la crue, la pression retombe un peu. On peut alors se résoudre à effectuer les remises en place

« Les magasins du Printemps étaient fermés, hier, pour permettre au personnel de prendre du repos nécessité par le surcroît de travail de ces jours derniers.

Toutes les marchandises qui, dans la crainte, d’une inondation du boulevard Haussmann, avaient été transportées du rez-de-chaussée au premier étage, seront remises en place aujourd’hui.

Les magasins seront ouverts demain, lundi, et tous les services fonctionneront comme de coutume. »

 

Sources bibliographiques :

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