Le théâtre du Palais Royal sous le cardinal Richelieu
Le théâtre du Palais Royal sous le cardinal Richelieu, lieu éminemment politique pour un ministre dramaturge.
La première salle de théâtre française, avec l’organisation moderne : la scène à un des bouts et les spectateurs assis dans des rangs en pente et des balcons
A la tête du gouvernement sous Louis XIII, Richelieu voulut prendre également la main sur le théâtre. Pour ce faire, il voulut marquer de son empreinte d’une part en étant un auteur dramaturge lui aussi mais en revisitant l’organisation de la salle de théâtre. Pour ce qui fut de la pièce de théâtre, Mirame, il ne resta que peu dans les mémoires. Toutefois, sa salle lança une nouvelle tendance. Il fut en effet construire dans son palais cardinal, une grande salle, installant pour la première fois en France des machineries italiennes.
Cette salle était « un carré long », avec une scène surélevée à un des bouts. De l’autre côté, la salle s’élevait progressivement pour se terminer avec un portique à trois arcades, un balcon et des loges. Le plafond de la salle était peint par Lemaire.
Dans cette salle, autour de 1 200 spectateurs pouvaient venir admirer les pièces données par le cardinal de Richelieu, à raison d’une petite trentaine par gradins.
Au-dessus du théâtre une toiture mansardée en plomb y fut construite. Posée sur une charpente formée par 8 poutres de chêne, elle était très longue. En effet, il ne fut pas aisé de trouver des chênes avec un tronc utilisable autour de 20 mètres. Leur transport coûta d’ailleurs 8 000 livres pour les apporter à Paris.
Cette installation ne fut toutefois pas le premier essai du ministre cardinal.
La petite salle du théâtre du Palais cardinal
En 1635, le cardinal de Richelieu fait installer au bout de l’aile droite de son Palais cardinal une petite salle de spectacle. Située à proximité des jardins, elle pouvait accueillir tout de même entre 500 et 600 personnes.
La salle fut inaugurée en 1635. Le cardinal de Richelieu s’était alors réconcilié avec le frère du roi, le duc d’Orléans. Il organisa alors une fête pour Mademoiselle, la fille prince, autour d’un ballet mythologique.
Entre 1635 et 1640, Richelieu fit donner dans cette salle tous les spectacles, ballets ou tragédies, qu’il voulait offrir à la Cour. Les dates n’étaient jamais laissées au hasard pour ce fin politicien. Le théâtre était pour lui un outil de communication politique auprès de la Cour.
L’inauguration de la grande salle
Rapidement, la petite salle ne suffit pas à Richelieu. Ainsi, il commanda à son architecte Le Mercier une salle plus vaste. Elle fut inaugurée en 1641.
Ainsi, le 14 janvier 1641, on joua Mirame. Cette pièce avait été dictée par le cardinal lui-même.
Au-delà de la pièce, cette inauguration fut également un spectacle politique. En effet, les terres gagnées militairement sur l’Espagne, venaient d’être perdue par l’intrigue. Le risque était d’ailleurs une invasion du royaume. Un complot venait juste d’être découvert, montrant l’aide de nobles français pour cette invasion. Dans Mirame, Richelieu laissa éclater sa rancune, notamment contre la reine, Anne d’Autriche. Cette dernière resta tout de même après la pièce, profitant du bal qui fut donné ensuite.
Par ailleurs, on raconta que lors de cette inauguration, Louis XIII se plaint de la diversité de la société qui composait les spectateurs. Son frère profita de l’occasion pour dire qu’il avait vu « la petite Saint Amour ». Le cardinal dut organiser une enquête et renvoyer ensuite le clerc qui s’était chargé des invitations. Il avait en effet invité des « jeunes beautés un peu légères ».
Un mois plus tard, la salle servit de nouveau pour cette fois-ci le mariage d’une des nièces du cardinal. On y organisa d’ailleurs, un ballet dédié à la Prospérité des armes de France.
Toutefois, le cardinal ne profita guère de sa belle salle. Il mourut en effet en décembre 1641.
Sources bibliographiques :
- Bapst, Germain. Essai sur l’histoire du théâtre : la mise en scène, le décor, le costume, l’architecture, l’éclairage, l’hygiène 1893.
- Sandoz, Charles-Gustave-Roger. Victor Champier et G.-Roger Sandoz. Le Palais-Royal d’après des documents inédits. 1900.