Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires d'église

Vue de Saint Denis de la Chartre par Israël Silvestre

Vue de Saint Denis de la Chartre par Israël Silvestre : une ancienne église au tournant d’une rue de la Cité.

 

Israël Silvestre (1621 – 1691) était un témoin privilégié pour nous du Paris du Grand Siècle. Dessinateur officiel du roi, installé au Louvre, il eut le loisir de pouvoir représenter la ville dans de nombreux lieux.

Avec lui, c’est Paris qui change alors qui se montre. C’est aussi le vieux Paris qu’on peut voir ici, dans cette représentation de la Saint-Denis de la Chartre, ancienne église de l’Île de la Cité.

 

Saint-Denis de la Chartre

Voici l’histoire d’une ancienne église, une parmi les nombreux clochers qui se distinguaient dans l’île la Cité !

Elle avait été édifiée dans sa première version, non loin de l’an mil, sur la volonté du roi de France, Robert. On la dédia à Saint-Denis, le premier évêque martyr de Paris. On racontait qu’à cet emplacement avait été emprisonné le prélat, avant son exécution sur les hauteurs de Montmartre.

L’église que nous pouvons voir dans le dessin de Silvestre date elle du XIIIe siècle. Confisquée à la Révolution, elle fut détruite en 1810.

 

Une église en dessous la rue

Comme on peut le constater sur la gravure d’Israël Silvestre, il fallait descendre de nombreuses marches pour rejoindre son parvis. En effet, au fil des siècles, le niveau de la voirie dans l’Île de la Cité avait été, à de nombreuses reprises, réhaussés. Il fallait, en effet, se protéger des fluctuations de la Seine, voire des crues

Cependant, comme on faisait ces travaux de manière partielle, pour ne pas toucher aux bâtiments plus anciens comme Saint-Denis de la Chartre, cela donnait ces écarts de niveau, disparus à la suite aux travaux d’Haussmann au XIXe siècle.

Prenons aussi quelques instants pour regarder l’escalier. Les marches y sont en effet bien progressives, en pente. Il se poursuit sur la gauche, filant vers la Seine. On pouvait ainsi le monter ou le descendre à cheval… C’était comme on peut l’imaginer un moyen pour rejoindre les berges où l’activité portuaire était intense depuis le Moyen Age. C’était par la Seine qu’on approvisionnait Paris.

 

Un enchevêtrement de maisons

Même si le danger de la crue était davantage présent près des berges, cela n’empêchait pas de construire des maisons partout. La pression foncière était forte depuis le Moyen Âge.  Plusieurs raisons expliquaient la saturation et la densité de population : la protection de la ville vis-à-vis des attaques extérieures (grâce à la Seine mais aussi à l’intérieur des murailles), les limites de la ville avec ses privilèges spécifiques pour son activité économique, la proximité avec les centres de décision de la capitale…

Alors point d’étonnant de voir un ensemble de maisons, s’agglutinant au fil des siècles et des constructions. Comme on peut le constater, les édifices s’appuyaient sur les bords de l’église mais aussi sur les bords de l’escalier…

 

Les personnages de la composition

Chez Silvestre, les personnages sont souvent rajoutés au premier plan, à la toute fin de la composition de son œuvre.

Ainsi, les nombreux passants montrent bien cette forte activité dans la rue, montant et descendant, se croisant. Certains, comme on le constate sur le dessin, s’arrêtaient pour bavarder.

Comme nous sommes près d’une église, les mendiants et infirmes sont nombreux. Au premier plan, on peut en apercevoir deux recevant une aumône d’une dame bien habillée. Le quartier de la Cité était habité de nombreuses personnes, dont un grand nombre n’avait pas une grande fortune.

On pouvait aussi voir des acheteurs sur le devant de petites boutiques. Un homme récupère ainsi quelque chose sur la gauche, tandis que deux femmes sont devant une autre dans la rue.

 

Sources bibliographiques :

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