Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de fêtes

L’ambiance des guinguettes de Barrière

L’ambiance des guinguettes de Barrière, entre orgie et démesure, entre outrance et drague

 

Des barrières qui s’animaient totalement le dimanche

Les barrières s’animaient les jours de repos des ouvriers. Ainsi, les dimanches et les lundis, les ouvriers se donnaient rendez-vous aux barrières. Pour faire la fête, manger et danser. James Rousseau dira dans « les barrières et les guinguettes » que le « peuple s’impose des privations pour aller le dimanche à la barrière ». De midi à minuit, les parisiens se détendaient.

En dehors des guinguettes, spectacles ambulants et petits marchands donnaient aux lieux une véritable ambiance de fête foraine. A Rochechouart, se retrouvaient brocanteurs et marchands d’habits.

 

Une avalanche de nourriture et de vin

Dans les restaurants et les guinguettes, le vin coulait à flots. La viande n’était pas en reste. La démesure était la règle. On avait peu la semaine, aussi il fallait beaucoup les jours de repos. C’est d’ailleurs pour cette raison que de nombreuses guinguettes font référence aux victuailles dans leurs propres noms. On profitait d’aliments pas chers. Ils n’avaient pas eu à passer le filtre de l’octoi du mur des fermiers généraux. En effet, le vin et la viande faisaient partie des produits les plus taxés alors.

D’ailleurs, la cuisine était préparée sous les yeux des convives. Les viandes étaient grillées dans les salles. Les jours de Carnaval, la foule et la nourriture s’amplifiait.

Dans ce registre, Alain Faure raconte dans Carême prenant qu’à l’entrée du Grand Saint Martin (barrière de la Villette), une grosse femme tenait la faction devant un comptoir recouvert de fritures, viandes, boudin. Elle surveillait également une marmite dans laquelle des pommes de terre et des poissons cuisaient dans la graisse.

Les jours de fête, on n’hésitait pas à s’envoyer à la figure ces montagnes de nourriture. En effet, l’abondance de quelques jours devait faire oublier les privations des autres temps.

 

Avec la foule et l’abondance de nourriture, on s’invectivait. Là, en particulier lors de Carnaval, s’exprimait le catéchisme poissard. En effet, le côté scatologique arrivait vite. On vantait l’ « art de péter ».  Les ordures étaient partout.

 

Enfin, il n’était pas rare que des femmes venaient chercher leurs maris saouls, avachis devant leurs verres de vin.

 

Le bal des barrières et ses intrigues

Lorsque la nourriture se calmait, les violons sortaient. Alors, les convives se levaient pour danser. Le temps était aux bals. Chacun se déhanchait aux rythmes de la polka, du cancan… Ainsi, au bal d’Hervé, les blanchisseuses dansaient, dans une ambiance de tables sales, recouvertes d’ordures.

A la barrière des Martyrs, les danseurs profitaient de l’Elysée Montmartre et de l’Ermitage. Les bals avaient lieu dans les jardins.

Certains en profitaient d’ailleurs pour draguer et conter l’aventure. Egalement, les prostituées se rendaient aussi sur les lieux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle de nombreux policiers venaient à la barrière d’Italie, dans les grands temps d’interdiction.

 

La musique s’adaptait bien sûr au public. Par exemple, à Vincennes, la Grosse Caisse dirigeait la musique

 

L’ambiance des barrières la semaine

En semaine, en revanche, seuls quelques habitués, habitant à proximité ou simplement de passage s’arrêtaient dans les guinguettes.

L’ambiance changeait totalement au cours de la journée.

Ainsi, le matin dès 6 heures l’été et au lever du jour en hiver, venaient ici les habitués désirant leur verre de vin blanc. Ainsi, chacun à tour de rôle offrait sa tournée.

A 9 heures, les comptoirs étaient lavés et les tables sont recouvertes de bols de faïence destinés pour la soupe. C’était en effet l’heure du premier repas des ouvriers. Pour ce faire, les convives apportent leur pain, qu’ils coupent en morceau dans le bol. Ensuite, le serveur emportent les bols et les remplissent de bouillon. Ils rajoutent en général une tranche de bœuf.

A deux heures de l’après-midi, les ouvriers reviennent pour manger cette fois-ci du ragoût de veau ou de mouton. A cette heure-là, aucun bouillon n’est vendu aux barrières.

Enfin, le soir, les guinguettes s’endorment dans un calme complet.

Le matin et à l’heure du dîner, des femmes viennent chez les marchands de vin acheter une chopine. C’était en effet, la quantité acceptée pouvant traverser la barrière.

 

Sources bibliographiques :

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