La défense de la colonne astrologique de Médicis
La défense de la colonne astrologique de Médicis : la lutte contre un projet municipal de détruire un vestige
On le sait. La reine Catherine de Médicis était férue d’astrologie. C’est d’ailleurs à la suite d’une prédiction de cette nature, qu’elle fit construire un palais loin du Louvre, l’Hôtel de Soissons. On lui avait annoncé que la proximité de Saint Germain l’Auxerrois lui serait funeste.
A proximité, elle fit édifier une colonne destinée à faire des prévisions astrologiques. Après la mort de la reine, l’Hôtel de Soissons fut utilisé pour de drôles d’activité. Pour cela, on envisagea de le détruire et d’installer à la place une grande statue royale.
Mais chose curieuse en 1748, lorsqu’on détruit le palais, la colonne fut sauvée. Retour sur cette histoire, grâce à Edouard Fournier et ses Enigmes des rues de Paris.
Le rêve de Gresset
Au moment de la destruction de l’Hôtel de Soissons, un poète, Gresset, proposa d’édifier à cet emplacement un gigantesque monument en l’honneur de Louis XV. Il propose de placer une effigie du souverain, en haut de la colonne de Médicis.
Il proposa son idée à M. de Tounchem, surintendant des bâtiments du roi. Cependant, son idée ne reçut en retour que railleries, en particulier par Piron.
Une colonne conservée pendant le temps de la dispute
Du fait de cette controverse, les architectes prirent le parti de retirer, au moins provisoirement, la colonne des travaux de destruction. En quelque sort, pour ne pas insulter l’avenir, on la laisse et on verra.
En 1750, l’Hôtel était véritablement détruit. Il ne restait plus alors que la tour. Pourtant, aucune décision ne fut prise au regard de la proposition de Gresset.
On parlait alors de construire à la place du palais une nouvelle halle au blé. La colonne pourrait peut être gêner les travaux.
Remise en cause de la décision du prévôt des marchands de la détruire
Comme l’espace avait été achetée par la ville, la décision de conserver ou détruire la colonne revenait au prévôt des marchands. Le premier édile, alors M. de Bernage, était alors d’avis de se débarrasser de ce vestige.
C’était sans compter sur l’avis de M. de Bachaumont qui avait une grande influence en ville. Dans son essai sur la peinture, la sculpture et l’architecture, il prit le parti pour la colonne. Il proposa même de la restaurer et d’y installer une fontaine.
En raison du danger croissant pour notre pauvre colonne, il se rendit vite à l’Hôtel de Ville. Il demanda alors combien on lui vendrait le vestige. C’est ainsi qu’il s’acquitta de quinze cent livres et la colonne fut sauvée.
Cela se fit savoir. Rapidement des caricatures du prévôt circulèrent dans Paris, dénonçant cette corruption.
“Des sauvages face à l’Ignorance”
Dix ans plus tard seulement, les travaux de la nouvelle halle au blé commencèrent doucement. Le prévôt des marchands avait changé. Comme le danger de détruire la colonne reprit, des caricatures circulèrent de nouveau dans les rues.
Pourtant, M. de Bernage avait rendu l’argent. Il fallut que M. de Bachaumont écrive, dans une nouvelle édition de son essai, pour rétablir la vérité en 1763. Il y fit une grande description du monument. Au coin de la représentation, il dessina une image de l’Ignorance, en bonnet d’âne, qui « mène à sa suite des pionniers et autres ouvriers prêts à démolir ». Au pied de l’édifice, on voyait des « sauvages qui se disposent à la défendre ».
La colonne fut gardée et on reporta pour plus tard l’installation d’une fontaine.
A noter qu’en 1764, on l’orna d’une représentation du méridien.