Histoires de Paris

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Histoires au détour d'une rue

La manufacture de porcelaine du Faubourg Saint Denis

La manufacture de porcelaine du Faubourg Saint Denis : petite fabrique lancée par Pierre Hannong de Strasbourg

 

La Chine ! Voici une contrée qui pendant longtemps a fait rêver les européens. Ses produits luxueux et recherchés faisaient le bonheur des caravaniers de la route de la Soie. Les voyages de Marco Polo fascinèrent, tant et si bien que nombre d’aventuriers prirent la mer pour trouver des nouveaux chemins.

Parmi les produits chinois, la porcelaine avait une place à part. Grâce aux marchands portugais, au XVIIe siècle, on pouvait trouver plus fréquemment dans les boutiques de luxe parisiennes des beaux vases, des beaux plats en porcelaine.

Alors, on voulut l’imiter, mais le secret était bien gardé. On essaya en améliorant les techniques. Puis, au XVIIIe siècle, on y arriva, en utilisant une argile bien particulière : le kaolin.

Une manufacture a le monopôle : celle de Sèvres, profitant de la protection royale ! Cependant, du fait des nouvelles techniques qui se diffusaient progressivement, il y avait de la place pour certaines initiatives particulière. Ce fut le cas de la manufacture du Faubourg Saint Denis, doit voici l’histoire !

 

Le lancement de la fabrique, une initiative de Pierre Hannong

Le début de cette manufacture est marqué par l’initiative d’un fabricant de porcelaine, entrepreneur manifestement et avec du talent si l’on croit les sources que nous avons retrouvée comme l’écrivirent Charles Ernest Guignet et Edouard Garnier. Nous sommes alors au début des années 1770.

Les œuvres étaient « soignées » et le goût bien « français ». Nous sommes bien à Paris et il importe de faire plaisir aux riches clients de la cité. La lettre H marquait les pièces qui sortaient de ses fourneaux.

Pierre Hannong n’est pas n’importe qui ! Venu de Strasbourg, il avait été initié aux techniques allemandes. Il tenta, sans succès de vendre ses secrets à la manufacture royale de Sèvres. Mais il resta à Paris et s’y installa.

Cependant, gare à la concurrence que la fabrique pouvait faire à Sèvres !

 

Manufacture du faubourg Saint Denis ou faubourg Saint Lazare ?

En réalité, les deux noms furent utilisés, comme nous l’apprend avec beaucoup plus de détails Henry Havard.

Les puristes préfèreront le second, dans la mesure où elle était installée au 26 de la rue du Faubourg Saint Denis. Le quartier porte bien cette dénomination, encore aujourd’hui.

Seulement, comme vous le savez peut-être, nous sommes tout près du clos Saint Lazare, où saint Vincent de Paul était installé au XVIIe siècle.

Pour cette raison, certains donnèrent le second nom à notre manufacture.

En tout état de cause, la ville de Paris se développe activement dans cette partie-là. Nous sommes tout près du lieu de la foire Saint Laurent, qui prend une dimension toute particulière au XVIIIe siècle. Les gens se pressent sur les boulevards. Ils y trouvent amusement, mais aussi de nombreux commerces. On y fait des belles promenades et le lieu est propice pour les affaires et le travail.

 

La publicité de la manufacture Saint Denis

Et oui ! Au XVIIIe siècle, avant la Révolution française, sous l’ancien régime, il y avait déjà de la publicité.

Ainsi, Pierre Hannong fit publier en 1773 dans les journaux que sa porcelaine avait une propriété bien utile : supporter les plats les plus bouillants, voire d’aller au feu, sans se casser et se noircir.

Cette propriété fut également utilisée pour pouvoir les orner d’or, d’argents fondus, mais aussi de cuivre, de plomb et autres métaux.

Pour finir, de manière énigmatique, la réclame indiquait l’usage de prix comme ceux de la faïence de Strasbourg, sans que personnellement, je sois en mesure de vous indiquer ce que cela renvoie.

Pour les curieux, ces publicités étaient relayées dans le journal du Mercure de France, accessible sur les sites Gallica et Retronews de la Bibliothèque Nationale de France.

 

Une initiative qui ne dura pas si longtemps

La fabrique de Pierre Hannong ne dura pas si longtemps. Difficile de trouver sa place. L’initiative particulière, même si son interdiction n’est pas appliquée avec la plus grande sévérité, elle reste bien difficile, face aux privilèges des corporations parisiennes et des droits des manufactures royales.

De nouveaux propriétaires prirent le relais. Au H, on substitua le B. La Gazette de France du 2 février 1778 relais cette information.

Mais là encore, ce ne fut pas si long. Pas simple d’être entrepreneur, même en détenant des secrets permettant d’imiter la porcelaine de Chine, si prisée.

 

Les Annonces, affiches et avis divers du 28 décembre 1779 publient la note suivante « A VENDRE, le 7 janvier 1780 et jours suivants, rue Saint Honoré, hôtel d’Aligre, fonds de la manufacture de porcelaine du faubourg Saint-Denis, n° 25, savoir : Assiettes, beurriers, bateaux, bols à punch, brocs, cafetières, casseroles, chocolatières, coquetiers, compotiers, confituriers, corbeilles, cuvettes, écuelles, écritoires, glacières, marmites à jus, moutardiers, plats, pots à sucre, à lait, à eau et à jus, porte-huiliers , saucières, salières, saladiers, soupières, seaux, sucriers, tasses, soucoupes, vases à oignons, grands vases d’encoignures, ornés de bronzes dorés, théières, verrières, groupes, figures, veilleuses, cabarets, déjeuners et plateaux; le tout tant blanc que peint et doré. »

 

A cette époque, une autre manufacture venait d’ouvrir ! Toujours dans la rue du Faubourg Saint Honoré, au numéro 5. Celle-ci fut patronnée par le comte d’Artois, frère de Louis XVI.

 

Sources bibliographiques :

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