Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires d'immeubles

L’orientation de la façade du théâtre de l’Opéra Comique

L’orientation de la façade du théâtre de l’Opéra Comique tourne le dos bizarrement au boulevard des italiens.

Les amateurs de chant lyrique, tout comme les connaisseurs du quartier de Richelieu Drouot sont déjà passés devant la magnifique salle Favart. Cette grande salle, dépendance de l’Opéra, est le siège de l’Opéra Comique.

Pourtant, un aspect peut surprendre. En effet, le bâtiment dispose d’une façade grandiose, mettant en avant les différentes caractéristiques de cet art : la musique, la danse, la poésie… Cette salle donne sur une petite place et tourne le dos à une grande artère : le boulevard des Italiens.

Ce dernier point étonne, car logiquement, la façade aurait du donner sur un axe qui porte d’ailleurs son nom. En effet, l’Opéra Comique fut longtemps appelée aussi le théâtre des italiens.

Edouard Fournier, dans ses énigmes des rues de Paris, nous conte cette histoire.

Le caprice des comédiens italiens

En 1782, on se résolut à faire partir les comédiens italiens de leur salle de l’Hôtel de Bourgogne. Suivant les intrigues d’un banquier, Laborde, on retint pour les loger un terrain situé sur le jardin de l’hôtel de Choiseul.

Dans son premier projet, l’architecte Heurtier proposa de bâtir le théâtre, en reculé afin de permettre d’installer un grand dégagement entre le théâtre et le boulevard. Dans son esprit, cela aurait apporté une belle perspective.

Cependant les comédiens italiens ne l’entendirent pas de cette oreille. En effet, très fiers de leurs titres de comédiens du roi, ils expliquèrent que ce projet les confondrait avec les comédiens du boulevard du Temple.

L’architecte dut se démener pour sauver son projet. Tout d’un coup, il proposa de changer la position, en faisant faire tourner le théâtre, le dos  au boulevard. Ainsi, il fut construit.

Ironie de la situation

Bien sûr, la situation avait une certaine ironie. Dulaure écrivit :

« Dés le premier coup d’œil on reconnait très bien

Que le nouveau théâtre est tout italien,

Car il est disposé d’une telle manière,

Qu’on lui fait au passant présenter le derrière. »

Au cours du XIXe siècle, le théâtre de l’Opéra Comique fut reconstruit plusieurs fois, à la suite notamment d’incendies. Toutefois, on ne pensa pas rétablir la situation étonnante de son orientation tournant le dos au boulevard

Sources bibliographiques

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