Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de Seine

La vie autour des bateaux-lavoirs

La vie autour des bateaux-lavoirs : très animée avec de quoi agrémenter la lessive… tout en dansant aussi !

 

Dans les bateaux-lavoirs, venaient des gens très modestes. Vivants pour la plupart dans le centre de Paris, ils n’avaient pas accès à l’eau courante. Aussi, le meilleur moyen de réaliser la corvée de linge, c’était de se rendre sur la Seine, à bord des bateaux-lavoirs.

Ainsi que nous allons le voir en nous appuyant sur le Monde Illustré du 30 décembre 1899, il y avait une forte animation dans ces lavoirs, avec de nombreuses personnes qui tournaient autour.

 

Les métiers tournant autour des bateaux-lavoirs

Au-delà du personnel du bateau-lavoir et des lavandières, on était nombreux à venir auprès de ces établissements.

« Une foule d’industries gravitent autour des bateaux-lavoirs qui sont d’un rendement plus sérieux qu’on ne pourrait le supposer.

 

C’est d’abord, le matin, la marchande de café au lait qui arrive avec son petit matériel et vend son bol deux sous. Il y en a qui varient et vous offrent au choix du café noir, du chocolat ou de la soupe.

 

Vers dix heures, on voit arriver la marchande de gâteaux qui fait, croyez-le, de très bonnes affaires ; puis défilent successivement le marchand de journaux, pour les romans, la marchande de fil, aiguilles, dés, étuis, ciseaux, etc. Vers onze heures ce sont les marchands des rues au panier qui prévoyant les difficultés que les ménagères, lavandières pour leur compte, auront à faire leur marché, viennent leur proposer des légumes, des fruits, du poisson, voire même des poulets et du gibier. Les fatigues du lavoir sont dures et il faut bien se sustenter pour pouvoir les supporter.

 

Une cantine fonctionne par surcroît dans chaque bateau-lavoir. Cette cantine est approvisionnée de vin, de liqueurs ; on y trouve aussi du pain et de la charcuterie. Enfin pour joindre l’agréable à l’utile, les arts d’agrément sont également cultivés. Des chanteurs, bien intentionnés, viennent apprendre aux lavandières les nouveautés de carrefours et il n’est pas rare d’entendre toute la batterie reprendre en chœur le refrain. Puis on achète le morceau pour pouvoir le repasser à son aise et le chanter à la maison sur un ton de vieille complainte. »

 

Au bateau-lavoir, on trouvait donc de quoi se sustenter, mais pas seulement…

 

Danse et musique au bateau-lavoir

« Mais voici venir le musicien ; c’est un vieil habitué du lavoir ; les lavandières sont fidèles à leurs artistes ; certains établissements préfèrent le piston, d’autres comme celui que nous avons visité estiment que les modulations de la clarinette sont plus en harmonie avec les exercices chorégraphiques projetés. Le genre de danse varie peu : ce sont toujours des valses ou des polkas.

La polka est plus suivie, car les valseuses sont moins nombreuses, mais il en est pourtant qui dansent avec une élégance et une légèreté remarquables. Il est à noter que jamais on ne voit exécuter aux lavandières, de ces exercices chorégraphiques qui font la joie et quelquefois le scandale des bals publics.

On voit, d’après ce rapide exposé, que la vie à bord des bateaux-lavoirs n’est pas absolument morose. »

 

Pendant que le linge était maintenu plongé dans la lessive, on pouvait donc bien agrémenter le temps.

 

De très nombreuses personnes qui venaient dans ces établissements

« On estime à plus de cinquante mille le nombre des ménagères ou lavandières de profession qui fréquentent les bateaux-lavoirs. La suppression de ces établissements serait certainement fort préjudiciable à cette intéressante population travailleuse. »

 

Malgré les travaux d’Haussmann, le centre de Paris était très dense. Bien plus dense qu’il ne l’est aujourd’hui. Aussi, ce n’est point étonnant de voir ces chiffres d’habitués des bateaux-lavoirs. Comme on a pu le lire, des ménagères s’y rendaient. Mais elles côtoyaient aussi des lavandières professionnelles, travaillant pour les maisons plus aisées.

 

Sources bibliographiques :

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