Lorsque la Seine atteint les parapets du quai des Grands Augustins
Lorsque la Seine atteint les parapets du quai des Grands Augustins : l’inondation qui touche tout le quartier
Depuis longtemps, le quai des Grands Augustins est celui de la richesse parisienne qui s’affiche au dessus de la Seine, en face de l’île de la Cité.
Cette splendeur connut un moment de grandes difficultés : l’inondation de la crue de 1910.
Le niveau de l’eau qui monte
Depuis le 18 janvier 1910, la Seine est en crue. Et l’eau monte, très vite même. Six jours plus tard, on voit les effets en passant sur le quai des Grands Augustins.
En effet, dans son édition du 25 janvier 1910, le Radical signale une situation bien étrange :
« Le pont des chalands amarrés le long des quais des Grands Augustins est au niveau du parapet »
Quand en marchant dans la rue, on voyait au-dessus de soi les bateaux amarrés le long du quai, on devait se sentir bien bizarre.
Et qui finit par toucher le quai
Le 27 janvier, le journal le Matin annonce une nouvelle inquiétante :
« Et la Seine, impitoyablement, noyant les bureaux de l’Officiel, qui devait chercher d’autres locaux, s’avançait sur le quai des Grands Augustins, dans la rue de Seine, dans la rue Mazarine. »
Aussi, il fallait se méfier également des bouches d’égout, comme le rapporte le Petit Parisien
« Quai des Grands Augustins, à quelques mètres de la place Saint Michel, les bouches d’égout qui avaient été aveuglées avant-hier soir dégorgent dans les rues et c’est un lac qui se forme devant le 25 et s’étend dans la rue Git le Cœur. »
La circulation est alors interdite et on commence à prendre
des précautions pour les immeubles :
« Le quai a dû être barré du pont
Saint Michel au pont neuf.
Partout, dans tous les immeubles des précautions ont été prises pour éviter l’envahissement des eaux. Des barrières en briques et en ciment ont été dressées devant la plupart des portes d’entrée. »
Une crainte d’affaissement qui finit par se réaliser
En dessous du quai des Grands Augustins, passe la ligne de chemin de fer arrivant à la gare d’Orsay. Depuis de nombreux jours, elle est totalement noyée par la Seine, qui après être passée par des infiltrations dans les parois, a finit par prendre directement le chemin des soupiraux
Pour le quai, le risque est un éclatement de la voute du tunnel et un affaissement de la chaussée :
« La compagnie d’Orléans fait charger la voute du chemin de fer de la rue des Grands Augustins au pont Saint Michel, pour éviter les soulèvements. »
Le journaliste poursuit :
« En dépit des précautions prises, on craint pour la nuit un soulèvement de la voûte de la ligne d’Orléans, quai des Grands Augustins. »
Le cataclysme craint se produit le lendemain. Compte rendu par le Petit Parisien du 28 janvier
« Le torrent souterrain, engendré par la crue dans le tunnel de la Compagnie d’Orléans, qui longe les quais de la rive gauche de la Seine jusqu’à la gare d’Orsay, a finit par ébranler l’énorme maçonnerie qui l’endiguait : la voute du tunnel s’est crevassé au quai des Grands Augustins sur une assez grande longueur. Quand les eaux se seront retirées, il faudra dépenser des millions pour remettre en état ce magnifique ouvrage d’art pour l’exécution duquel les ingénieurs avaient dû vaincre des difficultés inouïes. »
L’inondation de tout un quartier
Avec la poursuite de la montée de la Seine, l’envahissement devient total.
Le 28 janvier, le petit Parisien écrit :
« A trente mètres à peine de la place Saint Michel, l’eau baigne le quai des Grands Augustins, dans toute sa largeur. »
Le Matin complète
« Quai des Grands Augustins, l’eau atteint un mètre cinquante de hauteur à certains endroits, et par les rues Gît le Cœur et Séguier, va baigner les maisons de la rue Saint André des Arts, où on élève un mur de protection pour empêcher l’envahissement des travaux du métro et ceux de l’égout en construction rue Danton »
Le lendemain, la situation est pire :
« La rue de la Huchette forme un affluent au fleuve d’eau, qui grossit peu à peu sur la place Saint Michel et s’écoule dans les lacs du quai des Grands Augustins. »
Tout le quartier Saint Michel est sous l’eau. Quelle désolation !
Sources bibliographiques
- Le Radical du 25 janvier 1910
- Le Matin du 27 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 27 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 27 janvier 1910
- Le Petit Parisien du 28 janvier 1910
- Le Matin du 28 janvier 1910