Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

Les lumières extérieures à la Renaissance

Les lumières extérieures à la Renaissance : quelques tentatives avortées sans succès pour éclairer les rues.

 

Avec Edouard Fournier, historien de Paris au XIXe siècle, nous nous intéressons à l’histoire de l’éclairage de Paris la nuit. Comme c’était le cas au Moyen-Age, les rues n’étaient que très peu éclairées à la Renaissance. Et pourtant ce n’était pas les envies qui manquaient entre l’intérêt de faciliter la vie nocturne dans les maisons mais aussi faire face à des périodes d’insécurité.

Toutefois, ces souhaits faisaient face à des résistances aussi fortes : en effet, les chandelles extérieures étaient des risques d’incendies dans une ville si dense et ils représentaient un véritable coût pour les parisiens, pas toujours très riches.

 

Le développement des lumières dans le Paris de la Renaissance

Le Paris médiéval ne connaissait que très peu la lumière dans les rues. Ce n’était pas la pratique d’alors. Les seules et rare lumières qui existaient de manière permanente étaient des ex-voto. Ainsi, à partir du XIVe siècle, il était d’usage que les auteurs de crime faisaient installer sur les lieux de leurs méfaits des lumières souvent dédiées à la Vierge.

Mais aux temps parisiens troublés du Moyen Age, en raison de la guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons succèdent ceux troublés de la Renaissance.

Sous les règnes des fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, les guerres de religion battent leur plein. Cela se traduit, notamment lors de la Ligue, par de nombreux assassinats en pleine ville. Aussi, les rues s’habillent progressivement de ces ex-voto. Attention toutefois à n’imaginer que des faibles lueurs ; les voies restent bien sombres même à proximité.

 

Des lumières qui inspirent des utopistes

Certains penseurs de l’époque s’apperçoivent alors que ces lumières ne font pas qu’attirer la sympathie des cieux. On raconte, histoire relayée par Edouard Fournier dans son traité sur les lanternes de Paris, que le précepteur d’Henri III aurait étudié la nuit, profitant des lueurs d’un de ces ex-voto. Ainsi, Jacques Amyot aurait par la suite mis en avant l’avantage de ces éclairages nocturnes.

« Et quand il sera commandé d’avoir chandelles, par les rues comme on le fait en hiver, en temps suspects de voleries, chacun allumera devant l’image de son patron ; et pour ce qu’il y aura toujours un chandelier perpétuel auprès de la ladite image. »

Par ces quelques lignes, Amyot évoque l’intérêt d’éclairer la nuit, en luttant contre l’insécurité et en attirant l’attention à la protection des saints patrons, élément si important pour ce Paris de la Renaissance.

 

La lumière, possible moyen de lutter contre l’insécurité

Les XVe et XVIe siècles sont des siècles marqués par des fortes tensions. Il arrivait que la ville se retrouve à la merci de soldats venus d’ailleurs censés la protéger. En effet, ces mercenaires, dès lors qu’ils se retrouvaient sans solde, n’hésitaient pas à profiter de l’obscurité pour effectuer des méfaits, tout en menaçant le guet.

Ainsi, il arrivait, lorsque les périodes étaient particulièrement tendues, comme notamment en 1524 et 1526 que les hommes du guet refusent de sortir pour faire leurs patrouilles.

Aussi, pour les rassurer, on proposait souvent d’allumer des feux dans les carrefours et placer des chandelles à l’extérieur des maisons. Mais force était de constater que cela ne suffisait pas à réduire ces attaques.

 

L’obligation de 1558

En tout état de cause, le 26 octobre 1558, la chambre des vacations ordonna qu’à compter de 10 heures du soir, jusqu’à 4 heures du matin, chaque rue devait être éclairée au moyen d’un fallot ardent. Les autorités complétèrent cette injonction par la nécessité de le compléter par d’autre si la rue était grande et qu’un seul ne suffisait pas à l’éclairer.

Sauf que cette décision prit du temps à s’appliquer. En effet, à cette époque, ce n’était pas les autorités royales ou municipales qui prenaient en charge son financement. Aussi, cela reposait sur les capacités des parisiens eux-mêmes de les financer. Aussi, pour les lanterniers qui à raison avaient vu une aubaine dans cette décision, la déception était à la hauteur de la pauvreté de nombreux habitants.

En effet, juste après la décision de 1558, les lanterniers avaient commencé, sur leurs fonds propres, à poser des installations de lanternes, en lieu et place de fallots remplis de poix résine. Ils y avaient été encouragés par une décision du Parlement qui cherchait à faire renforcer l’usage des lanternes dans la ville, sans toutefois y participer à leurs frais.

Faute de financement, les lanternes commandées trop rapidement furent revendues à la hâte.

 

Sources bibliographiques :