Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de chateau

Le Palais de l’Elysée au cœur de la crue de 1910

Le Palais de l’Elysée au cœur de la crue de 1910. A double titre ce bâtiment faisait face à la Seine en furie

 

Au moment de la crue de 1910, la France sous le régime de la Troisième République. A cette époque, l’exécutif est d’abord et avant tout sous la direction du président du Conseil et chef du Gouvernement. Le président de la République est, bien sûr, le chef de l’Etat, mais ne dispose que de pouvoirs limités.

Toutefois, malgré ce contexte politique, le président de la République avait un rôle de représentation très fort. Pour cette raison, le Palais de l’Elysée se trouva à double titre au cœur de l’évènement.

 

La mise en scène de la réaction des pouvoirs publics

En janvier 1910, la situation de la crue était particulièrement périlleuse. Bien sûr, Paris faisait face à cette inondation gigantesque. Cependant, les banlieues étaient ravagées davantage. Les eaux étaient très élevées dans une grande moitié du nord du pays. Le Gouvernement et le pouvoir exécutif dans son ensemble se devait de montrer la prise en charge de la situation si particulière.

La Lanterne du 24 janvier rapporte une réunion qui s’était tenue la veille à l’Elysée :

« En présence d’une telle situation, les ministres, réunis dans la matinée d’hier, a l’Elysée, sous la présidence de M. Fallières, se sont entretenus des inondations qui occasionnent dans tout le pays des dégâts effrayants. »

A la suite de cette déclaration, le président du Conseil fit à son tour une intervention précisant les actions qu’il conduisait au nom de son Gouvernement.

 

Deux jours plus tard, un autre conseil fut tenu à l’Elysée, une nouvelle fois. C’est grâce à la Petite République du 26 janvier que nous pouvons en savoir un peu plus :

« Dans le conseil tenu hier matin à l’Elysée, les ministres se sont principalement occupés des inondations et des mesures à prendre pour remédier au sinistre.

Le président de la République a tout d’abord fait savoir qu’il se proposait de se rendre avec MM. Briand et Millerand dans le courant de l’après – midi sur les points des rives de la Seine les plus menacés par la crue du fleuve. »

 

Les eaux menacent à leur tour le palais

Le Palais de l’Elysée n’était pas non plus à l’abri de la montée des eaux. C’est, en tout état de cause, ce que rapporte le Matin du 29 janvier :

« Une pompe était installée avenue de Marigny pour épuiser l’eau des sous-sols de l’Elysée ».

Le journaliste poursuit : « L’électricité est coupée à l’Elysée : un mètre d’eau dans les cuisines. »

A son tour, le Petit Parisien confirme : « L’Elysée est envahi par l’eau et privés de lumière. »

 

Description de la situation à l’Elysée le 28 janvier

Grâce au numéro du Petit Parisien publié le 29 janvier, nous pouvons mieux saisir la situation :

« Le palais présidentiel n’a pas été épargné. Les eaux d’infiltration ont totalement envahi ses caves, et c’est en vain que deux pompes à vapeur ont essayé, hier, de les épuiser.

Les cuisines sont pleines d’eau, de même que le cellier. Les compteurs de gaz ont cessé de fonctionner dans le palais où d’ailleurs l’électricité s’est éteinte également, vers huit heures du soir. On a dû réquisitionner toutes les lampes à pétrole disponibles. Seuls les communs et le grand vestibule sont encore éclairés au gaz.

Mme Fallières, dont c’était hier la réception hebdomadaire, a dû faire accueil à ses visiteurs à la lueur des bougies… Et c’est à la lueur des bougies que la table présidentielle a été servie… Le diner a dû être préparé, pour M. et Mme Fallières dans la cuisine du commandant militaire du palais de l’Elysée.

Au manque de gaz et d’électricité, s’ajoute le manque de communications téléphoniques. Seul, le fil spécial télégraphique du palais fonctionne encore de façon satisfaisante. »

 

Le lendemain, le journal annonce que les réceptions sont ajournées :

« Ajoutons que le président de la République et Mme Fallières ont décidé de reporter à une date ultérieure la réception qui devait avoir lieu à l’Elysée mercredi prochain 2 février. »

 

Sources bibliographiques :

%d