Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de Seine

Le bateau-lavoir du pont Neuf

Le bateau-lavoir du pont Neuf : vestige d’un Paris disparu, longtemps sur les bords du square du Vert Galant.

 

A proximité du square du Vert Galant, on se précipitait vers les berges. Non pas pour aller se prélasser dans l’espace vert comme d’aucuns apprécient de le faire de nos jours, non pas pour aller faire un tour sur les bateaux mouches qui partent de là ! Mais pour laver son linge. Au passage, avec un tel titre d’article, vous vous doutiez que nous n’évoquerions pas les aventures du singe de Brioché, même si le pont Neuf pourrait servir de lien.

 

Description de ce bateau-lavoir

En guise de souvenir de ce bateau-lavoir qui fut présent pendant de nombreuses décennies en bas du pont Neuf, nous pouvons profiter d’une belle photographie réalisée par Eugène Atget, mais aussi une autre de la part de l’Agence Roll.

Ainsi que le décrivait, à la fin du XIXe siècle, le Monde Illustré, ce bateau était tenu par un gérant y vivant en permanence. Solidement installé à l’entrée, c’est lui qui distribuait aux lavandières les jetons pour disposer de seau d’eau chaude, celui de l’essorage, l’eau de Javel, ainsi que la lessive.

Notre gérant y avait son appartement, avec sa salle à manger derrière son bureau, ainsi que la cuisine. Ces pièces étaient ouvertes pour des visites… moins que la chambre à coucher situé au fond.

Après être passées devant le gérant, les lavandières s’avançaient dans une pièce basse de plafond. Elles y trouvaient leur place, probablement pas très à leur aise, le tout dans une ambiance peu lumineuse et bien sûr, bien humide.

 

Un des derniers bateaux-lavoirs de Paris

Dans les années 1920, le bateau-lavoir du pont Neuf faisait parti des tous derniers de Paris. Cette installation accueillait encore des lavandières et des ménagères des environs. Mais la concurrence apportée par la blanchisserie devenait de plus en plus forte.

Et il faut faire face aussi aux velléités de contrôles et de taxe de l’administration fluviale. Mais sur ce plan, les tenanciers des bateaux-lavoirs étaient habitués, eux qui s’étaient organisés depuis longtemps en chambre syndicale et qui savaient faire émouvoir les journaux.

 

Un bateau-lavoir toujours présent lors de la Seconde Guerre mondiale

Nous avons retrouvé une trace de notre bateau-lavoir dans un journal de 1941. Mais l’affrontement avec l’administration est toujours très actif : on reproche à notre installation de faire figure d’obstacle à la navigation.

Toutefois, autant ce motif semblait légitime dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque l’activité portuaire à Paris était à son apogée, cela semble déjà bien anachronique dans les années 1940. Les ports ont depuis longtemps été relégués dans la banlieue ; l’approvisionnement par voie terrestre (automobile, chemin de fer) est devenu si puissant.
Toujours est-il que l’usage des bateaux-lavoirs semblait déjà appartenir au passé ! Il ne survécut pas au développement des machines à laver et autres lavoirs automatiques.

 

Sources bibliographiques :

 

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