Le collège d’Harcourt
Le collège d’Harcourt, institution prestigieuse de l’Université, accueillit et forma des étudiants normands jusqu’à la Révolution.
Situé sur le territoire de Saint Hilaire, le collège d’Harcourt se trouvait derrière la rue de la Harpe, non loin de Saint Etienne du mont. Son histoire s’étala du XIIIe siècle à la Révolution. Il fut ensuite remplacé par le Lycée Saint Louis actuel.
Un collège normand
C’est en 1280 que d’après Lebeuf, l’histoire du collège démarra. La fondation des lieux est fortement liée à la Normandie. C’est en effet dans cette région que le collège y tenait ses assemblées, recrutait ses proviseurs et régisseurs.
En effet, à cette époque, une des quatre facultés de l’Université, celle des arts, étaient organisée autour de quatre nations : France, Angleterre, Saint Empire et Normandie.
Ces quatre nations se chargeaient de l’accueil à Paris des écoliers. Ainsi, la Normandie avait en charge les étudiants venus des diocèses normands (Rouen, Avranches, Bayeux, Lisieux, Coutances, Evreux et Séez). De ce fait, elle prit la tutelle de plusieurs collèges parisiens : Harcourt, Trésorier, Lisieux, Justice, Séez, Maître Gervais et du Plessis.
La fondation par les frères d’Harcourt au tournant des XIIIe et XIVe siècles pour héberger des étudiants
Afin de « venir en aide aux pauvres écoliers de l’Université de Paris », Raoul d’Harcourt fonda l’établissement en 1280. Diplômé de l’Université parisienne et originaire de Normandie, il avait constaté lors de ses études la difficulté des étudiants à se loger. Pour commencer, le prélat acheta plusieurs maisons rue de la Harpe, non loin de la place de la Sorbonne.
Son frère, Robert, reprit sa suite, à sa mort en 1307. Celui-ci compléta les bâtiments du collège et conforta l’autonomie financière des lieux.
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Le développement financier du collège d’Harcourt au XIVe siècle
Après la mort du second fondateur, le collège est dirigé par un proviseur désigné par les boursiers. Progressivement, le nombre d’étudiants détenant des bourses augmenta. A cette époque, les cours étaient donnés rue du Fouarre. Les écoliers étaient hébergés dans le collège d’Harcourt. Sur le chemin entre l’institution et les cours, les leçons étaient répétées.
La direction du collège profita alors de la proximité du roi de France. En effet, son proviseur Jean Boutin, entre 1380 et 1385, était également médecin de Charles VI. Cette situation donna des avantages financiers au collège.
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Un collège au cœur de la réforme de l’Université au XVe siècle
L’institution est alors dirigée par des diplomates de haut niveau. Jouant les intermédiaires entre le roi de France et le pape, ils permirent la réhabilitation de l’Université, notamment dans le traitement de Jeanne d’Arc. Après la victoire de Charles VII sur les anglais, il fallait faire oublier les choix passé. A cette occasion, le collège d’Harcourt se plaça en bonne position. Il put alors être force de proposition dans la réforme de l’Université d’alors et gagner en richesse et nombre d’élèves.
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Le passage au collège de plein exercice au XVIe siècle
Ce siècle marque alors un grand changement pour le collège d’Harcourt. Il lui est alors permit de donner des cours tout seul, sans passer par la rue du Fouarre.
Cependant, cette période se caractérise par un détournement du système. Les proviseurs installent alors une logique de spéculation. Grâce au louage, les responsables de cours, appelés les principaux, peuvent alors louer les installations et bénéficier de complément de revenu.
A la fin du siècle, les proviseurs sont totalement absents des lieux. Proches des évêques normands, ils suivent que de très loin les activités du collège. Cette situation facilite l’entrainement des étudiants dans les tumultes des guerres de religion et de la Ligue, contre le roi.
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Relance du collège au XVIIe siècle
Le XVIIe siècle est marqué tout d’abord par une reprise en main de l’établissement. Il faut alors remettre en ordre ces décennies de lutte et d’absence de gestion. Dans ce contexte, les postes à louage sont supprimés. Cela ne se fit pas sans lutte avec les étudiants. En effet, ces derniers voyaient d’un mauvais œil les nouvelles rigueurs. La situation antérieure leur allait bien finalement.
A partir des années 1630, le collège grandit à nouveau. Il rachète des maisons voisines et profite des terrains libérés par les fossés de l’ancienne muraille. Des travaux s’ouvrent. En effet, le temps est à la réfection du bâtiment principal. Sur la rue de la Harpe, on élance une belle façade style Louis XIV.
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Un collège d’Harcourt ouvre son enseignement au XVIIIe siècle
Au XVIIe siècle, le collège d’Harcourt avait renoué avec un faste budgétaire. Aussi, les étudiants reprirent des habitudes sur ce domaine. Ainsi, le début du XVIIIe fut à nouveau marqué par des luttes entre la direction de l’établissement et ses pensionnaires. Il fallut compter avec une intervention extérieure pour reprendre le contrôle. En effet, Louis XIV envoya des visiteurs en 1703 et en 1707.
Cette période est également celle de la volonté d’émancipation de la direction du collège face à l’autorité de la nation normande d’une part et du recteur de l’Université d’autre part. Il fallut attendre le changement de proviseur en 1713 pour que l’ordre revienne.
Au cours de ce siècle, les classes de philosophie ouvrent leur champ d’action. Aristote qui était à l’honneur depuis le Moyen Age se voit complété par Descartes.
Enfin, par ailleurs, le Collège d’Harcourt participe à partir de 1747 au Concours général, récompensant les meilleurs étudiants
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La fin du collège d’Harcourt, marquée d’abord par une volonté de la force publique de prendre le contrôle de l’enseignement et l’élan révolutionnaire
Avant la Révolution, la seconde partie du XVIIIe siècle se caractérise par la volonté de l’autorité royale de prendre la main sur l’enseignement. Bien sûr, l’Université résiste.
En effet, le Parlement fit organiser un concours d’agrégation dans les années 1760. Il s’agit alors d’intervenir dans le choix des professeurs des collèges. Bien évidemment l’Université et les collèges voyaient ces interventions d’un très mauvais œil.
L’aventure de collège multi centenaire prit fin à la Révolution. En effet, en 1793, Robespierre fit proclamer la liberté de l’enseignement. Les chaires de l’Universités sont fermées et les biens des collèges mis en vente.
Les bâtiments servirent ensuite de prison et de caserne. Il fallut attendre 1812 pour que l’enseignement reprenne ses quartiers dans ces lieux. C’est alors la naissance du lycée Saint Louis.
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Le collège prit dans les différents épisodes de son temps
La guerre de 100 ans
Pour commencer, revenons au XIVe siècle. Le collège d’Harcourt doit alors affronter les affres de la guerre de 100 ans. Comme le reste de l’Université, le collège se retrouva pris à partie dans la guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons. Proches de ces derniers, comme beaucoup de parisiens, les étudiants d’Harcourt participèrent à une émeute contre le prévôt de Paris en 1413.
Ensuite, lorsque Paris fut sous occupation des anglais, le collège dut lutter pour sa survie. En effet, les étudiants avaient fuit la ville. Tout bâtiment vide risquait la confiscation. Cependant, l’origine normande du collège fut toutefois un gage de survie.
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Les guerres de religion
Au XVIe siècle, le collège d’Harcourt est pris par les guerres de religion. Tout d’abord, à chaque crise, l’Université se vidait. Les étudiants fuyaient la ville et ses tumultes. Bien sûr, le massacre de la Saint Barthélémy fut un point d’orgue de cette situation. A la fin du XVIe siècle, les proviseurs du collège d’Harcourt se joignent aux ligueurs contre Henri IV. Ils furent démis après l’entrée victorieuse du roi Bourbon à Paris.
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Retour sur les moments de la vie quotidienne du collège d’Harcourt
Au XVIIe siècle, la vie quotidienne connut un grand faste. Logeant dans un bâtiment de 3 étages, les étudiants profitaient de salles de classe au rez-de-chaussée et des chambres dans l’ensemble du collège. La cuisine disposait de son propre four à pain et à rôti. Du vin de Bourgogne était servi à table.
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Au XVIIIe siècle, les journées de cours s’étalaient entre un lever à 6 heures du matin et un coucher à 21 heures le soir. Elles s’articulaient autour de leçons pour répéter les cours et de classes pour des nouveaux enseignements. Bien sûr, quelques plages étaient réservées pour les prières et les récréations.
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Sources bibliographiques :
- Lebeuf, Jean. Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris. T2 1893.
- Bouquet, Henri-Louis (évêque de Mende). L’Ancien collège d’Harcourt et le lycée Saint-Louis. 1891.