Histoires de Paris

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Histoires au détour d'une rue

Sauvetages dans la rue Félicien David inondée par la crue de 1910

Sauvetages dans la rue Félicien David inondée par la crue de 1910 : le premier quartier touché par la Seine !

Située dans le quartier d’Auteuil dans le XVIe arrondissement, entre les ponts de Grenelle et Mirabeau, la rue Félicien David est une des plus basses de Paris.

Cette situation fit que la rue fut la première inondée lors de la grande crue centennale de 1910. Il fallut organiser rapidement un sauvetage, quelques jours après le début de la crue.

En effet, après les très fortes pluies de la mi-janvier 1910, la Seine commence à monter très rapidement. Les premières inondations sont constatées en amont de Paris dés le 18 janvier. Le lendemain la cote d’alerte est atteinte à Paris.

La première rue de Paris sous l’eau

Dans son édition du 23 janvier 1910, la Lanterne revient sur la situation de la rue : « A Auteuil, la rue Félicien David se trouve en contrebas, à 150 mètres du fleuve ». Aussi dés le 22 janvier, l’eau y fait son apparition : « Elle est envahie par l’eau, qui y effleure les trottoirs, mais ne pénètre pas dans les maisons. La circulation est interrompue. »

Le lendemain au petit matin, la situation a empiré, comme le signale le Petit Parisien du 23 janvier :

« La rue Félicien David, à Auteuil, présente l’aspect d’un canal vénitien. Les eaux qui ont envahi la partie centrale viennent battre le pied des petites maisons qui la bordent et se répandre dans les jardins.

L’illusion est rendue plus complète encore par des barques qui vont, viennent et permettent aux habitants d’entrer et sortir de leur demeure. »

L’organisation rapide des premiers secours

Le journaliste du Petit journal poursuit :

« Ces bateaux, ainsi que des tombereaux de la Ville dont les chevaux entrent dans l’eau jusqu’au poitrail, servent en outre au déménagement hâtif des meubles et de la literie que leurs propriétaires vont mettre en lieu sûr.

L’eau est déjà dans les caves et les pièces du rez-de-chaussée. Si une nouvelle hausse se produit cette nuit, elle gagnera le premier étage des maisons. Aussi ne l’attend-on point et s’empresse-t-on de trouver asile dans les immeubles voisins qui, par leur situation, sont inaccessibles au flot envahisseur et où l’on ne risquera pas de périr noyé.

L’entrée de certaines maisons est absolument inaccessible. Aussi, leurs propriétaires – c’est le cas, chez M. Clavier – sont forcés de sortir par la toiture.

Ailleurs, une vieille femme paralytique, dont le lit était battu par l’eau, a dû être sortie par la fenêtre de sa chambre et placée sur un canot, qui l’a conduite dans une rue proche.

Près de là, les chantiers d’un entrepôt de coke sont entièrement submergés. Il a fallu, en tout hâte, sauver les chevaux dans l’écurie desquels on va maintenant en barque. »

Une inondation qui commence à s’étaler dans les rues voisines

« Dans la rue Félicien-David, l’inondation a gagné la rue Gros et la rue des Pâtures. Cette dernière est une petite rue transversale, où ne s’élèvent que des maisons ouvrières.

Ici, le spectacle est lamentable. La crue est venue si subitement que les locataires des rez-de-chaussée, qui, hier, s’étaient couchés dans la plus parfaite quiétude, ont trouvé ce matin, en se réveillant, de l’eau dans leurs chambres.

Pour leur permettre de sortir de chez eux, il a fallu construire des passerelles avec des planches et des madriers. Depuis, les premières heures du jour, les pauvres gens, qui sont absolument consternés, s’emploient à sauver le plus qu’ils peuvent de leurs affaires.

Ils les transportent chez des voisins compatissants, qui, cette nuit, leur donneront l’hospitalité.

Hommes, femmes, enfants, les bras chargés de meubles légers, de pièces de literie, vont inlassablement sur les passerelles fragiles pour soustraire au fléau tout ce qu’ils ont de plus précieux chez eux.

Le nombre des ménages qui ont dû abandonner leurs logements est de quarante cinq.

M. Bouteiller, commissaire du quartier, a procédé dans la soirée à la distribution des secours, mis à sa disposition par le préfet de police. »

Poursuite des opérations de sauvetage sur dans un quartier toujours plus inondé

Bien sûr, la crue de la Seine était loin d’être terminée. Aussi, l’eau continuait à monter, inondant toujours les alentours.

Ainsi, le 25 janvier 1910, le Radical écrit :

« Tout le quartier d’Auteuil, depuis le viaduc jusqu’à la rue Gros est inondé : les rues Théophile Gautier, Félicien David, des Pâtures, Narcisse Diaz, sont autant de canaux. »

Le lendemain, la Lanterne poursuit :

« M. Bouteiller, commissaire de police, a fait évacuer, hier soir, et pendant une partie de la nuit tous les immeubles de la rue Félicien David. On compte à l’heure présente 130 familles, composées de 400 personnes environ, qui sont sans abri. La plupart d’entre elles sont doublement atteintes par le chômage et l’inondation, car leurs chefs étaient employés comme débardeurs ou auxiliaires de la Compagnie des Bateaux parisiens.

Dimanche, rue Félicien David, une barque contenant huit personnes, qui étaient en train de déménager, a chaviré. Il y avait à ce moment 1m.20 d’eau sur la chaussée. »

Affaire à suivre ! Les riverains se retrouvaient sans maison !

Sources bibliographiques :

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