Histoires de Paris

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Histoires de tour

Les statues de la Tour Saint Jacques

Les statues de la Tour Saint Jacques représentent ce saint patron ainsi que les emblèmes des quatre évangiles

 

Voulant reprendre la tradition antérieure à la Révolution, Théodore Ballu lors de la restauration de la Tour Saint Jacques entre 1853 et 1854, fit réinstaller de nombreuses statues : au sommet bien sûr, mais aussi dans les niches. Des animaux mystiques, des saints ? Qui se cachent derrière ces statues ? Quels sont les symboles recherchés ?

Les statues du sommet

Des animaux mystiques tout autour

A chaque côté de la Tour, se dressent des animaux imaginaires et mystiques, comme on disait au moment de la restauration : l’ange, le lion, le bœuf et l’aigle.

Situés sur le sommet des éperons, ils « regardent avec une majestueuse fixité les quatre points cardinaux du ciel » comme le signale Nicolas Michel Troche dans sa notice sur la tour en 1857.

L’auteur rapporte alors que l’église Saint Jacques la Boucherie était parfaitement alignée dans la direction ouest – est. De ce fait, les angles de la tour, son clocher, reprenait la position des points cardinaux. Avec une vue satellite, on perçoit qu’il y a tout de même un décalage dans les orientations. Toutefois, on peut s’apercevoir que les quatre animaux sont placés globalement chacun dans une direction des points cardinaux.

En fait, ces quatre statues reprennent les attributs des quatre évangélistes. Ils représentent donc la parole divine.

Cette symbolique reprend en effet la prophétie d’Ezéchiel annonçant les quatre animaux mystiques, emblèmes des vents, des quatre points cardinaux, des quatre forces de la nature. A noter que ces figures deviennent, également, dans l’Apocalypse de saint Jean, les quatre angles du trône de Dieu.

La statue de Saint Jacques, au dessus !

Dominant l’ensemble, la statue de Saint Jacques se place sur le côté nord ouest de la Tour Saint Jacques. Ainsi, lorsqu’on regardait la façade principale de l’église, on pouvait la voir de face.

Lors de la restauration, on plaça, juste en dessous de la statue de Saint Jacques, un ange . Pour Nicolas Troche, la Tour Saint Jacques n’avait pas d’ange à son sommet. En effet, dans son ouvrage de référence sur l’histoire de Saint Jacques la Boucherie, Villain parle uniquement de la statue du saint patron et des animaux sur les trois autres côtés. De son côté, lors de la restauration, on décela au pied de la base de la statue de Saint Jacques, les vestiges géométriques du socle, « qui aurait du porter cet ange ».

Une autre explication fut donnée par Théodore Ballu, le restaurateur à ce socle. Pour lui, les constructeurs ont eu un temps le projet de dresser une flèche au dessus de la tour.

Aujourd’hui, c’est un aigle qui est placé sous le Saint Jacques

Dans la tradition, la statue de Saint Jacques aurait pu être placée au centre de l’édifice. Cependant, on fit le choix de la placer du côté Nord Ouest, lui donnant en quelque sorte l’attribut de l’évangéliste saint Matthieu. Dans ce cadre, la présence de l’ange n’était plus obligatoire, pour Nicolas Troche.

En tout état de cause, la statue originelle de Saint Jacques fut précipitée par terre en 1793. Ce fut le cas aussi des animaux mystiques.

Les modèles de Jean Louis Chenillon

Pour la réalisation de ces grandes statues, Théodore Ballu fit confiance au sculpteur Jean Louis Chenillon.

Pour la statue du Saint Jacques, M. Chenillon reprit les attributs du pèlerin. Il se serait inspiré d’une vignette de 1677, en en tête d’un état des possessions de l’église Saint Jacques la Boucherie alors.

Pour les animaux mystiques, Chenillon reprit des images des originaux. Comme l’ange n’existait pas, il s’inspira d’un enfant agenouillé, joignant les mains.

Les statues des niches

Sur toute la hauteur de la Tour Saint Jacques, de nombreuses niches furent prévues lors de la construction de la Tour. Comme la plupart des cas, elles étaient destinées à héberger des statues de saints.

Lors de la restauration de la Tour, Théodore Ballu fit appel à de nombreux sculpteurs, pour occuper de nouveaux ces niches. On choisit alors des saints, parmi les patrons des différentes chapelles de l’ancienne Saint Jacques la Boucherie, ainsi que ceux des confréries des métiers de Paris.

Statue Sculpteur pour la restauration
Saint Louis M. Dantan aîné
Sainte Geneviève M. Gruyère
Sainte Catherine M. Bonnassieux
Saint Paul M. Chambard
Saint Jean l’Évangéliste M. Diebolt
Sainte Marguerite M. Villain
Saint Jean-Baptiste M. Cordier
Sainte Madeleine M. Girard
Saint Quentin M. Taluet
Saint Michel M. Froget
Saint Clément M. Calmels
Saint Laurent M. Perraud
Saint Georges M. Protat
Saint Roch M. Desprez
Saint Léonard aux Pèlerins M. Duseigneur
Saint Jacques le Mineur M. Arnaud
Saint Pierre M. Courtet
Saint Augustin M. Loison
Saint Christophe M. Pascal

Pour ces 19 statues, on retint de la pierre de Conflans, avec à chaque fois la même taille : 2,5 mètres.

En complément de ces statues, Théodore Ballu demanda à M. Cavelier de réaliser une statue de Blaise Pascal. Placée au rez-de-chaussée, elle visait à rappeler une expérience du savant sur la pesanteur.

Sources bibliographiques :