Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les tanneurs

Les tanneurs, au cœur du travail du cuir qui travailla d’abord à la mode de Cordoue, puis ensuite de Hongrie.

 

Une profession avec son propre seigneur

Au XIIe siècle, le travail du cuir faisait l’objet d’un fief ! En effet, une femme en avait la suzeraineté : Thécia, femme de Yves Lacohe. C’était elle qui à l’époque que versaient des droits les tanneurs, baudroyeurs, mégissiers, boursiers… De ce fait, ils n’étaient pas soumis à la justice du prévôt.

 

Cette concession fut confirmée en 1277 par Philippe III. En effet, en 1287, les droits sont alors donnés à Marie.

René de Lespinasse, historien des métiers parisiens estime que ce système fut maintenu jusqu’en 1405. En effet, il mentionne à cette date un contrat de vente de ces métiers au roi. Le dernier titulaire de cette seigneurie, Pierre Marescot, cède alors ses droits et les tanneurs entrèrent dans la même situation des corporations parisiennes.

 

L’érection d’une communauté contrôlée par le Châtelet au XIVe siècle

Les tanneurs étaient installés dans les faubourgs de la ville : Sainte Geneviève, Saint Marcel… Dans Paris, il y avait 2 tanneurs en 1292.

En 1345, Philippe VI publia des règlements pour plusieurs métiers du cuir : tanneurs, baudroyeurs, corroyeurs, cordonniers et sueurs.  Dans ces statuts, pour pouvoir employer des ouvriers, les tanneurs devaient être installés dans la ville. Pour être maître, cinq ans d’apprentissage, le serment de respecter les statuts et le paiement du métier au roi et aux jurés étaient tous requis.

 

Quatre jurés visitaient les cuirs tannés ; ils devaient même les marquer. Ainsi, un cuir tanné mais non marqué ne devait pas être vendu ; son vendeur passible d’une grande amende.

Enfin, les cuirs tannés étaient vendus dans les foires ou aux Halles.

Une fois sortis des bains, les cuirs verts étaient nettoyés du tan. Ils devaient être présentés mouillés aux jurés. S’ils étaient devenus secs et impossible à réparer, ils devaient être détruits. A noter que si les bouchers mouillaient leurs cuirs, leur valeur diminuait de moitié. 

 

En 1467, les tanneurs forment une milice avec les corroyeurs et les baudroyeurs. 

La confrérie des tanneurs était dédiée à Saint Gervais et Saint Protais, dans l’église qui portait le même nom. 

 

La mode de Hongrie et la nouvelle façon de faire du cuir

Le XVIIe siècle est un tournant dans le tannage des cuirs. La mode du cuir façon de Hongrie était installée. Aussi, on autorisa les tanneurs en 1640 à utiliser des sels de morue. Ce procédé fut confié à M. Bonnet à la condition qu’ils établissent des nouvelles maîtrises de tanneurs. 

Une communauté nouvelle émergea alors avec douze maîtres. On lui donna même des statuts en  1680, autorisant toutefois la venue des anciens tanneurs. 

Les offices des jurés coûtèrent à la profession 8 000 livres. Celle des inspecteurs des jurés coûta elle 15 000 livres en 1745. 

 

Sources bibliographiques

 

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