Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

La rue de la Juiverie

La rue de la Juiverie, l’une des rues les plus passantes de l’île de la Cité, dans l’axe Nord Sud de Paris.

 

Avec la rue du Marché Palu et la rue de la Lanterne, elle formait l’axe occupé aujourd’hui par la rue de la Cité, reliant le petit pont au sud, au pont Notre Dame, au nord. Dans l’axe cardo maximus de la vieille ville, cette rue devait donc être très passante dés son origine.

 

Le souvenir du quartier juif autour de l’an mil

Elle portait le nom des juifs qui devaient vivre là, jusqu’à leur expulsion en 1182, sur décision de Philippe Auguste. Leur synagogue fut alors reprise et transformée en égalise : Sainte Marie Madeleine de la Cité.

Avec le temps et des constructions pas toujours maîtrisée, la rue de la Juiverie du être remaniée en 1507. En effet, sur décision du Parlement de Paris, elle fut alors élargie de 18 pieds à 20 pieds. Toutefois, l’alignement des bâtiments se fut réellement faite qu’au XIXe siècle, sous le règne de Louis Philippe.

En particulier, le portail de l’église Sainte Marie Madeleine ne fut pas retouché. Il fixait d’ailleurs le repère d’alignement jusqu’à la Révolution.

 

Le quartier des boulangers et du marché au pain

Au XIIe siècle, la rue disposait d’une halle au blé et plusieurs fours, comme l’atteste un écrit de 1262.  Ainsi, en 1299, la rue comptait 24 boulangers parmi les 36 contribuables qu’elle comptait alors. Ces blatiers et boulangers ne quittèrent les lieux qu’au cours du XVIe siècle.

La  halle au blé appartenait d’abord au roi. Elle fut ensuite donnée par Philippe Auguste en 1217 à son échanson Renaud Larcher. Le roi conserva, toutefois, le marché qu’elle contenait. Par la suite les héritiers de l’échanson la vendirent à un chanoine parisien, Philippe Convert, proche du roi Philippe le long, en 1316.

Dans ce marché, on conduisait au XVe siècle, le blé et la farine entrés dans Paris par les portes Saint Jacques, Saint Michel, Bordelle, Saint Germain et Saint Victor, soit celles de la rive gauche de la Paris.

Cependant au XVIe siècle, elle cessa d’être un marché, et fut reprise par un plombier. Ensuite, sous Henri IV, le lieu fut repris par un imprimeur qui y installa son enseigne : le Pot cassé. Le bâtiment fut enfin découpé en 1628.

De son côté, le prieuré Saint Martin avait dans cette rue un four dés 1119.

 

Les vieilles maisons de la rue de la Juiverie

 Grâce aux recherches d’Adolphe Berty, voici le souvenir des maisons qui se tenaient dans la rue de la Juiverie. Elles sont présentées ici par leur nom, en les répartissant suivant leur paroisse de rattachement.

 

Côté Ouest

Côté Est

Rue du Marché Palu, près du petit pont

Paroisse de Saint Germain le Vieux :

  • Image Saint Pierre (1455 – 1539)
  • Chausse de Flandres (1450)  Ange (1547 – 1587) Image Saint Michel (1600 – 1636),
  • Image Sainte Catherine (1503 – 1600), louée par le maître de l’Hôpital du Saint Esprit puis donnée à Saint Germain le Vieux
  • Bannière de France (1530 – 1636)

Paroisse Saint Martial :

  • Image Saint Julien (1575 -1600)
  • Quatre fils Hémon (1403 – 1637)
  • Trois chandeliers (1358 – 1390) puis Cheval à louer (1423) et des Sagittaires (1509 – 1630) faisant le coin avec la ruelle du Four Basset. Elle fut la propriété de la grande confrérie aux Bourgeois, suite au don par Mathilde, veuve d’Etienne Boursier
  • Balances (1343) puis Image Saint Nicolas (1519 – 1637) et roue de Fer (1575 – 1600) de l’autre côté de la ruelle Basset et appartenant à l’église Saint Martial
  • Gant d’or (autour de 1600), partie de la précédente, mais était dans la censive de Sainte Geneviève
  • Maison du Chastel (1369 – 1613) puis Château d’or (1613) aboutissant rue aux fèves. Ici était installé un cabaret évoqué par Rabelais : Castel de la Madeleine et de la Pomme de Pin
  • Pot d’Estaing (1381 – 1639) donnant également rue aux fèves

Paroisse de la Madeleine :

  • Halle au blé de Beauce ou maison du Pot Cassé
  • Cognil Blanc (1468 – 1604) puis des lapins (1630)
  • Fleur de Lys (1423 – 1630)
  • Rose (1354) puis Rose blanche (1600 – 1640)
  • Chapelet (1423) puis la Pomme de pin (1527- 1750)
  • Mulet (1630)
  • Puis deux autres maisons.

 

 

Paroisse Sainte Geneviève des Ardents :

  • Annonciation Notre Dame (1485 – 1750) donnant sur la rue Saint Christophe
  • Tête noir (1404 – 1750)
  • Ecu de France (1444 – 1572). Elle appartenait d’abord aux religieux de Saint Victor. Toutefois, les moines de Saint Martin la récupérèrent la fusionnèrent avec leur four en 1255

Paroisse Saint Germain le Vieux

  • Four Saint Martin (1255 – 1320) puis du dauphin (1422 – 1596) et du dauphin bleu (1646)
  • Image Sainte Marguerite (1502 – 1596)
  • Image Notre Dame (1427 – 1509) donnant sur la ruelle Porte Bûche, avec seulement 7 pieds de largeur sur rue.
  • Housse Gilet (1415 – 1475) puis image Saint Christophe (1528 – 1688)
  • Image Saint Jacques (1415 – 1429) puis image Saint Pierre (1430 – 1636)

Paroisse de la Madeleine : 

  • Clef (1387 – 1475) puis de la croix blanche (1507 -1630).
  • Corne de cerf (1548 – 1700)
  • Maison sans désignation qui devait dépendre de l’image Saint Martin
  • Image Saint Martin (1548 – 1630)
  • Image Notre Dame, sous laquelle passait la ruelle de la Licorne
  • Cheval Blanc (1478 – 1746) puis Madeleine (1506 – 1587)
  • Roi David, puis la Herpe (1418 -1487), puis roi David
  • Maison sans désignation
  • Plat d’étain (1433)
  • Nef d’Argent (1432 – 1636), donnée à l’église de la Madeleine en 1432
  • Maison de Jérusalem (1508 – 1613) aboutissant rue la Licorne
  • Maison qui fut ensuite détruite en 1748 pour permettre l’agrandissement de la Madeleine
  • Eglise de la Madeleine 
  • Echiquier (1363-1609) faisant le coin avec la rue des Marmousets. Elle eut ensuite pour enseigne le Moulin en 1655

Rue de la Lanterne, vers le pont Notre Dame

 

En 1834, la rue fut fusionnée avec ses prolongations tant du côté nord que sud pour former la rue de la Cité. Les maisons ne survécurent pas aux réaménagements de l’île au cours du XIXe siècle.

 

Sources bibliographiques :

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