La rue Villedo
La rue Villedo porte le nom d’une famille de limousins, qui fit fortune dans la construction au XVIIe siècle.
Reliant la rue Sainte Anne avec celle de Richelieu, la rue Villedo est une petite voie à proximité du jardin du Palais Royal, dans le premier arrondissement.
Autant on imagine bien qui était à l’honneur pour les rues Saint Anne, Richelieu, Thérèse, Louis le grand situées dans le quartier, pour quelle raison un certain Villedo se retrouve ainsi en avant dans ce quartier revu au début du règne de Louis XIV ?
Voici une énigme des rues de Paris, que l’historien Edouard Fournier se propose d’interroger !
Michel Villedo, un homme qui fit fortune dans les constructions
Michel Villedo se fit largement connaître au XVIIe siècle, au moment où on construisait ce quartier. Il profita du boom de la construction dans Paris à la fin du règne d’Henri IV et au cours de celui de son fils, Louis XIII.
Étonnant parcours de cet homme qui commença en qualité de petit manœuvre et gâcheur de mortier. Au sommet de sa carrière, il était devenu général des œuvres de maçonnerie et ouvrages de Sa Majesté.
Comme de nombreux jeunes gens du Limousin arrivant à Paris, Michel Villedo travailla auprès des maîtres maçons. Il portait en effet, l’oiseau, cet outil permettant de transporter le mortier à dos d’homme.
Un projet qui ne vit pas le jour : le canal de dérivation des eaux de la Seine
Cet homme se fit repérer par ses idées nouvelles.
Parmi celles-ci, il y eut le projet d’un grand canal entourant Paris, visant à lutter contre les inondations qui frappaient Paris. Ce canal mi-circulaire devait relier le bassin de l’Arsenal à la porte de la Conférence, au bout du jardin des Tuileries. Pour ce projet, Villedo avait attiré l’attention du père Joseph, la fameuse éminence grise du cardinal de Richelieu.
Cependant, le projet n’aboutit pas. En effet, le père Joseph était fortement jalousé par le surintendant des finances, M. de Bullion. Pour ce faire, le ministre laissa Villedo achever ses plans. Les travaux démarrèrent même. Toutefois, sous le prétexte d’un manque d’argent, le chantier fut laissé à l’abandon.
Avec les nombreuses crues de la Seine du début du XVIIe siècle, on envisagea reprendre l’idée de Villedo. Certains proposèrent de creuser le canal de l’Arsenal à Saint Ouen… A cette date, Villedo était à un autre projet.
L’urbanisation de la Butte Saint Roch
En 1639 et 1643, le cardinal de Richelieu faisait agrandir son palais Cardinal. A cette date, on commença à retoucher à la butte Saint Roch, située à proximité, pour donner un voisinage plus respectable. En effet, cette butte, après avoir accueilli les marchés aux pourceaux et au cheval, servait de bidonville.
Une fois la butte un peu aplanie à proximité du palais Cardinal, Villedo fut missionné pour superviser la construction de bâtiments neufs. Pour cette raison, une rue garda la trace de son action dans le quartier.
La poursuite par ses fils profitant du boom des constructions
Les Villedo furent propriétaires de deux maisons dans la rue des Petits Champs, deux autres rues de Richelieu et trois dans la rue Villedo.
La première maison, construite par Michel Villedo, en 1649, était située à proximité de la rue Sainte Anne. A cette époque, même si elle avait été tracée dix ans auparavant, la rue n’avait pas encore de constructions.
Ensuite, ce furent ses fils qui prirent le relais, François et Guillaume. Les deux hommes reprirent le métier de leur père, avec une bonne réussite. En effet, ce sont eux qui devinrent propriétaires des autres maisons évoqués ci-dessus. Ils continuèrent à s’implanter dans ce nouveau quartier, en construction au début du règne de Louis XIV.
On sait ainsi, que François Villedo, associé avec un certain Noblet, était très actif dans le changement de l’urbanisation du quartier. Ils surveillaient en effet la destruction des anciennes constructions pour les remplacer par des plus récentes et plus belles.
Villedo intervint également dans les travaux de construction de la grande colonnade du Louvre, en face de Saint Germain l’Auxerrois. Il fut même présent lors de la cérémonie de pose de la première pierre par le roi. Il lui présenta le marteau, afin que Louis XIV puisse taper sur la pierre, posée sur le mortier.