Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

La butte Saint Roch au Moyen Age : le marché aux pourceaux

La butte Saint Roch au Moyen Age : du marché aux pourceaux et lieu de supplice, aux batailles devant la ville

 

Difficile de s’imaginer que jusqu’au XIXe siècle, une butte s’élevait non loin de l’église Saint Roch, située rue Saint Honoré. Aujourd’hui ce quartier, qui nous semble plat, a été transformé au cours du Second Empire pour le passage de l’avenue de l’Opéra. La rue Sainte Anne, si connue de nos jours, pour ses restaurants japonais, a été à cette époque nivelée et rendue rectiligne.

Edouard Fournier dans son Paris Démoli raconte l’histoire de ce lieu disparu.

 

Les origines de la Butte Saint Roch

Plusieurs hypothèses furent réalisées au XIXe siècle sur la manière dont cette butte s’est formée.

Certains comme Nicolas Delamare la voyaient comme naturelle, de la même manière que Montmartre. D’autres pensèrent qu’elle avait été formée par l’accumulation de « boues et de gravois ». De son côté Fournier proposa une autre solution : elle serait un ancien tumulus gaulois… Qui croire ?

 

Le marché aux Pourceaux

Au XVe siècle la butte Saint Roch s’appelait le Marché aux Pourceaux. En effet, elle était alors humide, avec à sa base des marécages. Les porchers avaient été chassés de Paris quelques décennies auparavant, en 1360. Ainsi, ils avaient trouvé refuge dans cet espace, devant quitter le Champ pourry. Ce dernier correspondait globalement à l’emplacement de la place du Carrousel, entre le Louvre et le Jardin des Tuileries.

 

Les moulins et la vigne

Un peu plus tard, la butte commence à se recouvrir de moulins, comme cela se faisait sur les hauteurs autour de Paris. Toutefois, les pentes étaient encore occupées par les cochons. Le sol était jonché d’ordures, dans lesquelles poussaient difficilement une petite végétation : orties, ronces…

Toutefois, cette situation ne faisait pas reculer quelques vignerons. Ils y avaient quelques arpents de vigne. Fournier rapporte que cette situation se retrouva par la suite dans les noms des rues qui y furent établis sous le règne de Louis XIV : rue des orties, rue du Clos Georgeau…

 

Lieu de supplice

Il arrivait quelque fois que la butte Saint Roch attirait du monde. La foule sortait alors par la porte Saint Honoré. Elle rejoignait ses pentes.

En effet, là, on exécutait les faux monnayeurs. Ainsi, entre deux monticules, on dressait sur un bucher une chaudière remplie d’eau. Puis, on mettait le feu au bucher, en attendant que l’eau ne boue. On pouvait alors y plonger le supplicié.

Fournier rapporte que Sauval avait trouvé dans un des comptes de la prévôté un épisode de cette nature qui s’y était tenue en 1459.

Cependant, certains trouvèrent que le lieu était trop loin du centre de Paris pour pouvoir attirer suffisamment de monde. Aussi, ces condamnations se tinrent ensuite en plein cœur des Halles, comme en 1587.

 

L’attaque de Jeanne d’Arc et lieu stratégique

Quand Jeanne d’Arc vint tenter de prendre Paris aux anglais lors de la guerre de 100 ans, elle arriva par le nord ouest. En effet, son armée passa par la plaine Monceau. La butte servit pour mettre les soldats en protection face à l’artillerie gardant Paris.

De là, plusieurs assauts furent lancés, sans succès. Craignant que les anglais ne sortent de Paris par la porte Saint Denis, les français gardèrent une protection sur le côté nord.

Cependant, Jeanne d’Arc fut blessée devant les murailles, n’ayant pas suffisamment mesurée la profondeur de l’eau les entourant. On dut l’amener ensuite à la Chapelle Saint Denis pour la soigner. Pour cette raison, on plaça plus tard une statue de Jeanne d’Arc, à proximité des Tuileries.

Au XVIe siècle, la butte Saint Roch fut ensuite utilisée à des fins défensives. En effet, sous le règne de François 1er en 1525, on décida d’y placer de l’artillerie. A cette époque, le lieu était moins sale. Quelques maisons s’y dressaient cependant.

Arrivée des faubourgs

Avec les années, les faubourgs progressèrent. La zone commença alors à s’urbaniser. On y installa d’abord deux chapelles : Sainte Suzanne de Gaillon et des Cinq plaies. Les habitants devaient cette dernière à un riche marchand de porcs.

C’est enfin en 1582, qu’on construisit une première église dédiée à Saint Roch. A cette époque, le faubourg restait habité par les marchands de porc, des maraichers, des aubergistes et des cabaretiers, profitant de la position à l’extérieur de la ville.

 

Sources bibliographiques

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